Dans le cadre d’un échange d’étudiantes infirmières entre l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) Croix-Rouge de Toulouse et celui du Croissant Rouge de Tétouan au Maroc, 7 élèves françaises et marocaines de seconde année se sont prêtées à l’expérience entre juin 2009 et février 2010. Retour sur un stage riche d’enseignements et de valeurs.

De 1571 à 2010, le domaine de Marmande aura connu une bien longue histoire. L’ancien domaine agricole - qui accueille aujourd’hui l’Ifsi Croix-Rouge - aura ainsi vu se concrétiser un partenariat novateur : un échange d’élèves infirmières entre la France et le Maroc.

Le 4 février dernier, tous les acteurs de ce projet d’ouverture se trouvaient donc réunis au sein de l’école pour célébrer ensemble le succès de cette initiative conjointe et les perspectives de développement pour l’avenir. A cette occasion, Martine Baurin, formatrice chargée du développement des TIC de l’Ifsi de Croix-Rouge, évoque la genèse du programme : « J’ai effectué un voyage à Tétouan en janvier 2009 pour évaluer ce qu’il était possible de faire en terme de pédagogie et de formation, car c’est là que la première école d’infirmières du Croissant Rouge marocain a été crée à l’occasion du 50e anniversaire du Croissant Rouge, en 2008. Au cours de ma visite, je me suis rendue compte que nos programmes étaient très proches et que les réflexions pédagogiques étaient similaires. De plus, les études étaient en français. Nous avons donc établi signé un partenariat en juin et envoyé nos trois stagiaires dès la semaine suivante, afin de le consolider sans attendre. Il s’agit d’un véritable échange sur les plans culturel, personnel et professionnel. A mon sens, la mutualisation est fondamentale. »

Une analyse partagée par Najima Bencheikh, la directrice pédagogique de l’école de Tétouan : « l’échange apporte beaucoup sur tous les plans, à la fois culturel, formatif et pédagogique. Le but étant de former des infirmières de qualité et de partager les bonnes pratiques. »

Renouvellé cette année, l’échange sera élargi et portera sur trois axes : la formation de formateurs, la formation de tuteurs de stage et le développement d’une plateforme d’e-learning et d'échanges, ainsi qu’un CDI pour l’école de Tétouan. Un projet ambitieux qui a pu être porté grâce au financement de l’Union Européenne, à hauteur d’1,7 million d’euros pour 36 mois. A terme, le programme s’étendra à un échange Sud-Sud, entre le Maroc et le Mali.

Paroles de stage

Dahbia, 38 ans, étudiante française

« Cet échange a vraiment été enrichissant. Les objectifs sont fixés dès le départ mais le but est de s’en fixer également soi-même. J’ai pu passer du service maternité, aux urgences et à la médecine générale. Théoriquement, l’enseignement est similaire mais les pratiques doivent s’adapter aux réalités matérielles. Par exemple, les compresses ou les pinces à pansements sont jetables chez nous. Au Maroc, non. Il faut donc un grand pouvoir d’adaptabilité. Il y a aussi la barrière de la langue qu’il faut gérer. En tout cas, humainement et culturellement, c’était extrêmement enrichissant. On a vraiment été très bien accueillies. Si j’ai l’opportunité de le refaire, je re-signe sans hésiter !

Hafsa, 27 ans, étudiante marocaine

« J’ai effectué un stage d’observation en Centre Médico-Psychologique. La prise en charge du patient est très complète, quelle que soit sa pathologie. Au Maroc, ces centres n’existent pas. L’infirmière y effectue un premier entretien et oriente le patient vers un psychiatre ou un psychologue et aident à faciliter le lien social. Cela permet au patient de rester à domicile. C’est un type de soin nouveau pour moi et très intéressant. L’accueil en France a été très chaleureux, que ce soit de la part des enseignants ou sur le lieu de stage, et je vais rester en contact avec ma vis-à-vis. Au final, intégrer le Croissant Rouge aura été une très bonne chose car dans d’autres structures, il aurait été très difficile de faire un stage tel que celui-ci. »

Laure, 20 ans, étudiante française

« C’était une expérience très enrichissante. J’ai découvert un pays que je ne connaissais pas, une manière de travailler et des structures différentes. En France, le travail est facilité par le matériel jetable, contrairement au Maroc, où tous les instruments sont stérilisés à la machine. On a donc besoin de moins d’adaptabilité. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus économe. Je me suis rendue compte que le matériel avait un coût. Maintenant, je me représente d’abord le soin à effectuer pour ne pas gâcher et c’est, entre autre, grâce à cette expérience. Il ne faut pas abuser de l’opulence. »

Fatima, 25 ans, étudiante marocaine

« Cet échange d’élèves et de techniques a été très positif. J’ai fait mon stage d’observation dans un hôpital public psychiatrique. J’ai pu participer aux soins sous la surveillance d’une infirmière, comme l’administration des traitements, des gastrotomies, des ateliers thérapeutiques, de l’ECT (ndlr : Electro-Convulsivo-Thérapie), etc. J’ai également vu tout le travail d’asepsie, qui est similaire au Maroc, hormis pour le matériel. Pendant la relève, les personnels s’échangent les infos sur chaque patient. Ca demande évidemment une grande patience. Tout a été ‘muy bien !’ »

Koceila BOUHANIK