Ils s’appellent Olivier et Youssef Ils ont 19 et 23 ans. L’un vient des Ardennes où il est bénévole dans une maison de retraite, l’autre de la délégation de Montpellier en service civil volontaire. Ils sont depuis samedi, entre Jérusalem et la Cisjordanie pour une semaine de rencontres soutenue par le programme d’aide psychosocial de la Croix-Rouge française. Suivez leur aventure au jour le jour !

JOUR 1 : DIMANCHE 1ER MARSC’est dans le cadre du programme d’aide psychosocial que mène la Croix-Rouge française avec la Croix-Rouge danoise, islandaise, italienne et palestinienne, qu’Olivier et Youssef ont atterri samedi soir à l’aéroport de Tel Aviv. Au programme, une semaine de rencontres et de partage avec les jeunes adolescents palestiniens et leur familles en Cisjordanie. Mais également des rencontres avec les équipes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Magen David Adom à Jérusalem. Aventure humaine avant tout, exceptionnellement formatrice pour ces deux jeunes adultes français, sur une terre de conflit, mais surtout sur une terre de défense de l’idéal humanitaire d’Henry Dunant. Mais ils ne sont pas seuls car cette mission est effectuée dans le cadre du consortium regroupant autour du Croissant-Rouge palestinien (PRCS), la Croix-Rouge française et les sociétés danoise, islandaise et italienne. Et c’est donc accompagnés de deux jeunes Danois, Italiens et Islandais qu’Olivier et Youssef se lancent dans l’aventure.

Après une arrivée ralentie par de très longues formalités douanières, et une première prise de contact avec leurs confrères européens, la mission a commencé tôt dimanche matin pour les deux jeunes français.

Dans Jérusalem, les bureaux du CICR sont froids et humides car le climat est inhabituellement rigoureux et pluvieux pour la saison. On prévoit même de la neige ! Mais le briefing sécurité commence, sous la direction de la responsable du CICR qui transmet les consignes à la jeune équipe attentive. Puis vient l’heure d’une présentation approfondie de la mission du CICR en Israël et dans les territoires palestiniens. Rappel du droit international humanitaire (DIH), de l’histoire de la région et des derniers événements. L’idéal humanitaire du mouvement Croix-Rouge est bien présent mais sa défense est un engagement de tous les instants. Les conventions de Genève nous autorisent à agir dans la région, nos valeurs de neutralité et d’impartialité guident nos actions. Youssef, qui enseigne le DIH dans les écoles à Montpellier, voit se concrétiser le sens de son engagement.

A l’issue de cette matinée, toute l’équipe est prête à aller enfin sur le terrain. Au programme, traversée de Jérusalem, passage du check point de Ramallah et accueil au siège du PRCS. Dans les véhicules du CICR, les 8 jeunes commencent à partager leurs émotions. C’est leur premier moment fort de vie commune.

Dans le vent et les nuages et sous une pluie battante, l’immeuble du PRCS s’élève entre les maisons palestiniennes. Centre de formation de secouristes, de prise en charge d’enfants, d'handicapés, banque de sang, le bâtiment est aussi un lien d’accueil et de conférence. C’est là que toute l’équipe s’installe pour les deux prochaines nuits.

La première rencontre avec les équipes palestiniennes est émouvante. Les multiples missions de cette société du Croissant-Rouge inspirent le respect. Secourisme, formation, santé, soutien psychologique, aide sociale au quotidien et dans l’urgence, le PRCS ne ménage pas ses engagements.Dans ces conditions de conflit et de tension permanentes, l’implication de tous les volontaires est admirable. La présentation se termine par une visite de l’établissement. Dans une salle de jeu habituellement destinée au soutien psychologique des adolescents, Youssef et Olivier improvisent avec un oud et une darbouka et provoquent l’hilarité générale de leurs nouveaux amis.

L’heure est à la détente avant de dîner. Rendez-vous chez Zaaron, restaurant de Ramallah, où trois taxis emmènent le groupe…. Avec les accompagnants, le groupe total est de 14 personnes ! Le dîner est typique : mezzés, grillades, chants et danses des tables voisines en ce dimanche soir pluvieux.Mais il faut rentrer car, lundi, Olivier, Youssef et leurs confrères ont rendez-vous à 8h à Qalqilia à 40 km au nord de Ramallah. Ce sera la première rencontre avec les adolescents palestiniens et la première journée dans une famille…..

A suivre …

JOUR 2 : LUNDI 2 MARS

Youssef et Olivier, à peine remis de cette première journée qui leur "a semblé aussi longue qu’une semaine entière" comme l’explique Olivier, commencent, ce lundi, un voyage hors du commun. Destination Qalqilia, ville de 48000 habitants située dans la partie nord de la Cisjordanie, le long de la frontière israélienne. L’heure et demi de trajet qui sépare Ramallah de Qalqilia permet à nos jeunes européens de se familiariser avec le paysage rocailleux mêlant une pierre ocre à d’innombrables oliviers, le plus souvent cultivés en terrasse le long des collines. Ces villages se succèdent et les explications du chauffeur leur permettent rapidement de distinguer les villages palestiniens des implantations des colons israéliens. Quelques check-points rythment le trajet. Puis c’est l’arrivée à Qalqilia.

Le maire attend les jeunes ambassadeurs de la Croix-Rouge. Il décrit la situation difficile du district et de la ville, encadrée depuis quatre ans par un mur de 8 mètres de haut empêchant les allées et venues des habitants et les séparant le plus souvent de leur terre cultivable. Pour conclure son accueil, il aura ces mots : "Il est plus difficile de construire un être humain que de bâtir des murs"… Des mots qui résonnent encore dans la tête d’Olivier qui s’est empressé de noter la sage déclaration de l’édile.

Après la mairie et son accueil chaleureux et une visite au pied du mur pour constater la séparation, en route vers le bureau du PRCS local. C’est ici que débute réellement la journée. Les 8 ambassadeurs sont répartis en 3 groupes accompagnés d’un volontaire du PRCS qui fera office de traducteur et d’un team leader. Chaque groupe part à la rencontre d’une famille de la ville soutenue par le PRCS pour y passer la journée. La rencontre s’annonce forte en émotion. Youssef est associé aux deux jeunes islandais alors qu’Olivier accompagne les deux jeunes danois vers sa famille d’accueil. Ces 4 heures seront inoubliables. L’accueil est chaleureux car malgré la difficulté quotidienne et le climat de tension permanente, l’hospitalité reste la règle de vie. Intimidé, Olivier consomme le thé offert en observant le père de famille, son épouse et leurs six enfants. Au delà de la barrière de la langue, c'est l'étonnement commun qui rend la première heure pleine de retenue. Quelques questions échangées sur l'histoire de la famille, les occupations du père qui ne peut plus aller travailler en Israël et les études des enfants et puis vint l'heure de préparer le déjeuner. Les femmes se retrouvent entre elles. Olivier reste avec le jeune homme et commence à sympathiser. On parle de foot ! A table, tout le monde se détend. Bien sur chacun observe avec douceur les coutumes de l'autre. Et chacun s'adapte aussi. Du riz, du poulet du Laban, quelques olives et légumes marinés, un gâteau et bien entendu le rituel café arabe à la cardamome. Olivier se régale et se dit que cette nourriture ressemble bien à celle découverte à Jérusalem ; s'ils mangent la même chose, alors pourquoi se font-ils la guerre ? Après le café, retour au salon pour poursuivre la discussion et dresser le programme du lendemain .

Car déjà, l’heure du départ approche. Olivier propose un foot avec les amis du fils demain après-midi. Tout le monde est d’accord car l’objet de la mission est bien de partager la vie de ces familles en difficulté. Malgré le silence du premier jour et les timidités partagées, l’échange est bien réel. C’est la découverte d’une culture différente, pour ces jeunes hommes et femmes européens mais aussi pour ces familles enfermées.

Les discussions des 8 ambassadeurs dans la voiture en route vers Ramallah traduisent leurs découvertes et leurs émotions. Les pensées des familles doivent en être proches.Youssef a vécu une après-midi similaire à celle d’Olivier. Mais avec un avantage : comme il parle l’arabe, il a pu pleinement profiter de cette rencontre. Il a certainement compris plus de détails sur le quotidien de sa famille d’accueil.Enfin de retour à Ramallah, c’est une ultime rencontre avec le Président du PRCS, qui ce soir offre le dîner, qui permet aux jeunes groupe de poursuivre et surtout de se préparer à la journée suivante.

Au programme de mardi, retour à Qalqilia ; la matinée dans les écoles avec les enfants puis l’après-midi en famille. De vraies retrouvailles en perspectives.

A demain.