Opération Banque scolaire à Nice : l’envers du décor
Publié le 10 septembre 2013
Il y a bien sûr le soleil, toujours ardent. Et puis la mer, bordée par la promenade des anglais, si prisées des touristes. Pourtant, derrière ce décor de carte postale et la dolce vita azuréenne, de nombreuses familles sont concernées par la précarité ou les difficultés matérielles.
Organisée en partenariat avec le magasin Cultura, la collecte de fournitures scolaires s’est déroulée entre le 1er et le 7 septembre dernier. Une action menée par Thameur Debouba, le coordinateur régional Jeunesse de la région PACA et Corse. « La Présidente départementale, Chantal Verhaeghe, a demandé à toutes les unités locales de participer à l’opération. Du coup, nous avons pu disposer de 2 à 4 bénévoles tous les jours en magasin, pour sensibiliser les clients ». C’est sans doute cette implication et la durée de l’opération qui a fait son succès.
A 11h, le samedi matin, 22 cartons emplis de fournitures scolaires étaient inventoriés au siège de la délégation départementale à Saint-Laurent du Var. Cahiers, trousses, feutres, équerres et rapporteurs, protège-cahiers ou cahiers de textes étaient ensuite équitablement répartis entre les 9 unités locales ayant participé à l’opération. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, des villes comme Nice, Cannes ou Grasse ont des besoins en matière d’action sociale. Beaucoup de gens y sont venus en se disant que c’était plus facile. Or, il y a un taux de chômage important et les loyers sont très élevés ; il faut compter environ mille euros pour 65 m2 ici», témoigne Chantal Verhaeghe.
Le temps de la redistribution
Des familles font la queue, à l’ouverture de la distribution. Alexia et ses quatre fils attendent leur tour. Elle est au chômage comme son mari, « dans l’entretien ». C’est la première fois qu’elle se rend ici, aiguillée par l’épicerie sociale. « La rentrée scolaire représente un vrai budget. L’an dernier, mon mari à un peu travaillé mais cette année, c’est dur. Et quand on n’a plus de quoi payer… On ne fait pas ce qu’on veut, on fait ce qu’on peut », témoigne-t-elle.
Isabelle est secrétaire médicale, divorcée avec deux enfants à charge. Avec un seul salaire, elle ne s’en sort pas. « Ce qui est rageant, c’est que j’ai la chance d’avoir un travail mais que ca ne suffit plus. En comptant le loyer, la nourriture, il ne me reste rien. Mes parents ne peuvent pas m’aider, ils ont eux-mêmes peu de moyens, alors c’est la débrouille. Pour les vêtements, je revends ceux des enfants dans les vide-greniers pour pouvoir en acheter d’autres, on s’aide entre copines qui sont toutes plus ou moins dans le même cas et c’est franchement la galère. » Agrippé à la jambe de son père, géorgien, le petit Eric regarde curieusement la file d’attente. Il n’a que trois ans, donc n’est pas encore concerné par une liste scolaire, à l’inverse de sa sœur, Ilona, et de son grand frère, Alikhan, 9 ans, qui se charge de faire la traduction pour la famille. Cette dernière est récemment arrivée en France, le père n’a pas encore trouvé de travail. Mais Alikhan, lui, adore l’école et nous le retrouverons à la sortie du local, serrant précieusement contre lui un sac empli de fournitures scolaires, avec un sourire radieux.
L’unité locale de Nice disposait d’une liste de 30 personnes inscrites à l’épicerie sociale. A l’exception des retraités et des personnes sans enfant, non concernés par l’opération Cultura, toutes les familles sont venues profiter de cette aubaine pour remplir les cartables et faire ainsi de précieuses économies.