Paris : 95 personnes à la rue avec la fin de l'hiver ?
Publié le 17 mars 2009
"Nous accueillons les exclus des exclus, des personnes cassées, aux problèmes de santé, d’addiction et de violence énormes… Ceux dont personne ne veut car ils posent beaucoup de problèmes", explique Monique Bonnet, directrice de l’Apaso (Antenne de premier accueil social et d’orientation) de la Croix-Rouge dans le 14e arrondissement de Paris. "Les remettre à la rue à la sortie de l’hiver serait dramatique alors que ces personnes sont celles qui ont le plus besoins d’être accompagnées", insiste la professionnelle.
Dans des bâtiments mis à disposition par l’Hôpital Broussais, depuis le 7 novembre dernier et lors des grandes vagues de froid successives, l’Apaso a ouvert trois antennes d’hébergement d’urgence : la première accueille des femmes et des couples pour 19 places, la deuxième est un hébergement pour jeunes femmes de 18 à 25 ans et compte 24 places, la troisième héberge 52 hommes. Au total 95 personnes, dont 32 sont des usagers de l’Apaso et les autres sont envoyées par le 115.
"Le maintien de l’ouverture du centre d’hébergement pour hommes et femmes est nécessaire car les publics hébergés n’auront pas d’autre solution que faire appel au 115 si nous fermons. Le 115 est d’ores et déjà en manque de places chaque soir et il ne pourra pas répondre à une demande accrue d’hébergement. Chaque soir, nous sommes dans l’obligation de refuser des personnes qui se présentent sans inscription préalable, faute de place", explique Monique Bonnet. Et celle-ci de poursuivre : "De plus, nous avons débuté un travail social avec bon nombre d’accueillis, travail qui sera réduit à néant si ces personnes devaient retourner à la rue".
Idem pour le centre d’accueil des jeunes femmes. "Lorsque nous avons ouvert ce centre, nous étions loin d’imaginer à quel point il était une nécessité. A Paris, ce type de centre n’existe pas", explique la directrice. Le public accueilli est constitué de jeunes femmes de 18 à 25 ans en rupture familiale, isolées, sans emploi, sans ressource ni soutien. Un travail socio-éducatif est mis en place avec elles et grâce au réseau de partenaires de l’Apaso qui prennent le relais, ces jeunes femmes sortent de l’urgence. La présence d’un accueil de jour couplé avec le centre d’hébergement d’urgence est un outil socio-éducatif très important. Rapidement, elles accèdent à une formation ou à un premier emploi, même si celui-ci reste modeste au départ, ce qui leur permet de faire face à leurs besoins et d’envisager l’avenir avec optimisme. Pour toutes raisons, "maintenir ce centre ouvert pour jeunes femmes est une priorité !", conclut Mme Bonnet.