Prendre en charge les enfants handicapés dans les Territoires Palestiniens
Publié le 23 mars 2007
Née malentendante en 1966, elle a beaucoup souffert de la discrimination et de l’isolement. A l’époque, il n’existait aucune structure d’éducation spécialisée. Certes, la situation a changé depuis, mais il reste beaucoup à faire.Le nombre de personnes handicapées dans les Territoires Palestiniens est estimé à 85.800, soit 2,17% de la population (source: bureau central des statistiques et du ministère des Affaires sociales, 1997). D’après Rabah Jaber, directeur du département d’éducation spécialisée du Croissant-Rouge palestinien, seuls 38% des handicapés mentaux qui devraient être scolarisés en centre spécialisé le sont, et 55% des sourds-muets. Ces faibles taux sont le résultat de plusieurs facteurs : insuffisance de structures spécialisées, stigmatisation des handicapés qui poussent certaines familles à les garder à la maison, coût des transports pour rejoindre le centre et difficultés de circulation liées aux multiples barrages présents dans les Territoires.Pourtant, il existe une législation complète en faveur des personnes handicapées. Mais celle-ci, signée juste avant le déclenchement de l’Intifada Al Aqsa, n’a jamais pu être mise en place. Les services aux handicapés sont donc presque exclusivement pris en charge par des organismes privés. Le Croissant-Rouge palestinien est l’une des principales structures s’occupant de personnes handicapées : 308 enfants malentendants et 728 handicapés mentaux fréquentent ses centres d’éducation spécialisée.
Dans le centre de Ramallah, la maternelle est une étape essentielle, car à partir du cours préparatoire, les enfants devront pouvoir suivre les programmes de l’éducation nationale, comme n’importe quel enfant sans handicap. En plus des activités classiques d’une maternelle, le centre de Ramallah s’efforce de rendre les enfants capables de communiquer avec l’ensemble de la communauté. Langue des signes, lecture sur les lèvres, écriture et lecture, prononciation des sons et stimulation de leurs capacités auditives sont au programme. Les jeux constituent des outils pédagogiques essentiels. Face à l’ampleur des efforts qu’ils doivent fournir pour surmonter leur handicap, le jeu permet aux enfants de progresser dans le plaisir, sans même sans rendre compte.Mohammad est l’un de ces enfants. Dans sa classe de maternelle au centre du Croissant-Rouge, il est le plus jeune, il a à peine 5 ans. Autour de la table, ils sont 4, tous malentendants, encadrés par Najah, leur éducatrice. Najah sort un jeu de cartes représentant pour certaines des dessins, pour d’autres des mots. Elle prononce un mot, les enfants doivent alors lire sur ses lèvres et saisir la carte correspondante. Ensuite, celui qui a deviné répète le mot, s’efforçant de prononcer des sons qu’il n’entend pas, cet exercice demande aux enfants beaucoup de concentration.Ayham est tellement excité par la perspective de gagner qu’il s’agite dans tous les sens et ne cesse de "parler", à sa façon. Mohammad, lui, est plus calme. Quand il est concentré, il est brillant. Mais il est jeune, et son attention vagabonde, surtout quand la classe se déroule dans la ludothèque. Il ne peut alors s’empêcher de détourner la tête, et résiste péniblement à l’envie d’aller explorer tous ces jeux empilés sur les étagères. Vivement que le système de prêt soit mis en place, et qu’il puisse profiter des jeux à la maison.