Lors du Salon des Maires 2011 qui s’est tenu du 22 au 24 novembre à Paris, la Croix-Rouge a organisé une conférence pour sensibiliser les élus à la gestion des crises. Objectif : aider les communes à mieux se préparer aux situations d’urgence.

Au milieu des stands dédiés aux crèches, au mobilier urbain, aux caméras et autres sujets qui préoccupent d’ordinaire nos élus, la présence de la Croix-Rouge française peut surprendre. Pourtant, la thématique qu’elle a choisi de porter cette année, concerne toutes les communes de France : la gestion des situations d’urgence.Sous le titre « Préparez-vous à être prêts ! », l’association organisait pour la première fois au salon une conférence de sensibilisation aux enjeux liés aux catastrophes tels que les tempêtes, les inondations ou encore les accidents industriels. « Cela devenait urgent de communiquer sur cette problématique, souligne Patrice Dallem, directeur de l’urgence et du secourisme de la Croix-Rouge. Nous avons subi au cours de ces dernières années en France des catastrophes très rapprochées, alors qu’elles survenaient plutôt de manière décennale auparavant. Et dans ce genre de situations, les maires sont en première ligne, à la fois victimes et acteurs. C’est une réalité à laquelle ils doivent se préparer. »

Il rappellera ainsi dès le début de la conférence que la prévention et la gestion des catastrophes constituent une obligation légale : « La loi de 2004 dite de modernisation de la sécurité civile impose aux communes soumises à un risque naturel ou technologique de mettre en place ce qu’on appelle un Plan Communal de Sauvegarde (PCS), explique-t-il. Ce n’est pas si compliqué, ajoute-t-il, le PCS relève avant tout du bon sens, c’est un outil pour évaluer les risques et y préparer la population. Ce qui compte, c’est de s’y mettre avant que l’urgence n’arrive ! »

Dans une série d’interviews filmées par la Croix-Rouge, des élus ayant connu une catastrophe récemment ou dont la commune est située dans des zones à haut risque relatent : « On pensait que ce serait comme d’habitude », explique Maxime Bono, député-maire de La Rochelle, au sujet de la tempête Xynthia qui a ravagé ses côtes en 2010. De leur côté, Max Piselli, maire de Draguignan, d’expliquer comment il a géré les inondations de sa commune et Cédric Bonato, maire d’Aigues-Mortes, comment il s’organise pour faire face à la menace d’une submersion.Tous tirent le même bilan : « nous n’avons plus la culture du risque » ! « Les citoyens sont souvent mal préparés » ajoute Cédric Bonato.

Qui dit « sécurité civile »…

Patrice Dallem rappelle que la Croix-Rouge française, association de sécurité civile agréée par l’État, dispose de personnels (15 000 bénévoles prêts à intervenir dans l’urgence) et de moyens opérationnels, tels les plateformes logistiques prépositionnées en France et un centre opérationnel national de gestion de crise.L’association peut également aider les maires dans la mise en place leur PCS, notamment en repérant les lieux d’hébergement de secours, en concevant des centres opérationnels avancés, des plateformes logistiques ou encore en organisant l’accueil et le suivi psychologique des sinistrés. « Nous sommes intervenus dans 822 opérations d’urgence départementales ou nationales depuis 2005, explique-t-il, et nous sommes en mesure de répondre immédiatement à toute nouvelle situation d’exception. Mais, ajoute-t-il, n’oubliez pas que la loi de 2004 implique fortement le citoyen en le plaçant au cœur du dispositif de sécurité civile. Le jour J, face à l’urgence, un certain nombre d’entre eux n’auront d’autre choix que de se prendre en charge et ça, ça se prépare ! »

Christophe Talmet, responsable du pôle formation de la direction de l’urgence et du secourisme de la Croix-Rouge française, explique à l’assemblée d’élus comment préparer les habitants en créant notamment ce qu’on appelle une « Réserve Communale de Sécurité », une disposition facultative préconisée par la loi de 2004. « Ce sont des citoyens bénévoles qui ont été sélectionnés et formés au préalable, explique-t-il, pour soutenir le maire lors d’une situation d’exception, mais aussi l’aider à informer la population en amont ou à aider celle-ci à revenir peu à peu à une vie normale après une catastrophe. » Des bénévoles qui peuvent, le cas échéant, être encadrés par le personnel de la Croix-Rouge. « Outre le fait de former la population à la culture du risque, explique Christophe Talmet, le jour J, cette « réserve » peut se révéler précieuse, notamment si la crise frappe un territoire assez vaste, car l’élu n’aura pas forcément assez de pompiers à sa disposition ! »

Marc Zyltman, administrateur de la Croix-Rouge et Président de la délégation départementale du Gard, insiste sur l’importance de ce dispositif, photos choc à l’appui : « Le Gard a connu et connaîtra sans doute encore des catastrophes liées aux « épisodes cévenols », explique-t-il. En 2002, nous nous sommes retrouvés avec 6 500 foyers détruits et 4 000 personnes à héberger dans une dizaine de lieux d’accueil de secours. Dans ces cas, l’intérêt d’une réserve civile est énorme car on ne peut gérer ça seul ! » Si Marc Zyltman reconnaît que beaucoup de bénévoles spontanés viennent en aide dans ces situations, il tient tout de même à souligner que ceux-ci doivent être sérieusement encadrés.

La conférence se conclut par des questions. Beaucoup d’élus dans l’assistance avaient entendu parler du Plan Communal de Sauvegarde mais sans forcément en saisir tous les enjeux. « On a monté notre plan, explique Anne Contat, adjointe au maire de la Roche-sur-Foron (Haute-Savoie), mais nous ne connaissions pas le principe de la Réserve Communale, cela nous intéresse beaucoup ! » Patrice Dallem invite les élus intéressés à prendre contact avec les délégations locales de la Croix-Rouge proposant ces services. « On sait que les maires ont bien d’autres choses à gérer. La loi de 2004 leur a donné un gros travail supplémentaire, explique-t-il, et de rappeler que « depuis plusieurs années déjà, nombre de délégations de la Croix-Rouge travaillent sur ce qu’on appelle le PUD, le Plan d’Urgence Départemental, en lien avec le préfet. Elles ont une connaissance du terrain qui peut vous être utile. »

* Loi de « modernisation de la sécurité civile » du 13 août 2004

Clarisse Bouillet