Ils sont arrivés par minibus vers 21h30 hier soir à Marseille. Des femmes et des enfants en grande majorité, dans un état de grande fatigue physique et mentale. Vingt personnes au total, ayant fui l’Ukraine par leurs propres moyens souvent, les unes réussissant à prendre un train ou un bus vers la Pologne ou ailleurs, avec un seul objectif : quitter l’enfer et se mettre à l’abri. 

Maria* et ses deux enfants, n’ont pas trouvé d’hébergement en Pologne. Alors ils ont sauté dans la voiture d’un Français venu proposer son aide aux Ukrainiens. Ensemble, ils ont rallié Marseille pour ensuite rejoindre des proches près de Perpignan. D’autres veulent se rendre en Espagne ou au Portugal. Certains ne savent tout simplement pas où aller et n’ont aucun projet en tête, tant ils sont partis en hâte.

Depuis hier soir donc, toutes ces familles sont hébergées dans l’hôtel que nous avons mis à leur disposition au sud-ouest de Marseille. Dès leur arrivée, nos équipes les ont accueillies, leur montrant leurs chambres, leur expliquant comment se connecter à Internet et utiliser la WI-FI. Car c’est là leur priorité absolue, joindre leurs proches restés au pays, prendre des nouvelles. Tous sont suspendus à leur téléphone et aux chaînes d’information continue. Deux traductrices sont là pour faciliter la communication.

Pour ceux qui restent et quel que soit le temps qu’ils vont rester, tout un accompagnement social et médical a été mis en place : une cellule de soutien psychologique, une antenne de dépistage du Covid-19, des consultations médicales… Bénévoles et salariés œuvrent côte à côte pour répondre aux besoins, et en particulier pour apporter du réconfort à ces familles épuisées. Maxime Mery, responsable de l’engagement à la direction régionale de la Croix-Rouge française, en témoigne : “Les yeux sont rouges, à force d’avoir pleuré. On y lit une énorme détresse. Ces personnes sont à bout, elles ont juste besoin de repos et de confort après ce qu’elles ont enduré.” Plus qu’un hôtel, Maxime Mery souhaite créer ici un lieu de vie collectif, où elles se sentent bien. Les enfants, par exemple, peuvent se retrouver dans la salle de jeu pour se distraire, “mais ils ont du mal à se séparer de leur mère”, confie Maxime Mery.

Bénévoles et salariés gèrent la situation au jour le jour, d’heure en heure même, au gré des besoins, des arrivées. D’autres réfugiés, c’est certain, vont être accueillis ici dans les heures et les jours qui viennent. A Marseille, comme un peu partout en France, où nos centres d’hébergement ouvrent les uns après les autres. Maxime Mery prévoit une action dans la durée, qui va permettre de mettre en place tout un panel de prestations comme la scolarisation des enfants, des visites dans la cité phocéenne, des cours de français, etc. Tout est mis en œuvre pour redonner un peu de normalité et de baume au cœur de ces familles qui ont tout laissé derrière elles.

*Le prénom a été changé

Texte : Géraldine Drot - Crédit photo : Christophe Hargoues