La Croix-Rouge française a accueilli la réunion internationale annuelle organisée par le CICR du 2 au 4 novembre dernier qui rassemblait les services de rétablissement des liens familiaux des sociétés nationales d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Israël et d’Océanie.

Le service de rétablissement des liens familiaux (RLF), mission essentielle de la Croix-Rouge, regroupe quatre activités : la recherche des personnes disparues, la transmission des nouvelles familiales, le regroupement familial ou encore l'obtention de documents officiels tels que les attestations d’ex-personnes détenues enregistrées et visitées par le CICR.

Côte d’Ivoire, Libye, Japon, Somalie… les services RLF du Mouvement ont été présents dans tous ces pays qui ont fait l’actualité en 2011. En cas de conflits, de catastrophes naturelles, ils sont en première ligne pour aider les familles à retrouver leurs proches, vivants ou morts. Souvent moins visible que les missions de secours traditionnelles en période de crise, le RLF fait pourtant partie des missions historiques du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge, et effectue un travail essentiel.

La migration, un enjeu majeur du RLF

Des centaines de migrants traversent la Méditerranée, fuyant leur pays natal pour rejoindre les côtes espagnoles ou italiennes. D’après les statistiques, un bateau sur quatre n’atteint pas son objectif. Des hommes meurent durant la traversée.

L’identification des corps, étape essentielle pour les services de RLF pour mener leurs recherches, est alors très difficile. Auparavant, à Lampedusa, au sud de l’Italie, les pêcheurs récupéraient les corps pour ne pas les laisser dériver en mer, au risque de se voir confisquer leur embarcation par la police, en guise de preuve. Depuis, les pêcheurs laissent faire...

Voici l’un des effets peu connus de la migration. Pourtant, retrouver et mettre un nom sur les victimes est très important pour permettre aux familles de faire leur deuil. Autre exemple de difficultés auxquelles sont confrontés les services de RLF : ce que l’on appelle désormais les « faux cas ». Pour ne pas être renvoyés en Afghanistan, les jeunes Afghans résidant en Angleterre doivent prouver qu’ils n’ont plus de lien avec leur pays et font donc de fausses demandes de recherches, donnant un nom de famille ou de village erroné.Conséquence : les officiers de recherche du Croissant-Rouge et du CICR en Afghanistan partent dans des villages où ils ne trouveront nulle trace d’eux et mettent du même coup leur vie en danger. Des exemples, donc, de défis à relever face à la question migratoire. Parmi les initiatives prises pour mieux coordonner notre action à l’échelle européenne, un outil informatique de partage des données a été élaboré, visant à faciliter le regroupement des familles de migrants dispersées.

Famille haïtienne rassemblée grâce a notre service de recherches. Nicolas Brodard et Marie Ortholary ont accompagné Mme Jean-Paul durant les long mois de la procédure de regroupement familial. Ses deux enfants, restés en Haïti, sont rentrés en France le 10 octobre 2011, soit plus d’un an et demi après le séisme du 12 janvier 2010.

Accroître la visibilité du RLF

L’une des priorités pour les services RLF des Sociétés Nationales du Mouvement est aujourd’hui d’accroître leur visibilité. Olivier Dubois, directeur-adjoint de l’Agence centrale de recherches et des activités de protection à Genève, a ainsi rappelé que les services de RLF ont été intégrés pour les deux tiers dans les plans d’urgence mis en place par les Sociétés nationales. Néanmoins, 35 % de ces services sont encore financés par le CICR et les moyens ne sont pas toujours suffisants.Travailler sur la visibilité est donc primordial, et cette assertion est également valable pour les services RLF au sein même de la Croix-Rouge française, puisque, comme l’a rappelé le Président Jean-François Mattei dans son intervention, il est aujourd’hui indispensable de « rendre le RLF accessible à tous, en le déployant sur l’ensemble du territoire national ».

La Croix-Rouge française s’est donc engagée dans une démarche pour améliorer la reconnaissance de sa mission RLF, tout en renforçant sa collaboration avec le CICR. Un membre de son équipe, en la personne de Robyn Gason, fait désormais partie du pool international d’experts RLF « catastrophe naturelle » du CICR, et demeure mobilisable pour toute urgence, comme cela avait été le cas suite au séisme en Haïti.

Améliorer les outils

Dans cette optique de rapprochement avec le CICR, la Croix-Rouge française participe depuis le début de l’année 2011 au groupe de travail piloté par le CICR et composé de plusieurs Sociétés nationales, afin de travailler à la mise en place de la nouvelle application RLF informatique de gestion des données, destinée à gérer l’instruction des dossiers et leur suivi, face à l’enjeu de la migration notamment. Cet instrument devrait être opérationnel d’ici 2013.

Le RLF s’adapte par ailleurs aux nouveaux modes d’information et de communication, à commencer par Internet, pour aider plus efficacement les personnes dans leurs démarches. Deux outils instruments ont ainsi été présentés : l’application RLF pour les Sociétés nationales évoquée précédemment, ainsi que le site Internet « Family links », élaboré par l’Agence centrale de recherches et des activités de protection – et qui a montré son efficacité après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti et plus récemment au Japon.

Avec un lancement prévu courant 2012, ce site offrira des fonctionnalités particulières en temps de crise, telles que l’impression de listes et de posters, outils indispensables dans des pays où l’accès à Internet est limité. De nouvelles opportunités que la Croix-Rouge française a souhaité saisir en se portant volontaire sur ces projets, d’ores et déjà bien avancés.