Secours expo : les attentats en toile de fond
Publié le 5 février 2016
« Les mots d’ordre de ce salon, qui réunit l’ensemble des acteurs du secours et des soins d’urgence et de prévention, sont complémentarité et coordination ». C’est en ces termes que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ouvert la deuxième édition de « Secours Expo », en remerciant le courage et l’abnégation absolus de tous, parmi lesquels les associations agréées de sécurité civile dont fait partie la Croix-Rouge française. En écho, Marisol Touraine a souligné « l’excellence du système de secours et de soins français », « reconnue au plus haut niveau de l’Etat et à l’international ». Cette efficacité éprouvée lors des attentats de novembre 2015 tient en effet au travail en collectivité et en coopération au quotidien qui a permis de sauver et de prendre en charge plus de 5 000 personnes dans les semaines qui ont suivi les événements. Néanmoins, la menace terroriste demeure à un niveau inégalé ont précisé les deux représentants de l’Etat. « Nous devons approfondir notre coopération, nous interroger sur nos pratiques et nos organisations », a déclaré le ministre de l’Intérieur. Et d’ajouter la nécessité de se « tenir prêts partout en France, afin d’assurer le même niveau de protection à tous les Français. »
Le citoyen acteur de sa propre sécurité
Parce que les citoyens sont un maillon essentiel de la chaîne de survie, et parce qu’ils en ont exprimé le besoin à la suite des attentats, le ministère de l’Intérieur a lancé une grande opération nationale de sensibilisation aux gestes qui sauvent. Tout le mois de février, et peut-être au-delà, des initiations gratuites seront dispensées partout sur le territoire. La responsabilisation du citoyen a été soulignée par Bernard Cazeneuve. Leur intervention en tant que premiers témoins peut sauver des vies supplémentaires, avant l’arrivée des secours. La Croix-Rouge française, à l’instar de tous les acteurs de secours, sont donc mobilisés sur cette opération nationale.
"Les secours et les soins d'urgenceà l'épreuve des multiattentats de Paris du 13 novembre 2015"
Anticiper des attaques terroristes ailleurs qu’à Paris. Tel est le défi à relever. La Croix-Rouge française, opérateur de secours de premier plan, vient précisément d’élaborer un plan de préparation aux nouvelles menaces (PPNM) visant à renforcer les dispositifs de secours dans 14 grandes métropoles (+ de 400 000 habitants). « Sommes-nous en capacité de répondre à des attaques de cette ampleur en province ? Sommes-nous en mesure de gérer les risques concomitants de sur-événement ou de sur-accident - Arrêt des transports en commun, coupure des moyens de télécommunications, etc. ? Sans doute pas. C’est la raison pour laquelle le plan ARAMIS (actions régionales sur accidents multi-sites et interventions spécifiques), élaboré pour l’Ile-de-France, va être calqué sur d’autres zones géographiques, dont la culture opérationnelle n’est pas aussi forte »__, a expliqué Alain Rissetto, directeur-adjoint de l’urgence et du secourisme à la Croix-Rouge française, lors de la conférence inaugurale du salon, qui rassemblait les représentants d’associations, du commandement opérationnel et des secours et soins d’urgence, tous impliqués sur les événements du 13 novembre dernier. Chacun opérateur de secours et des soins d’urgence a su évaluer les points forts et les points faibles de son organisation durant cette nuit tragique. L’objectif étant d’améliorer davantage l’efficacité des secours face à ce type d’attaques ; des attaques multi-sites et multi-modales, destinées à tuer le plus grand nombre de personnes. Un scénario sans précédent en France, mais il y a eu des antécédents dans d’autres pays au cours de cette dernière décennie, sur lesquels les experts s’appuient depuis des années pour affiner leurs stratégies d’intervention : les attentats du 11 septembre à New York, à Madrid (2004), à Londres (2005), ou encore à Bombay (2008). Les deux objectifs principaux des acteurs de secours sont donc de rester en capacité de répondre à ce type d’attaque, pour assurer la sécurité des citoyens, mais aussi de réduire les risques des intervenants.
Je m’organise, je me forme et je me protège
Le plan de préparation aux nouvelles menaces de la Croix-Rouge française s’appuie sur ces trois principes. Concrètement, il s’agit de limiter au maximum l’exposition des bénévoles aux risques inévitables de telles opérations. « Nous privilégions, par exemple, un compartimentage des zones d’intervention, selon le degré de danger potentiel, explique Alain Rissetto. Pour ce faire, un module de formation a été conçu prioritairement pour les secouristes, dans le cadre de la formation continue obligatoire. Ce module pourra être adapté aux bénévoles et aux salariés. Un deuxième module obligatoire concerne les chefs d’intervention qui dirigent des équipes sur des situations d’urgence. » Parmi les évolutions retenues, il a également été acté le fait de se doter de matériels de protection spécifiques tels que casques, détecteurs de gaz chimiques et cagoules de fuite. Comme le nom l’indique, il s’agit de fuir une zone contaminée, non d’y pénétrer. Tout est donc centré sur la sécurité renforcée des intervenants, condition sine qua non d’une prestation de qualité.