Dans le cadre du Tour de France 2011, les secouristes de la Croix-Rouge des Hautes-Pyrénées étaient à l’arrivée de la 12e étape à Cugnaux-Luz-Ardiden, passage mythique de haute montagne du Tour.

C’est l’un des plus gros événements de l’année pour les secouristes du département, mobilisés depuis 50 ans sur ce grand rendez-vous populaire.

Partout ailleurs, le 14 juillet, la plupart des bénévoles de la Croix-Rouge sont mobilisés pour les célébrations de la fête nationale. Mais ici, dans les Hautes-Pyrénées, la manifestation phare ce jour-là, c’est l’arrivée du Tour de France à Luz-Ardiden. Comme chaque année, le Tour traverse ce département où les fameux cols et étapes de montagne font la joie des amateurs de la Petite Reine. Sur cette édition 2011, le département accueille deux étapes et une trentaine de secouristes de la Croix-Rouge vont assurer les postes de secours sur la route pendant deux jours.

« C’est l’événement qui nous mobilise le plus dans l’année, explique Manuel Menendez, directeur départemental Croix-Rouge de l’Urgence et du Secourisme. A l’arrivée de Luz-Ardiden, par exemple, il y a environ 8000 à 9000 personnes présentes sur le plateau, mais si on compte toutes celles qui se placent de chaque côté des routes dans la montée, cela représente environ 50 000 personnes ».

Pour faire face à cet afflux, la Croix-Rouge arrive dès la veille de l’étape. Présents depuis la fin de l’après-midi du 13 juillet, les secouristes ont passé la nuit sur place, logés dans une crèche d’une station de ski, où ils ont aménagé leur poste de secours. Huit bénévoles venus de tout le département, des délégations de Tarbes, de Lourdes et de Lannemezan, ont assuré une première permanence durant la nuit. Une présence « indispensable, explique Manuel Menendez, car beaucoup de spectateurs arrivent un ou deux jours avant, pour avoir une bonne place ou pour faire la fête, et c’est à ce moment-là qu’il peut y avoir des incidents. »

Les secouristes font quelques rondes durant la nuit. La majeure partie de leurs interventions est liée à des buveurs imprudents en excès d’alcool, mais aussi au froid. Luz-Ardiden, située à plus de 1700 mètres d’altitude, est en haute montagne et ce soir-là, il fait à peine 10 degrés. « Ceux qui connaissent mal la montagne se font parfois piéger par le froid, précise Manuel. L’année dernière, par exemple, nous avons du prendre en charge une colonie de vacances entière ! Il neigeait et ils n’avaient pas prévu de quoi se couvrir. »

Aux petits matins, plongés dans un brouillard intense, une nuée de tentes et de camping cars a envahi les alentours de la ligne d’arrivée et les bords de la route qui sera empruntée par les coureurs dans quelques heures. L’arrivée du Tour n’est prévue que vers 16 heures mais le gros du public est déjà là, car l’accès au col est interdit à partir de 13 heures. « C’est l’une des particularités de cette mission, explique Manuel Menendez, les routes sont bloquées et on est seuls sur le terrain pendant plusieurs heures, coupés de tout. Et quand la caravane commence à monter, les secours ne peuvent plus du tout passer. On doit évaluer précisément chaque cas d’urgence pour voir si cela nécessite de faire appel à un hélicoptère pour une évacuation ou si la personne peut attendre la fin du passage du Tour. »

Des interventions en urgence plutôt rares, cependant. « Depuis quelques années, la sécurité s’est beaucoup améliorée », explique Manuel. Peu à peu, la tension monte dans le public. Il est 16 heures, la route est bloquée depuis déjà un long moment et la longue caravane qui précède l’arrivée des coureurs commence à arriver. Tous les regards sont tournés vers la vallée. A 16h30, le peloton de tête apparaît dans les lacets pour entamer la dernière montée. Les secouristes restent en contact radio avec le Samu et les pompiers dans le cas où un incident surviendrait. Pour eux, c’est le moment le plus délicat. Si une urgence arrive, il faudra agir sans perturber la montée des coureurs.

Cette année, aucune intervention ne sera nécessaire à Luz-Ardiden. « C’était une étape très calme, précise Manuel, qui en est à sa 25e édition du Tour, mais ce n’est pas toujours comme ça ! »

Au coude à coude avec le Belge Jelle Vanendert, c’est l’Espagnol Samuel Sanchez qui s’impose sur la ligne d’arrivée. Il est 17h30, la 12e étape du Tour est en train de s’achever et, à part quelques blessures et entorses, les secouristes n’ont pas été sollicités. A peine le temps de voir les derniers cyclistes franchir la ligne d’arrivée et les ils remballent leur matériel. Ils doivent absolument partir avant les voitures et camping-cars du public qui vont descendre en une longue et lente file qui va durer jusqu’à la nuit.

Les bénévoles ne doivent pas traîner car, le lendemain, une autre étape les attend, à Lourdes cette fois-ci. Pour eux, le Tour n’est pas encore terminé.

Clarisse Bouillet