La deuxième édition du Train du cœur* s’est achevée, samedi 5 février, en gare de Bordeaux. Après dix jours de voyage pour autant de villes traversées, l’opération lancée par l’association RMC/BFM en partenariat avec la Croix-Rouge française, a rencontré de nouveau, un succès encourageant. Bilan.

4 minutes pour agir** et sauver cette femme qui s’est écroulée dans la rue. Le clip vidéo passe en boucle sur les écrans fixés aux murs des voitures. Objectif : frapper les esprits. Car « agir c’est donner à la personne victime d’un arrêt cardiaque une grande chance de survie », explique Jennifer Palmer, responsable de projet de l’association RMC-BFM. Et ça marche ! Avec quelque 3 000 personnes informées, le Train du cœur a rempli son objectif. Inauguré le 25 janvier dernier à Paris Gare du Nord - par Xavier Bertrand, ministre du travail, de l’emploi et de la santé - le train-exposition s’est ainsi rendu dans 10 villes de France pour sensibiliser la population au massage cardiaque et encourager les élus locaux et les chefs d’entreprises à installer des défibrillateurs cardiaques dans les lieux recevant du public. Ouverte à tous, l’exposition était basée sur un ensemble de schémas animés, de vidéos, de panneaux pédagogiques et interactifs, mais aussi sur des démonstrations pratiques (massage cardiaque, utilisation d’un défibrillateur) réalisées par les secouristes de la Croix-Rouge française. Jean-Claude, l’un des deux formateurs bénévoles de l’association, raconte : « nous arrivons au terme de cette opération avec 300-350 personnes vues chaque jour. C’est une bonne moyenne. Je pense que notre message est passé ». Et d’ajouter avec une pointe d’humour : « il y a quand même quelque chose qui m’intrigue… Plusieurs personnes m’ont affirmé que la chanson Staying Alive donnerait la bonne cadence pour le massage cardiaque. Je dois vérifier ça en rentrant ! »

JEAN-CLAUDE DO, 43 ANS, MONITEUR NATIONAL PREMIERS SECOURS À LA DÉLÉGATION DE VILLENEUVE-LE-ROI (94).

« J’ai été prévenu par mail début décembre de l’opération. Mes disponibilités correspondaient aux dates et je me suis donc inscrit. J’ai pu intégrer le Train du cœur lors du départ à Paris. C’était l’occasion de m’enrichir mais aussi d’avoir une mission qui diffère des autres, à part. Cette année, cela fera 5 ans que je suis à la Croix-Rouge, dont trois comme moniteur. C’était clairement une expérience à vivre. Côtoyer des gens différents, rencontrer les journalistes, les élus et les chefs d’entreprise pour les sensibiliser au défibrillateur, c’était vraiment intéressant. On verra certainement l’installation de défibrillateurs sur les territoires et les entreprises dont ces personnes ont la charge. »

YANNICK MARIUS, 23 ANS, MONITEUR NATIONAL PREMIERS SECOURS À L’HAY-LES-ROSES (91).

« Cette tournée s’est parfaitement déroulée. Il n’y a eu aucun problème particulier et les gens se sont montrés intéressés. J’ai même présenté le défibrillateur à un enfant de 3 ans qui a su installer les électrodes et se mettre en position de massage cardiaque tout seul ! Même s’il s’agit plus d’une information que d’une formation à proprement parler, l’intérêt tient au fait de montrer le défibrillateur au plus grand nombre et que les gens sachent qu’il faut faire quelque chose lorsqu’une situation se présente ! Environ 300 personnes par jour, c’est une bonne moyenne. »

MICHEL DURANT, 66 ANS, RETRAITÉ.

« J’ai été victime d’un infarctus le 29 octobre 2010. Mon voisin est venu et m’a mis en position de sécurité (Position latérale de sécurité, ndlr). Je n’ai pas perdu connaissance mais je sentais ma langue partir vers le fond de ma gorge. Les pompiers et le Samu sont finalement arrivés très rapidement et m’ont emmené à l’hôpital. Depuis, je suis suivi. Le Train du cœur est une excellente initiative. La démonstration du défibrillateur à laquelle nous avons assisté avec ma femme est très utile. Il ne faut pas avoir peur de venir s’informer. Nous habitons à 60 kilomètres mais nous avons fait le déplacement spécialement pour ça. Tout récemment, nous avons vu une dame d’un certain âge s’écrouler au supermarché. C’est vraiment un problème qui concerne tout le monde. Maintenant, grâce à ça, je me sens capable d’intervenir. C’est une thématique primordiale mais je trouve qu’on n’en parle pas assez. »

SYLVAIN KINTZ, 37 ANS, CHEMINOT.

« Je pense que c’est une initiative nécessaire pour une prise de conscience dans la population. Nous avons déjà eu des morts en gare, donc il est utile de venir s’informer. Il faut réussir à sensibiliser le plus grand nombre car c’est un phénomène sociétal. J’étais dans la gare et j’avais du temps donc c’était l’occasion de venir. D’ailleurs, en tant que cheminot, nous avons la possibilité de suivre des formations de secourisme au travail. C’était aussi l’occasion de réviser les gestes et l’utilisation du défibrillateur. Il y a 40.000 personnes qui passent par la gare chaque jour et depuis l’été dernier, nous avons déjà eu 3 morts d’arrêt cardiaque. Pour tout vous dire, j’ai utilisé la machine pour la première fois vendredi dernier et grâce à cela, nous avons pu ramener la personne. J’encourage tout le monde à venir s’informer. »

TROIS QUESTIONS À JENNIFER PALMER, 26 ANS, RESPONSABLE DE PROJET, ASSOCIATION RMC-BFM

A QUOI SERT LE TRAIN DU CŒUR ?

Jennifer Palmer : « Il s’agit déjà de la 2e édition du Train du cœur. Cette année, nous nous sommes rendus dans 10 villes de France avec deux buts principaux : inciter les élus locaux et les chefs d’entreprises à installer des défibrillateurs - car 30% des arrêts cardiaques se produisent sur le lieu de travail - et, bien sûr, informer la population de l’utilisation du défibrillateur. Car si le mot devient de plus en plus familier, il y a encore une réticence à son utilisation. Après cette dernière étape, nous avons déjà eu près de 3000 personnes, toutes catégories d’âges confondues. Si cela reste en rapport avec les éditions précédentes, la vraie différence vient du fait que les gens savent déjà ce qu’est un défibrillateur et veulent surtout approfondir leurs connaissances. Par ailleurs, le fait d’être itinérant nous permet d’identifier des problématiques particulières.

PARLEZ-NOUS D’« ARRÊT CARDIAQUE ».

J.P : Il y a environ un mois, l’association RMC-BFM a lancé l’application « arrêt cardiaque » pour smartphones. Celle-ci consiste à géolocaliser les défibrillateurs les plus proches du lieu de l’accident et cela a été un véritable succès. Nous avons déjà eu 150 000 téléchargements. Il s’agit d’impliquer au maximum le citoyen dans la prise en charge des accidents cardiaques, qui peuvent survenir n’importe où. C’est aussi une démarche participative puisque les utilisateurs de smartphones ont la possibilité de contribuer en signalant eux-mêmes des emplacements de défibrillateurs dans l’application.

COMMENT S’ORGANISE VOTRE PARTENARIAT AVEC LA CROIX-ROUGE ?

J.P : Tout se déroule parfaitement bien. Cela fait maintenant 3 ans que nous travaillons avec la Croix-Rouge française, sur le Bus ou le Train du cœur, mais aussi sur des opérations comme le Top 14. La Croix-Rouge reste une référence en termes de gestes de premiers secours mais aussi un gage de qualité évident pour les gens qui viennent. Le Train du cœur est également organisé avec le soutien de Philips, de Safetic et du Medef. »

Koceila Bouhanik