Jean-François Mattei, le président de la Croix-Rouge française, a inauguré le jeudi 25 mars la dernière unité d’accueil pour personnes désorientées présentant la maladie d’Alzheimer ou apparentées.

Cette unité rattachée à l’établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes « Clair Jura » à Montain dans le département du Jura. Ce type de structure est souvent le dernier recours pour les familles qui assument plus difficilement au fil du temps l’évolution de cette maladie.

Cette unité appelée « Le Jardin » accueille quinze personnes de façon permanente et cinq autres en accueil de jour depuis le 1er avril 2009. Aujourd’hui en France, 900 000 personnes seraient atteintes de cette pathologie. Ce type de structure est souvent le dernier recours pour les familles qui assument plus difficilement au fil du temps l’évolution de cette maladie.

« Nous nous devons d’accompagner nos ainés dans la maladie avec le plus grand respect. La dignité n’est pas biodégradable, elle ne diminue pas avec les années », a commenté le professeur Jean-François Mattei lors de l’inauguration de cette unité Alzheimer en présence de Michel Bailly, le président de la délégation départementale de la Croix-Rouge française et de nombreuses personnalités comme la préfète, Jean Raquin, le président du Conseil Général, ou encore le président de la communauté de communes.

Une dignité que les aidants du « jardin » respectent chaque jour. Ils accompagnent les résidants dans les gestes de la vie quotidienne du lever au coucher sans les infantiliser.

La maladie d’Alzheimer est une souffrance pour les résidents mais aussi pour leurs familles qui sont souvent affectées par la perte de reconnaissance de leur proche. Le personnel du « jardin » est également présent pour les soutenir dans les moments difficiles.

Témoignages de familles

Maryse Bockenmeyer

« Ca a été très difficile de prendre la décision de placer ma mère dans cette unité. Mais nous n’avions pas le choix, c’était devenu trop dangereux pour elle. Elle laissait la porte de son appartement grande ouverte, elle mangeait des aliments avariés qu’elle oubliait de jeter. Aujourd’hui encore, je repense au moment où on l’a laissé ici, sachant qu’elle ne reviendra jamais avec nous. Je culpabilise beaucoup mais elle est heureuse ici. Je lui rends visite toutes les semaines mais c’est difficile de se rendre compte qu’elle ne me reconnait plus, elle m’appelle « Madame ». C’est douloureux mais c’est toujours ma mère. »

Cécile Huguenin

«J’étais totalement désespérée, j’avais tout prévu pour en finir. Ce lieu nous a permis d’éviter un drame. Mon mari depuis son placement en septembre dernier à une nouvelle vie au « Jardin », il me le dit : « je suis bien ici ».

Mais ça a été difficile pour Cécile Higuenin de se retrouver à vivre seule après trente ans de vie commune.

« Faire le deuil du couple sans celui de l’être vivant n’est pas simple. Mon mari était un homme brillant, un vrai dictionnaire vivant, à présent il n’a plus que trente mots de vocabulaire. Aujourd’hui je n’accepte toujours pas la maladie de mon époux mais je la vis car je n’ai pas le choix. »

Cécile Huguenin a entrepris la rédaction d’un livre sur l’histoire de son mari, elle veut témoigner pour aider les familles qui sont confrontées à ce que l’on nomme aujourd’hui « le fléau du 21è siècle », et également rendre hommage au dévouement du personnel du « jardin ».