Salariée au sein du centre d’appels Impulse Toit de Croix-Rouge insertion à Marseille, Housnat est devenue depuis peu bénévole secouriste à la Croix-Rouge. Elle nous raconte son parcours.

Faux départ

J’ai fait des études pour devenir laborantine après un bac STL. Je me suis mariée assez vite et j’ai arrêté au DEUG. Après avoir eu mes enfants, cela a été compliqué de me ré-orienter et de reprendre mes études : par exemple un BTS m’intéressait beaucoup mais le centre de formation n’acceptait pas les étudiantes voilées. J’ai donc fait une formation de secrétaire médicale car le côté médical et technique m’intéressait toujours mais là encore j’ai eu beaucoup de barrières. Pole Emploi m’a alors proposé d’être télé-conseillère . J’ai obtenu le diplôme, mais pour la 3ème fois on m’a refusé pour le même motif. J’ai alors perdu confiance, sincèrement je n’avais plus envie. Le temps est passé, et pour me remettre dans le bain on m’a proposé un poste au sein de Croix-Rouge insertion. Ma conseillère m’a rassurée : “la Croix-Rouge vous accepte telle que vous êtes.” C’était déjà une première petite victoire. Franchement au téléphone c’est entendre mon sourire qui compte, non ?

Premiers pas au centre d’appels

J’ai commencé à prendre des appels et à pouvoir mettre en pratique ce que j’avais appris. Le projet Croix-Rouge bénévolat a démarré à ce moment-là et j’ai été très heureuse qu’on me le propose. Ça me correspond à 2000% : j’adhère aux valeurs, je trouve que c’est une belle association. Je ne connaissais pas du tout le bénévolat, et je peux vous dire que je stressais lorsque j’ai reçu mon 1er appel ! Et puis avec les différentes formations je me suis sentie de mieux en mieux. Parler à des futurs bénévoles c’est magnifique : le bénévolat c’est la famille, la bienveillance, la chaleur humaine avant tout ! Je me suis sentie totalement à ma place, et naturellement capable de guider et d’orienter nos futurs volontaires. La plupart sont tellement contents d’avoir quelqu’un au bout du fil qu’ils sont vraiment très sympathiques, et motivés ! Le jour où un jeune de 12 ans a appelé pour en savoir plus sur le secourisme j’ai eu le déclic. Lui, un enfant, qui veut donner de son temps pour aider les autres, à l’âge où moi je jouais encore aux poupées ? Ça m'a épaté. Et je me suis dit et après tout et pourquoi pas moi ?

Vers le secourisme

Je me suis alors inscrite à la réunion d’information de l’UL de Marseille. C’est facile, je connais la procédure par cœur puisque j’aide tous les jours des futurs participants à s’inscrire près de chez eux ! Et là : un accueil formidable ! Je me suis sentie tout de suite très bien avec les bénévoles. J’ai suivi toute la formation, du tronc commun au PSE. La formation était extra. On m’a accueillie comme je suis, plus de barrières. On apprend vraiment beaucoup de choses, c’est impressionnant le niveau ! Aujourd’hui je me sens utile et j’apprends tous les jours. Je suis heureuse, car la Croix-Rouge me considère vraiment comme n’importe quelle bénévole. Je suis formée comme secouriste, je peux sauver une vie. Ça a vraiment beaucoup de sens en complément de mon travail, même si ça demande pas mal de temps ! Mon 1er poste de secours : j’étais fière mais stressée ! Au 3eme poste de secours lors d’un match j’ai dû gérer une fracture et j’ai pu réaliser des gestes techniques (j’ai dû placer un triangle d’immobilisation, devant un médecin qui ne savait pas le faire, quelle fierté !) Pour les petits bobos : les gens sont adorables, ils se sentent rassurés, reconnaissants, souriants. Il est loin le temps où je me sentais rejetée : dès qu’on porte l’uniforme on ne reçoit que des sourires. C’est très gratifiant, très fort.

Et la suite ?

Maintenant je recrute spontanément des nouveaux bénévoles autour de moi ! Je vois les besoins sur le terrain : il y a vraiment besoin de secouristes. Venez !! Je vais aussi animer la réunion d’information pour mon UL. Je veux parler des principes, les rappeler à chacun : l’universalité surtout ! Peu importe l’apparence ou la tenue de quelqu’un : tout le monde peut-être bénévole. Donner l’envie par l’exemple aussi : je n’aurais jamais pensé faire partie des bénévoles un jour. L’ambiance est sympathique, joyeuse, je me sens réellement comme faisant partie d’une grande famille. Mon UL voudrait même que je devienne formatrice !

Le mot de la fin

Si je pouvais, je donnerai tout mon temps mais il ne faut pas s’oublier. Franchement la Croix-Rouge je ne la lâcherai pas. Le bénévolat sera toujours avec moi. D’ailleurs, je ne suis jamais retournée dans mon pays, aux Comores, car je n’avais pas de but. Et là cela me donne envie un jour d’y aller, pour rejoindre le Croissant-Rouge comorien et former des secouristes. Ils en ont tellement besoin ! Ça me donne un objectif. Je suis vraiment fière de porter l'emblème, et j’avoue fière de moi !

Interview : Coralie Beaupied