Le mois de mai aura été le mois des manifestations à Port-au-Prince. Chaque semaine apporte son lot de revendications et de mécontentements… « A bas ! A bas ! Démission ! » Les manifestants réclament des élections anticipées…

Cependant, deux lois récemment votées par le Parlement autorisent la prorogation, pour 18 mois, de l’état d’urgence, ainsi que le maintien au pouvoir du chef de l’Etat jusqu’au 14 mai 2011… Quelques dérapages sont à déplorer, des tirs, des blessés et tout redevient calme… Jusqu’à la prochaine manifestation…

La saison des pluies ne fait rien pour arranger le climat et la précarité des Haïtiens qui font bien pâle figure sous leurs tentes ou bâches en plastique, quand le déluge tombe sur leurs têtes… Il ne pleut pas tous les jours, ni toute la journée, mais ici une averse d’une heure entraîne de fortes inondations, surtout dans la capitale campée entre mer et montagne. Pour preuve, une petite expérience réalisée par Alice, déléguée eau et assainissement à la Croix-Rouge française (CRF), qui a collecté 200 litres d’eau, en deux heures d’averse, à partir d’une surface de 2x2 mètres. La pluie et les coulées de boue qui s’en suivent causent des dommages aux abris mais aussi aux infrastructures d’urgence, comme les latrines, installées sur des terrains meubles, en proie à l’effondrement. Là il faut réparer, reconstruire, aménager, drainer, sans cesse.

Officiellement, depuis le 1er juin, nous sommes entrés dans la saison cyclonique, très redoutée cette année. La Croix-Rouge haïtienne, soutenue par ses partenaires du Mouvement Croix-Rouge Croissant-Rouge, finalise son plan de contingence, a pré-positionné du matériel d’urgence en cas de cyclone dans le pays et chacun travaille à la limitation des risques. La question de l’abri et l’absence d’avancées pour trouver des terrains est toujours au coeur des préoccupations, provoquant l’irritation de la population et des représentants des institutions internationales. A l’image de John Holmes, le chef des opérations humanitaires de l'ONU, qui, en Australie pour une réunion du groupe de soutien des donateurs de l'Office des Nations Unies, a reconnu sa frustration face à la lenteur des progrès dans les efforts pour fournir un abri à 1,5 million d'Haïtiens (Voir l'article sur sur le site d'Haïti libre ).

Les difficultés se sont même accrues, car ceux qui avaient quitté la capitale pour les provinces après la catastrophe, reviennent grossir les camps déjà surpeuplés, faute de travail et de moyens de subsistance à la campagne.

Hauts les cœurs et vive le foot !

Pourtant, les Haïtiens gardent le sourire et continuent à (sur)vivre, par la débrouille, grâce à l’aide humanitaire, entre élan vital et attentisme. La musique est toujours présente dans les rues, on danse le compas, on se marie à l’église et on se prépare pour… la coupe du monde de football ! Et oui, même ici et dans ces circonstances, tout le monde se réjouit de cette grande fête du ballon rond… A Port-au-Prince, le Brésil ou l’Argentine remportent tous les suffrages !

En visite samedi dernier sur le camp Maurice Bonnefil qui regroupe près de 7000 personnes et où la Croix-Rouge française intervient en eau et assainissement, nos délégués sont arrivés juste au moment de l’installation d’un écran de télé sous la tente communautaire où se tiennent d’ordinaire les réunions des habitants. A partir du 11 juin, tout le monde s’y retrouvera pour regarder les matchs. Chaude ambiance en perspective…

La pluie et les coulées de boue qui s’en suivent causent des dommages aux abris mais aussi aux infrastructures d’urgence, comme les latrines, installées sur des terrains meubles, en proie à l’effondrement.

À lire dans le même dossier