L’abri priorité numéro UN
Publié le 22 février 2010
« Madame, j’ai besoin d’une tente s’il vous plaît… ». Ces requêtes, les délégués Croix-Rouge les entendent tous les jours sur le terrain. L’abri est devenu « LA » priorité à l’heure où la saison des pluies menace et que Port-au-Prince a déjà eu un fort avant-goût de ce qui peut se passer en avril…
Deux nuits durant, la pluie est tombée, le camp de base de la Croix-Rouge, situé au bas de la ville dans la zone aéroportuaire a, comme beaucoup d’autres zones, été inondé dans la nuit de mercredi à jeudi. « L’eau a très vite envahi nos tentes… », explique Benoît, membre de l’équipe de réponse aux urgences santé de la CRF, qui ajoute : « Les gens nous ont raconté leur nuit, dans les camps ou dans la rue, debout sous les toitures ou sous les arbres pour se protéger de la pluie… ».
Si les besoins en abris dans les grands camps de rassemblement sont relativement couverts avec la distribution de bâches en plastique ou de tentes, le problème demeure pour les petits sites en pleine ville où l’espace manque. « La pénurie de terrains disponibles à l’intérieur et autour de Port-au-Prince est la principale raison qui nous empêche de fournir des tentes à un plus grand nombre de personnes, comme beaucoup d’Haïtiens l’ont demandé », explique Nelson Castaño, qui dirige l’opération à la Fédération à Port-au-Prince. « Nous comptons distribuer des tentes à Jacmel, à Léogane et dans les environs de Port-au-Prince dès que nous aurons accès à des sites sûrs et suffisamment spacieux », ajoute-t-il. À ce jour, la Fédération a distribué mille tentes dans tout le pays.
Après les tentes, les maisons transitoires
S’inscrivant dans cette action, la Croix-Rouge française distribue tentes et bâches en plastique à Port-au-Prince. Ce jeudi, l’équipe de Caroline, déléguée Croix-Rouge française arrive à Delmas, sur un petit site reclus de la ruelle Monrency, sur Delmas 83. Le site est pentu et peu accessible. Mais avec l’aide de la communauté, qui aplanit le terrain avec des pioches et qui démonte les abris de fortune en place, une vingtaine de tentes d’une capacité de 10 personnes sont montées en quelques heures et plus d’une centaine de bâches en plastique sont distribuées. A ce jour quelque 300 tentes et 600 bâches ont été distribuées sur Delmas, commune de Port-au-Prince. Sur cette zone la Croix-Rouge française intervient de manière globale, en apportant aux Haïtiens l’eau potable, des latrines et des soins de santé. « Notre action est rendue difficile du fait de la configuration des sites escarpés, qui ne se prêtent pas au montage de tentes… mais on y arrive… », commente Caroline, qui travaille avec les volontaires de la Croix-Rouge haïtienne.
La Croix-Rouge haïtienne dispose d’au moins 5 000 volontaires prêts à intervenir pour aménager de nouveaux sites dès qu’ils seront identifiés pour accueillir des camps temporaires.
A Port-au-Prince, seul le camp de La Piste, qui accueille aujourd’hui 25000 personnes a été identifié par le Gouvernement pour la construction d’abris temporaires en dur.La construction d’un prototype de maison « de transition », bâtie avec des matériaux et main d’œuvre locale dans l’enceinte du camp de base de la Fédération à Port-au-Prince, est presque terminée. La procédure d’achats de matériaux a été enclenchée. La Fédération espère pouvoir démarrer la construction des premières maisons avant la saison des pluies et presse les autorités pour qu’elles identifient rapidement des sites d’accueil, à Port-au-Prince, Jacmel ou Léogane…