Après le séisme, ce sont près de 2 millions de personnes qui se sont retrouvées sans abri et qui se sont dispersées sur plus de 1300 sites de rassemblement ou dans le reste du pays. La grande majorité, pour ne pas dire la totalité de ces personnes, a pu bénéficier d’une bâche ou d’une tente...

Il nous faut passer maintenant de camps provisoires à des solutions plus durables. Le principal défi consiste à installer des abris de transition, à consolider les abris temporaires pour faire face à la menace des ouragans, d’une part, et permettre à la population de vivre dans de meilleures conditions, en attendant leur relogement, d’autre part. Il s’agit aussi de réhabiliter les habitations lorsque cela est possible. La question de l’habitat constitue un enjeu majeur mais elle est loin d’être réglée. La reconstruction prendra sans doute des années. Jusqu’à présent, la Croix-Rouge française a distribué plus de 2000 tentes et 11 000 bâches plastiques aux personnes sans abri à Port-au-Prince et Léogâne. Par ailleurs, des produits de première nécessité (bâches en plastique, couvertures, kits cuisine, kits hygiène, jerricans, bois) ont été remis à environ 35000 familles (5 000 familles par la Croix-Rouge française, 30 000 en collaboration avec la Fédération et d’autres sociétés nationales Croix-Rouge).

La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a été désignée pour piloter le Cluster Shelter, un groupe de coordination de près de 50 organisations internationales de secours engagées dans le domaine de l’hébergement. LaFICR s’est elle-même engagée, avec la Croix-Rouge haïtienne, à construire 30 000 abris transitionnels (sur les 125 000 prévus par le Cluster Shelter) sur l’ensemble des zones affectées par le séisme. La Croix-Rouge française, prendra en charge 2 000 abris dans 4 quartiers de la capitale, avec le soutien de la FICR, ainsi que 500 abris dans un camp de transition situé à Croix-des-Bouquets, dans la proche banlieue de Port-au-Prince. Elle proposera dans le même tempsdes services en eau et assainissement, en santé, mais aussi des activités génératrices de revenus, pour améliorer les conditions de vie des personnes. Sans attendre, et parallèlement à ces actions, la Croix-Rouge française s’engage auprès de la population à réhabiliter les maisons encore «habitables». Le ministère des Travaux publics a classé les bâtiments en trois catégories : rouge pour leur destruction ; jaune pour leur réhabilitation ; vert pour un relogement immédiat. La Croix-Rouge française va intervenir sur la partie réhabilitation de sa zone. Elle va accompagner les habitants pour déblayer, réhabiliter et reconquérir leur lieu de vie. La reconstruction des vies passe en Haïti comme ailleurs, par la reconstruction d’un habitat digne.

L’ABRI TRANSITIONNEL, UNE PROBLÉMATIQUE TRÈS COMPLEXE

Analyse de Xavier GÉNOT, délégué abri pour la FICR

« Notre priorité, aujourd’hui, est de mettre à l’abri le maximum de personnes et de les protéger le mieux possible des pluies et des cyclones. Or, Haïti dispose de très peu de matériaux et l’importation est nécessaire, ce qui implique des procédures d’appel d’offres et de transport qui prennent du temps. Nous sommes également face à une problématique des terrains compliquée, avec beaucoup de locataires, une propriété foncière difficile à tracer. À Port-au-Prince, s’ajoute la difficulté de trouver des terrains libres et sécurisés (non inondables, notamment). Le milieu est très dense, les accès limités, les terrains très pentus. Acheminer les abris – des centaines de kilos de matériel – est parfois impossible. Le groupe de coordination abris a mis en place des standards minima à respecter, en termes de structures, de matériaux, de normes de qualité et normes anticycloniques. Ainsi, les abris devront mesurer 18 m2 pour une famille de 5 personnes (soit 3,5 m 2 par personne), au maximum 24 m2. Un design diversifié est également proposé. Propos recueillis par Laetitia Martin, déléguée info Croix-Rouge française en Haïti (juin 2010)

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