Salariés et bénévoles ne se bornent pas à faire le tour des terrasses des cafés, des petits commerces et des parkings de centres commerciaux, pour quêter sous un soleil de plomb. Ils ont, en plus, organisé deux jours d’animation en plein centre ville pour tous les habitants de Vichy !

La logistique a été vue, revue, corrigée et remaniée. Frédéric, bénévole, passe depuis des mois ses soirs et weekend à la conception du programme des festivités. A force de persuasion, il a notamment réussi à mobiliser les élèves du conservatoire pour deux concerts de jazz, des maquilleuses de l’Institut Fournier pour les enfants et enfin des danseurs folkloriques.

L’après-midi du samedi est très rythmée. Mais cet investissement n’a pas de prix. En effet, le calcul est simple : le montant de la quête représente 60% du budget annuel de fonctionnement. «C’est la seule fois que les dons ne partent pas à Paris. On le répète sans cesse : cet argent ne sera pas destiné à l’aide pour Haïti mais restera à la délégation de Vichy !», dit- il en préparant la scène.

Cette année, l’équipe espère récolter entre 8 000 et 10 000 euros pour assurer l’aide alimentaire, acheter du matériel de secours, payer les frais d’entretien des bâtiments, l’électricité, les formations… La crise n’épargne personne et les demandes d’aide au financement et d’aide alimentaire augmentent sans cesse ces derniers mois. «En 2009, on a distribué 14 tonnes de nourriture, contre 10 en 2008. Pour l’année 2010 ce sera encore plus, c’est sûr», affirme le président de la délégation, Jean-Pierre Gendrau.

Pour une fois, c’est l’esplanade des 4 chemins, au cœur de la ville, qui fait office de point de ralliement. Les petits groupes de quêteurs viennent se mettre à l’ombre quelques minutes pour reprendre leur souffle avant de repartir, tronc en main et sourire aux lèvres pour convaincre les passants de faire un geste en faveur de la Croix-Rouge française.

Au bout de quelques heures, on ne distingue plus les bénévoles d’un jour des autres. «On a distribué 500 tracts à la sortie des lycées pour faire venir des jeunes. On leur offre une réduction de 10 euros sur leur première formation», précise le président. Des combines comme celle-ci, il en a plein la tête : «je viens de la délégation d’Aubagne, donc je reproduis ici tout ce qui a marché là-bas !». Par exemple, Jean-Pierre s’informe de tous les évènements publics du weekend pour aller quêter au milieu de la foule. Il a aussi décidé de profiter de toute la semaine de quête nationale pour solliciter les entreprises locales. «Je leur ai envoyé une lettre à chacune, en expliquant nos actions et nos besoins. On a déjà quelques promesses de don», dit-il, enthousiaste.

Johana (17 ans)

Johana a 17 ans. Elle est venue accompagnée d’un petit groupe d’amis pour découvrir la Croix-Rouge française en tant que bénévole d’un jour.« Dès qu’on a eu le tract, on a eu envie de venir tellement c’était fait avec humour.

On a appris plein de choses, par exemple, c’est bien de savoir que l’Etat ne finance pas tout et qu’il faut quêter pour que la délégation puisse agir. Ils m’ont donné envie de m’engager comme bénévole ».

Elle est déjà un peu de la partie puisqu’elle est en section sanitaire et social.« Je veux devenir infirmière humanitaire. J’ai envie de partir, de travailler dans les centres de santé, d’aider les pays pauvres ! ».

Stéphanie (30 ans)

« C’est la première fois que je viens, je suis à la recherche d’un emploi, donc j’ai le temps !Et je n’ai pas peur d’accoster les gens car j’ai une expérience de commerciale.

Je veux devenir secouriste, il y a toujours quelque chose qui vous plaît ou que vous puissiez faire à la Croix-Rouge.Donner 3 ou 4 heures par semaines à l’association, ce n’est pas grand chose.

Les bénévoles qui sont là depuis longtemps ont beaucoup d’expérience et aiment la partager avec les plus jeunes, comme moi ».

Claire (20 ans)

Secouriste à la Croix-Rouge française depuis plus de trois ans, Claire veut devenir ambulancière.

« J’ai fait rentrer ma mère juste après moi. Ici j’ai appris à protéger les autres et à me protéger moi-même.

J’aime aussi le fait d’être tout le temps avec des adultes.

Avec ma mère on se retrouve sur certains postes même si on essaie au maximum d’être séparées. Du coup on parle beaucoup de la Croix-Rouge ensemble ».

Christiane (la maman)

« Je voulais simplement me former aux premiers secours mais j’ai attrapé le virus !

L’équipe est très sympa. Ça intensifie les liens avec ma fille, on vit un peu les mêmes expériences.

Je remarque que la Croix-Rouge lui a donné de l’assurance.

Elle est très timide, du coup ça lui a appris à s’intégrer dans une équipe.

La Croix-Rouge l’a aussi aidé dans ses choix professionnels !».

Andrée

Andrée est l'ancienne présidente de la délégation, la doyenne des secouristes de la délégation de Vichy.« Je suis entrée à la Croix-Rouge française quand j’avais 12 ans, en 1944 !

Je suis contente de voir que la relève est là, il y a de plus en plus de jeunes qui s’engagent dans notre délégation.

J’aime bien faire la quête parce qu’en plus de récolter de l’argent, ça nous permet de rencontrer les gens dans la rue, de donner quelques conseils, des adresses, de rappeler nos actions et surtout de dire que la CRF est ouverte à tous, y compris aux sans-papiers ! »

Alexandre

Alexandre à 20 ans, il est secouriste depuis ses 16 ans et étudiant en droit.« Je suis équipier secouriste et vais devenir formateur. J’ai vu la délégation se transformer.

Avant il n’y avait presque pas de jeunes bénévoles. Alors , on a misé sur l’accueil des gens et les formations.

On a également constitué des petits groupes de travail, on s’est spécialisé petit à petit dans le soutien psychologique notamment.Et ça marche ! La délégation est très dynamique aujourd’hui ».

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