1922-1940 : principes et organisation
Publié le 23 novembre 2012
Propager l’hygiène
Après l’hécatombe de la Première Guerre mondiale, dans un pays exsangue, où la mortalité infantile et les maladies (tuberculose, gastro-entérite, grippe…) font des ravages, la Croix-Rouge française s’est engagée dans la voie du soutien sanitaire à la population dès 1919. L’équilibre de l’enfant étant une de ses grandes préoccupations, elle considère qu’il doit être l’acteur principal de sa bonne santé et, bien au-delà, propagateur dans son entourage de règles pour le développement d’une meilleure hygiène collective.
Cela commence par l’apprentissage de gestes simples comme le lavage des mains avant un repas ou le fait de ne pas boire d’alcool, à d’autres qui impactent sur l’hygiène de la famille, comme une aération quotidienne du logement.
Pour aller plus loin, dès 1925, les premières « boites de secours » apparaissent dans les écoles, fournies par les comités qui apprennent aux enfants à faire des pansements simples. Cours d’hygiène et de secours sont réalisés dans les écoles par les infirmières des comités locaux de la Croix-Rouge.
Encourager chez les jeunes un esprit de solidarité envers les enfants dans le besoin ou malades
Dans l’idée d’inculquer à la jeunesse française un idéal de fraternité et de charité, la CRJ encourage « l’assistance aux enfants par les enfants ».
Leurs premières actions de solidarité consistent à réunir des fonds pour permettre à des enfants malades, tuberculeux ou malnutris, d’être soignés dans des centres à la campagne ou en bord de mer. Ils rassemblent aussi des fonds pour d’autres enfants signalés dans le besoin.
A Bône (Annaba, Algérie), deux fêtes sont organisées chaque trimestre au profit de la section de la Jeunesse, qui par ce biais entretient une pouponnière depuis 1923 et vient en aide aux enfants d’un cirque forain détruit par une tempête.
A Fontenay-sous-Bois, toutes les écoles publiques et privées ont adhéré à la section. Les fêtes organisées par les enfants permettent tous les ans de contribuer au programme municipal de PMI et d’envoyer des enfants en vacances.
En 1928 les groupements commencent à adopter des enfants en traitement dans les établissements sanitaires de la Croix-Rouge. Ils leur écrivent, leur envoient les douceurs autorisées.
En outre, ils participent à la vie de l’association au niveau local : par exemple, les garçons défrichent et cultivent des légumes qui seront vendus au profit de la Goutte de lait de la commune ; les filles, comme dans les écoles de Rennes, participent à la confection de vêtements de laine, de layettes, d’habillements de poupées qui seront donnés aux enfants de familles dans le besoin. Des fêtes sont organisées où les enfants recueillent des dons, tout comme ils participent aux quêtes pour de grandes causes, et aux Journées nationales de la Croix-Rouge française à partir de 1934.
Enfin, lorsque de graves catastrophes surviennent, comme les inondations qui ravagent le Midi en 1930, les jeunes adhérents se mobilisent encore : 38 000 fr et des quantités de vêtements sont recueillis par leurs soins pour les enfants du Sud de la France. Des sections Jeunesse de sociétés nationales proviennent des lettres de soutien aux écoles sinistrées : « Dans le grand malheur qui vous accable vous n’êtes pas seuls à souffrir car nous prenons part à votre douleur et nous voulons vous venir en aide comme vos soldats nous ont été en 1914. Nous avons fait une collecte dans notre école afin de vous rendre un peu de confort ». Les dons viennent de groupes de jeunes belges, suédois, suisses, mais aussi lettons, estoniens, serbes, croates, slovènes.
La correspondance interscolaire pour créer des liens d’amitié avec les enfants étrangers
Cet esprit d’entraide internationale est aussi alimenté par le programme de correspondance interscolaire. Dans les classes participantes, les élèvent réalisent des albums composés de dessins, de photos, de rédactions relatant les coutumes locales ou nationales et leur quotidien.
En 1928, 25 000 enfants sont adhérents de la CRJ dans 170 groupements, dont 120 au sein de coopératives scolaires, et 500 écoles pratiquent la correspondance interscolaire avec les établissements de 27 pays. On peut ainsi voir l’école communale des Feuillants à Limoges correspondre avec la Mc Kinley High School d’Honolulu, les élèves de l’Institution Saint-Michel de Gaillac avec des écoliers du Maryland. Si les enfants déchiffrent l’italien, l’espagnol ou devinent l’anglais, l’échange avec les petits japonais n’est pas aisé, l’image est alors prédominante.