Il y a tout juste un an, le Pakistan était noyé sous les pluies de la mousson. Ces inondations - les plus dévastatrices en 80 ans - ont balayé le pays et affecté plus de 20 millions de personnes.

Aux côtés du Croissant-Rouge pakistanais, la Croix-Rouge française tente d’apaiser les souffrances d’une population, encore loin d’être rétablie et déjà sous la menace de la nouvelle saison des pluies qui s’annonce…

Un pays à genoux

A la fin du mois de juillet 2010, une mousson dévastatrice s’abattait sur le nord du Pakistan. Selon le Département de météorologie national, 200 mm d'eau sont tombés en 24 heures en plusieurs endroits des provinces du Khyber Pakhtunkhwa et du Pendjab. Au cours de la même période, Peshawar, la capitale du nord, enregistrait des précipitations exceptionnelles de 274 mm, dépassant de loin le précédent record de 187 mm d’avril 2009.

Dans le sillage de ces pluies diluviennes, ont eu lieu des glissements de terrain majeurs et des inondations « comme le pays n’en avait pas connu en 80 ans » Et les conséquences humaines et matérielles ont été dramatiques : au total, 1,9 million d'habitations ont été endommagées ou détruites, 2,4 millions d’hectares de terre agricoles ont été dévastés et les infrastructures - telles que les routes et les ponts - ont été sérieusement endommagées. D’un point de vue humain, avec un cinquième du pays submergé, 2.000 personnes ont perdu la vie et 20,2 millions de personnes ont été directement affectées.

(source UNOCHA, 13 octobre 2010)

Aujourd’hui, des millions de personnes continuent à vivre dans des abris de fortune, exposées à la menace de nouvelles inondations avec la mousson qui approche. « Beaucoup de familles n'ont pas encore eu la chance de reconstruire leurs maisons », explique Nilofar Bakhtiar, président du Croissant-Rouge pakistanais. De fait, les inondations de l'année dernière ont eu un impact dévastateur sur l'économie. Le coût des briques a quadruplé, rendant la reconstruction des maisons quasi-impossible pour la population.

Par ailleurs, poursuit Nilofar Bakhtiar, « l'insécurité alimentaire et la malnutrition, dues au manque d'aliments riches en vitamines et nutritifs, représentent une réelle menace, en particulier pour les femmes et les enfants ».

Au secours des plus vulnérables

Pour répondre à ces problématiques, le Croissant-Rouge pakistanais et la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) restent engagés sur le terrain, à travers un programme de réhabilitation au long terme. Celui-ci se poursuivra au moins une année supplémentaire, et permettra de subventionner 11.500 familles pour la reconstruction de leurs maisons, mais aussi de leur apporter une expertise technique pour s’assurer que les bâtisses puissent résister aux catastrophes futures.

Toutefois, même avec l'amélioration du logement, l'incapacité à gagner un revenu restera synonyme d’un avenir incertain pour des millions de Pakistanais, car les prix alimentaires continuent d'augmenter, et des centaines de millions d’ares de terres agricoles sont toujours inutilisables.

À ce jour, les distributions de semences et d'engrais de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont bénéficié à plus de 617.000 personnes, et des milliers de familles ont reçu une formation technique pour améliorer le rendement des récoltes. Beaucoup de villageois ont également reçu des subventions en espèces pour les aider à rétablir leurs moyens de subsistance, par des activités d’épicerie, de couture, de transport de personnes ou de nourriture, et d'artisanat.

Toutefois, Nilofar Bakhtiar reste lucide : « avec la nouvelle saison de la mousson à nos portes, il est vital que, collectivement, nous prenions les mesures nécessaires pour s'assurer que les gens ne connaissent pas à nouveau pareille souffrance au Pakistan, ou n'importe où ailleurs dans le monde lorsque la prochaine catastrophe frappera (…). Il faut agir et il faut agir maintenant ».

Koceila BOUHANIK