Une situation politique explosive

Le coup d’état du 24 décembre 1999 a initié une période d’instabilité politique et de crise socio-économique qui a débouché, en septembre 2002, sur la partition du pays entre le nord et le sud faisant suite à la rébellion d’une partie de l’armée ivoirienne.En vertu de l’accord de Marcoussis, signé en France en janvier 2003 et relancé en juillet dernier par l’accord d’Accra III, le gouvernement ivoirien et l’opposition armée étaient convenus d’adopter des réformes législatives, d’amender l’article 35 de la Constitution sur l’éligibilité à la présidence et de lancer le processus de désarmement.Le non-respect de ces accords et les violentes manifestations anti-français à Abidjan nécessitant l'évacuation d'urgence des ressortissants étrangers ont été condamnés par la communauté internationale. Des sanctions contre la Côte d’Ivoire ont été votées à l’unanimité, le 15 novembre, par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Elles comportent un embargo immédiat sur la vente d’armes à la Côte d’Ivoire.

Un dispositif global d'accompagnement au rapatriement

Le Ministère des Affaires Etrangères sollicite la Croix-Rouge Française le lundi 8 novembre, en fin de journée, pour prendre en charge les rapatriés si la situation venait à se dégrader en Côte d'Ivoire. Le mardi 9, cette demande se confirme et se précise. Deux sites d'intervention sont retenus, l'aéroport d'Abidjan et celui de Roissy / Charles-de-Gaulle.

  • Pour Abidjan, une équipe de 15 personnes rompues aux situations d'urgence, médecins, infirmiers, secouristes et logisticiens est formée dans la journée et se tient prête pour le départ. Ses actions : accueillir, orienter et accompagner les réfugiés, assurer une mission de soutien psychologique et un appui logistique dans le camp militaire français où sont réunis les Français en attente de rapatriement.

  • Pendant ce temps, en France, une opération de grande envergure se met en place pour recevoir à Paris les rapatriés. L'objectif, accueillir dès le 10 au soir et pour une durée indéterminée les ressortissants français et étrangers quittant la Côte d'Ivoire. Les bénévoles présents à Roissy sont chargés de l'accueil et l'orientation, le soutien psychologique, la distribution de vêtements chauds, les soins si nécessaire, la réunion des familles et l'accompagnement des rapatriés vers les lieux d'hébergement. Dès cette première nuit, 200 bénévoles ont répondu à l'appel de la Direction Nationale de l'Urgence et du Secourisme, pour accueillir 869 rapatriés dont 312 enfants, et trouver 151 solutions d'hébergement.

Une mission d'envergure parfaitement maîtrisée

Au total, du 9 au 19 novembre, la Croix-Rouge a mobilisé 800 bénévoles issus de 37 départements pour le dispositif national, une équipe de 15 personnes pour les missions à Abidjan et 28 volontaires présents dans les vols spéciaux. 5000 personnes ont été accueillies. Près de 3000 personnes ont été accompagnées par les volontaires vers les lieux d'hébergement en région parisienne. 26 mineurs isolés ont été accueillis au LAO de Taverny, centre spécialisé géré par la Croix-Rouge. A ce jour sept d'entre eux y séjournent toujours.

Le Ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, a adressé ses remerciements et sa gratitude à la Croix-Rouge pour son action soulignant "les conditions de dignité et d'humanité" dans lesquelles les rapatriés français ont été accueillis et le "dévouement et la solidarité des bénévoles de la Croix-Rouge".

À lire dans le même dossier