Un mois tout juste après le passage du typhon Haiyan, l’un des plus violents jamais enregistré avec des rafales de vents allant jusqu’à 315 km/heure, la mobilisation internationale reste entière. Sur les 5 680 victimes dénombrées officiellement, la plupart se trouvaient dans la ville de Tacloban, presqu’entièrement détruite.

Le bilan des personnes affectées par cette catastrophe est lourd : 11,5 millions, sans compter plus de 4 millions de personnes déplacées. Plus d’un million d’habitations ont été détruites selon OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires), soit 10 % de l’habitat dans l’archipel. L’abri est donc la priorité numéro un, une fois passée la première phase d’urgence.

Priorité à la reconstruction

Un mois après le passage du typhon s’ouvre une période charnière, entre la phase d’urgence qui s’achève et la phase de reconstruction qui débute. La Croix-Rouge française s’apprête à entamer la distribution de  kits d’outils pour abris – 500 dans un premier temps -, comprenant des outils appropriés pour la réparation des maisons endommagées ou la reconstruction d’abris d’urgence : cisaille, clous pour toiture, bâche, corde, binette, pelle, marteau, etc.

Dans cette même logique d’aide à la reconstruction, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et la Croix-Rouge philippine envisagent de mettre en place un programme de « cash transfer » (transfert d’espèces) inconditionnel. En appui et en coordination avec les équipes de réponse aux urgences (ERU), les délégués FACT poursuivent les évaluations sur le terrain pour identifier précisément les besoins de la population, très différents d’une famille à l’autre. Certains ont besoin d’argent pour se nourrir, d’autres pour acheter des semences, replanter des cocotiers, etc.). 

A l’aube de cette phase de reconstruction qui s’amorce, la Croix-Rouge française a déployé une seconde équipe ERU Relief, début décembre, pour relayer la première équipe. Elle se compose d’un chef de mission, d’un expert en logistique, et d’équipiers Relief (distributions) ayant des connaissances en logistique et en reconstruction. Par ailleurs, deux équipiers de la PIROPS (Plateforme d’intervention régionale pour l’Océanie et le Pacifique Sud) font partie du dispositif. 

Rappel de la réponse à l’urgence 

Douze équipes ERU ont répondu à l’appel d’urgence de la Fédération internationale lancé le 12 novembre dernier, représentant une vingtaine de Sociétés nationales de la Croix-Rouge. De Manille, la Croix-Rouge philippine a tenu à assurer la coordination des secours. Les équipes ont eu beaucoup de difficultés à gagner les zones affectées, freinées par des difficultés logistiques énormes : des moyens de communication détruits, des transports par ferry très longs, le manque de véhicules de transport sur place, etc. 

La première équipe ERU Relief (distribution) de la Croix-Rouge française s’est envolée pour les Philippines le 15 novembre, avec trois tonnes et demie de matériel. Elle a d’abord rejoint  l’île de Cebu, puis celle de Leyte, l’une des plus touchées, pour participer aux opérations de distribution de colis alimentaires et produits de première nécessité (kits hygiène, sets de cuisine, bâches en plastique et jerricans) aux côtés des Croix-Rouge philippine et américaine. Dans la région d’Ormoc, où opère l’équipe de la Croix-Rouge française, ce sont près de 5 500 familles, soit 27 000 personnes environ, qui ont reçu cette aide de première urgence. L’objectif est de toucher 10 000 familles d’ici la fin des opérations de distribution sur cette zone, fin décembre.

Parallèlement aux distributions, un médecin urgentiste de la Croix-Rouge française a été mobilisé dès le 23 novembre pour appuyer la clinique mobile (BHC) de la Croix-Rouge japonaisedans la municipalité de Daanbantayan, au nord de l’île de Cebu, où le centre de santé régional a été détruit. Cette unité fournit également des services de consultations externes. Début décembre, elle avait accueilli un millier de patients. 

La mobilisation de la Croix-Rouge philippine

Dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe, la Croix-Rouge philippine, grâce à ses 25 branches et bureaux d’aide sociale, a joué un rôle de premier plan dans la prise en charge des sinistrés. Plus d’un millier de centres d’évacuation ont été mis en place, plus de 62 600 colis alimentaires ont été distribués à environ 315 000 personnes, et de l’eau potable pour plus de 500 000 Philippins. Un mois après la catastrophe, il reste quelque 450 centres d’évacuation en place. C’est donc une Société nationale très organisée et compétente qui a fait face à ce typhon d’une ampleur inégalée, à l’instar de la population philippine, qui fait preuve d’un courage et d’une volonté exemplaires.

Géraldine Drot

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