Chaque année, 200 000 actes de délinquance mettent en cause des mineurs. Environ 3000 d’entre eux passent par la case prison. Est-ce que la justice est laxiste à l’égard des jeunes délinquants ? Non. Les réponses pénales à la délinquance des mineurs sont supérieures à celles de la délinquance des majeurs (82,1% pour les mineurs, 74,8% pour les majeurs en 20042).

 A l’heure où le Parlement s’apprête à voter une énième modification de l’ordonnance de 1945, on peut se poser la question du regard ambivalent que porte notre société sur la jeunesse. D’un côté elle s’en préoccupe, elle souhaite la protéger. D’un autre elle s’en méfie, elle en a peur, elle la stigmatise. Ainsi, ces dernières années, on assiste au glissement de l’éducatif à l’exemplarité de la sanction. La mise à l’écart et l’enfermement apparaissent de plus en plus comme la solution. Que penser de cette évolution ? Qui sont ces jeunes incarcérés ?

Ils sont, au 1er octobre 2008, 697 mineurs sous écrou. 182 d’entre eux sont incarcérés dans les nouveaux établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). La majorité d’entre eux a entre 16 et 17 ans, 10% ont moins de 16 ans. Si certains sont là pour une affaire grave, la plupart sont incarcérés pour de multiples délits : vols, destructions et dégradations de biens privés ou publics, outrages et violences à agent de la force publique, drogue. La durée des peines est plus courte que chez les majeurs : 2,5 mois en moyenne (contre 8,4 mois pour les majeurs) beaucoup ne restent que 15 jours. Or, comment mener un projet éducatif en 15 jours ? Au regard des moyens engagés pour la mise en place des EPM, on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle concentration des moyens en bout de chaîne sur un temps aussi court.

Car la réponse à la délinquance des jeunes ne peut être unique. La prévention, c’est aussi s’occuper des problèmes familiaux, économiques et sociaux qui se cachent derrière certaines dérives, mettre en place des actions de soutien pour aider et accompagner les jeunes citoyens mineurs. Même lorsqu'ils rencontrent de multiples problèmes, les mineurs ou jeunes majeurs sont des êtres en devenir, pour lesquels des évolutions significatives sont possibles, à condition d'imaginer des parcours individualisés incluant les temps nécessaires à la construction individuelle.

 L’enfermement permet-il à ces jeunes de rompre avec leur parcours de délinquance ? Ou bien les inscrit-il plutôt dans une spirale de violence et de délinquance ? Mettre les jeunes en prison, est-ce le début ou la fin des problèmes ?

1 Extrait de l’ordonnance du 2 février 1945 relative à la délinquance des mineurs. 2 Rapport de l’Observatoire national de la délinquance, 2006. 3 Direction de l’administration pénitentiaire, Statistiques mensuelles de la population sous écrou. 4 Colloque à l’ENAP sur les mineurs délinquants les 15 et 16 mai 2006.

GNCP, Groupe National de Concertation Prison