« Pour soi et pour ses proches, il est indispensable d’adopter les bons gestes »

Dans le plan de lutte contre la Covid-19, outre la mobilisation complète du système sanitaire, il convient de respecter un certain nombre de mesures par l’ensemble de la population et cela implique une vigilance particulière pour les personnes fragiles. Eclairage avec le docteur Pascal Cassan, médecin conseiller national de la Croix-Rouge française.

La France est en lutte contre l’épidémie de Covid-19. Que pouvez-vous dire sur les mesures ?

Même si elles sont contraignantes, les mesures prises sont inévitables compte-tenu de la montée en puissance du nombre de personnes infectées, présentant des symptômes tels qu’une toux sèche, des courbatures et une fièvre modérée. Si toutes n’ont pas été testées, on sait que le virus circule plus largement au sein de la population. Limiter les interactions sociales est donc indispensable, pour éviter que des porteurs sains ou atteints d’une forme légère ne transmettent le virus à des personnes fragiles.

Que faire si on ressent les symptômes que vous avez évoqués plus haut ?

Si on ressent de la fièvre, des courbatures et que l’on tousse, on appelle son médecin traitant, et non le 15, et c’est lui qui réalise une consultation à distance, décide de venir au domicile du patient ou envoie une ordonnance par voie électronique. Dans ce cas, il faut rester chez soi, prendre régulièrement sa température, porter un masque pour protéger ses proches, respecter les mesures barrières et, bien sûr, prendre les médicaments prescrits par son médecin.

Dans quel cas doit-on appeler le SAMU ?

Il y a seulement deux raisons d’appeler le 15 : si la fièvre est importante (au-dessus de 39°) et qu’elle ne passe pas avec du paracétamol et/ou si l’on ressent une gêne respiratoire. Dans cette situation, appeler le 15 est une nécessité.

Quels sont les messages importants à rappeler au sujet des personnes fragiles ?

Premières personnes fragiles : les personnes âgées de plus de 70 ans. Ces personnes doivent absolument rester chez elles, et ne surtout pas se voir confier la garde de leurs petits-enfants, qui pourraient être des porteurs sains. Il n’y a aucune exception possible, d’autant plus lorsque les personnes sont atteintes d’autres pathologies (insuffisance cardiaque, rénale, hypertension artérielle, diabète). Plus il y a de facteurs de risque, plus la personne est vulnérable, plus elle doit être protégée. En outre, une autre catégorie de la population est particulièrement fragile : ce sont les patients qui ont déjà une insuffisance respiratoire, comme ceux qui sont atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Enfin, quelle est la situation pour les femmes enceintes ?

Aujourd’hui, on ne pense pas qu’il y a de risque spécifique pour les femmes enceintes. Des mères qui ont été infectées par la Covid-19 ont donné naissance à des enfants en parfaite santé. Même si des troubles respiratoires peuvent apparaître plus rapidement chez une femme enceinte, car la grossesse est en soi un facteur d’hypoventilation, il n’y a pas d’impact particulier sur les enfants. Les femmes enceintes ne font donc pas partie des personnes les plus à risque mais elles doivent rester vigilantes par rapport à l’ensemble des signes de gravité, et en particulier la difficulté respiratoire. Enfin, comme pour tout le monde, la consigne est désormais de rester chez soi et, en cas de sortie, de respecter l’éloignement d’un mètre dans les commerces. Pourquoi un mètre ? Car les gouttelettes potentiellement porteuses du virus sont assez grosses et ne peuvent être projetées au-delà de cette distance.

Pouvez-vous rappeler les principaux gestes de prévention ?

Face aux infections respiratoires, il existe des gestes simples pour préserver sa santé et celle de son entourage. Ce sont les mêmes gestes que pour une grippe saisonnière : se laver les mains toutes les heures ou utiliser une solution hydro-alcoolique ; tousser ou éternuer dans le pli du coude ; utiliser des mouchoirs à usage unique ; porter un masque en permanence en présence des autres quand on est malade pour les protéger. Ce sont des gestes simples, qu’il serait d’ailleurs pertinent de conserver à l’avenir puisqu’ils permettent de limiter la transmission de toute maladie infectieuse en général, y compris la grippe ou la gastroentérite.

Enfin, avez-vous quelques messages complémentaires à communiquer au sujet de ce virus ?

Certains se demandent s’il est possible d’attraper le virus en caressant des animaux : la réponse est non. Aujourd’hui, on estime que les animaux domestiques en France ne sont ni porteurs ni sensibles au COVID-19. Enfin, rappelons que ce qui pose problème est la contagiosité du virus. Ainsi, faire preuve de bon sens et adopter les mesures barrières de transmission est une attitude efficace pour limiter la propagation de l’épidémie.

Propos recueillis par Anne-Lucie Acar

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