Situé à Paris, l’hôpital Henry Dunant est un centre de gérontologie d’une capacité de 158 lits. Accueillant des personnes âgées pour de courts, moyens ou longs séjours, il est en première ligne face à l’épidémie de Covid-19 et met tout en œuvre pour assurer la santé et le bien-être de ses patients.

« Nous vivons actuellement une crise sanitaire surréaliste, qui nécessite une adaptation quotidienne ». Sylvie Haulon, médecin chef gériatre à l’hôpital Henry Dunant, vient de raccrocher au téléphone avec la famille d’un patient. Alors que celui-ci est désormais en bonne santé et pourrait rejoindre son domicile, ses enfants préfèrent qu’il reste à l’hôpital. « Même si nous comprenons leurs craintes et que nous faisons tout pour limiter la propagation de l’épidémie au sein de notre établissement, ce patient serait probablement moins susceptible de contracter le virus en étant chez lui, dans son cadre de vie habituel », explique le docteur Sylvie Haulon.

D’une capacité de 158 lits (24 lits de médecine, 56 lits de soins de suite et de réadaptation, 78 lits de soins de longue durée), l’hôpital accueille actuellement 145 patients. En temps normal, une grande partie d’entre eux fait un passage par l’hôpital pour être soigné et n’a pas vocation à y rester trop longtemps, à l’exception des longs séjours. Or, avec la situation actuelle, faire sortir les patients est devenu très compliqué : « les maisons de retraite n’acceptent personne, tandis que l’option du retour à la maison pâtit de l’engorgement des services infirmiers à domicile, évidemment moins disponibles que d’habitude », complète le docteur Sylvie Haulon. Dans ce contexte, l’équipe de l’hôpital Henry Dunant s’adapte au quotidien, avec professionnalisme et énergie.

S’adapter en permanence

Il faut dire que l’adaptation est l’une des caractéristiques majeures du travail réalisé par l’équipe de l’hôpital depuis le début de la crise. Plusieurs actions ont été mises en place progressivement, en lien avec l’évolution de la situation. « Début mars, nous avons délimité un ‘zonage’ afin que toutes nos entrées ne se fassent qu’à un seul endroit et que les autres étages soient préservés d’une éventuelle contamination, explique Ingrid Lauvray, la directrice de l’établissement. Comme dans toute la France, les visites ont été interdites le 11 mars, puis un premier cas de Covid-19 a été détecté dans notre hôpital le 23 mars. » Depuis, une quarantaine de patients ont été infectés et cinq d’entre eux sont décédés. « Tout est fait pour protéger les patients et les personnels de santé mais, malheureusement, le virus se propage rapidement », témoigne Sylvie Haulon, tout en faisant preuve d’optimisme : « certains patients, même d’un âge honorable, traversent la maladie et s’en sortent sans séquelles. »

Des cellules de crise sont organisées tous les deux jours, pour faire le point sur la situation et les besoins, notamment en termes d’équipements de protection et de médicaments. En outre, des renforts1 viennent grossir les rangs de l’équipe, confrontée à l’absence de certains personnels mais plus que jamais déterminée à mener à bien ses missions. Dans le cadre de la prise en charge des patients atteints de Covid-19, l’hôpital est donc en mesure d’accueillir des personnes qui sortent de réanimation et qui viennent passer quelques jours ici le temps de récupérer. Il peut aussi recevoir des patients polypathologiques, non éligibles à la réanimation, qui intégreront l’unité « Covid plus » où ils seront accompagnés dans leur fin de vie.

Faire face à l’émotion

Quelle que soit la situation, la capacité à faire face aux émotions est une composante essentielle du quotidien à l’hôpital. Emotion des patients, des familles, des soignants, de toute l’équipe. « Ce que nous montre cette crise, c’est que l’on doit s’attendre à tout : le rationnel et l’irrationnel sont donc traités de la même façon, car une vérité un jour peut être remise en question le lendemain. » Les principes d’humilité, d’humanité et de respect sont d’autant plus importants que la peur, liée à l’inconnu, est omniprésente. Outre le travail réalisé au sein de l’équipe pour se soutenir et s’encourager, les professionnels soignants de l’hôpital ont à cœur d’aider au maintien du lien entre les patients et leurs familles. Une ou deux communications leur sont envoyées toutes les semaines pour partager des informations. Par ailleurs, plusieurs psychologues ont été recrutés pour venir soutenir le moral des patients, leur proposer une écoute supplémentaire. Ces psychologues les aident également à utiliser la tablette ou le téléphone pour échanger régulièrement avec leurs proches. Un contact à distance, certes, mais fondamental.

Anne-Lucie Acar

1 https://www.iledefrance.ars.sante.fr/operation-renforts-covid-tous-mobilises-pour-le-systeme-de-sante

Crédit photo : Joan Bardeletti

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