Situé à Lyon (69), le centre hospitalier des Massues, géré par la Croix-Rouge française, est incontournable dans le paysage hospitalier de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Etablissement de pointe dans les domaines de la chirurgie du rachis, de la médecine gériatrique, des soins palliatifs et de la réadaptation adulte et pédiatrique, il a revu son organisation pour accueillir les malades du Covid-19 dans les meilleures conditions possibles, tout en assurant la sécurité des personnels. Interview de Philippe Orliac, directeur du centre hospitalier des Massues.

Quelle a été la première étape de votre mobilisation dans le cadre de cette crise ?

Dès le 16 mars, à la veille du confinement, nous avons commencé par déprogrammer la majorité des soins non urgents prévus pour nos patients. En effet, toutes les activités qui n’étaient pas impératives ont été reportées sine die pour que nous puissions nous impliquer activement dans l’accueil et la prise en charge de malades atteints du Covid-19. Ainsi, c’est à la même date que nous avons répondu présents, à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, et que nous avons créé une unité Covid-19. Elle est rapidement passée de 15 à 24 lits pour faire face à l’augmentation des besoins, tout en répondant à des consignes de sécurité très strictes. Ainsi, un important travail d’isolement des flux a été réalisé, tandis qu’une équipe dédiée s’est constituée, sur la base du volontariat.

Quel est le profil des patients accueillis dans cette unité ?

Les patients accueillis dans cette unité sont en général des personnes âgées de plus de 70 ans, présentant les symptômes liés au Covid-19 mais atteints de plusieurs autres pathologies. La durée minimum de leur séjour est de deux semaines. Les patients proviennent de l’intérieur du centre comme de l’externe pour répondre aux demandes des hôpitaux partenaires. Dans cette première phase, nous n’avons pas reçu de patients sortant de réanimation après un séjour en médecine mais c’est désormais le cas.

Quel dispositif avez-vous mis en place pour accueillir les patients qui sortent de réanimation, dont les séquelles peuvent être importantes ?

Depuis le 4 avril, nous avons ouvert deux types d’unités de soins de suite et de réadaptation (SSR) à destination de ces patients : 15 lits en SSR post-Covid gériatrie (unité aujourd’hui upgradée à 22 lits) et 10 lits en SSR post-Covid adultes. L’une des spécialités du centre hospitalier des Massues est la rééducation de l’appareil locomoteur. Or, après un séjour plus ou moins long dans un service de réanimation, de nombreux patients sont très amaigris, ont besoin de se rééduquer à la marche : le savoir-faire de nos personnels soignants est alors indispensable.

Pour faire face à cette crise sanitaire sans précédent, votre établissement a dû faire preuve d’adaptation en un temps record. Toutes les équipes ont-elles été impactées ?

Adaptation en termes de ressources médicales, paramédicales, logistiques, informatiques, en lien avec la pharmacie, la sécurité, la restauration… Tout le monde a été concerné par cette réorganisation de notre activité durant la crise et je tiens à saluer tous les acteurs qui ont contribué à ce challenge. En outre, l’hôpital a dû se réadapter tout en continuant à déployer son projet médical, adopté en début d’année. Dans le cadre de ce projet d’établissement innovant, nous avons répondu avec beaucoup de réactivité à un fort besoin en termes de mise en place de la télémédecine et de la téléconsultation pour nos patients atteints de handicap et de maladies chroniques. Afin de ne pas rompre avec les suivis thérapeutiques pendant le confinement, 280 consultations à distance ont été réalisées ces dernières semaines.

Dans ce contexte difficile, la solidarité est-elle également à l’honneur ?

Tablettes numériques afin d’assurer la connexion de nos patients avec leur proches, protections en plexiglass, visières, chocolats… Nous avons reçu de nombreux dons, bienvenus en cette période de crise. La solidarité est aussi celle des bénévoles de la Croix-Rouge de Lyon, qui se mobilisent à nos côtés pour assurer l’accueil du public à l’entrée de l’hôpital, où nous avons mis en place un premier « checkpoint ». Selon une organisation bien rodée, bénévoles et personnels de l’établissement y reçoivent les visiteurs et prennent leur température afin de ne pas faire entrer de patients potentiellement atteints du Covid-19 dans les services traditionnels. A l’heure du déconfinement, ce dispositif est indispensable pour que nous puissions reprogrammer progressivement l’ensemble des soins... en toute sécurité.

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