Aujourd’hui, 2,7 milliards d’habitants de la planète sont dépourvus de systèmes d’assainissement de base et 880 millions n’ont pas accès à l’eau potable. En Haïti,150.000 personnes ont un accès quotidien à une eau potable grâce à vos dons.

Les équipes eau et assainissement de la Croix-Rouge française et de la Croix-Rouge haïtienne travaillent aujourd’hui à améliorer la qualité des douches et latrines d’urgence dans les camps de rassemblement de Port-au-Prince et Delmas.

Eau et assainissement : consolidation des équipements à l’approche de la saison des pluies

570 latrines, 410 douches sur une quinzaine de sites de rassemblement, les équipes de la Croix-Rouge française (CRF) et Croix-Rouge haïtienne (CRH) ont abattu un travail colossal ces deux derniers mois. Alors que les évaluations se poursuivent sur une cinquantaine d’autres sites pour poursuivre la mise en place d’autres structures d’assainissement d’urgence, on se préoccupe également de leur pérennisation et de leur appropriation par les communautés.

En améliorer la qualité est une priorité de la Croix-Rouge française, ainsi que la promotion à l’hygiène.

Pour l’heure, les équipes de la Croix-Rouge française et de la Croix-Rouge haïtienne posent des portes à loquet et sur les latrines et les douches, là où il n’y avait jusqu’à présent qu’une bâche en plastique. Sur les petits sites, cette précaution, avant la pose de cadenas des cadenas, va permettre d’attribuer chaque latrine ou douche à un certain nombre de familles qui seront responsables de leur entretien.

Sur les grands sites, le fait de pourvoir fermer les portes permet notamment de préserver la sécurité des femmes par exemple. Des toitures vont également être ajoutées.

Préparation de la saison des pluies

Dans le même temps, d’autres équipes sont à pied d’œuvre pour drainer le sol aux alentours des installations. Une nécessité à l’approche de la saison des pluies. « Nous creusons une rigole à moins d’un mètre des latrines ou douches, que nous comblons avec des pierres et recouvrons de graviers, afin que l’eau s’écoule vers un puisard, que l’on creuse plus loin », explique Kenny, chef d’équipe. Les douches et latrines sont également surélevées et consolidées.

Par ailleurs, la promotion à l’hygiène est capitale. Sur quelques sites, ont été constatés certains problèmes d’utilisation et d’entretien. « Tout notre travail consiste désormais à faire passer les messages sur l’hygiène, l’entretien des latrines et la gestion des déchets, qui est aussi un vrai problème dans les camps », explique André, délégué eau et assainissement. Les équipes de sensibilisation sont donc là pour aider les communautés à identifier les problèmes, à faire émerger des besoins et à trouver des solutions au niveau de la communauté. Des kits de nettoyage contenant des produits et du matériel d’entretien seront ensuite distribué pour nettoyer douches et latrines et dans un deuxième temps pour évacuer les déchets, qui sont souvent jetés n’importe où. « Nous n’allons pas faire à la place des gens mais avec les gens », insiste André.

Quant à la distribution d’eau potable, elle se poursuit quotidiennement par camions citernes sur 66 sites de Delmas et Port-au-Prince. Mais il s’agit maintenant de connecter les réservoirs mis en place par les équipes de réponse à l’urgence au réseau existant. Et pour aider les équipes Croix-Rouge des experts de Veolia, partenaire de la Croix-Rouge française, ont été missionnés pour expertiser le réseau haïtien à Port-au-Prince et à Petit Goâve afin d’envisager à plus long terme un soutien de la Croix-Rouge pour leur réhabilitation.

La Croix-Rouge française s’engage au quotidien dans l’installation de systèmes d’assainissement de base et l’accès à l’eau potable.

3 questions à Sébastien Renou, délégué en mission internationale, spécialisé en eau et assainissement

Sébastien fait partie de la délégation Croix-Rouge française en Haïti, depuis le séisme du 12 janvier. Deux mois après cette catastrophe, il dresse le bilan des projets eau mis en place dans le pays.

En quelques semaines, la Croix-Rouge française s’est imposée comme un acteur majeur dans le domaine de l’eau. Elle produit actuellement 800 mètres cube d’eau potable par jour pour 150 000 personnes, ce qui en fait le premier producteur en Haïti parmi tous les acteurs humanitaires présents. Des réservoirs souples d’eau ont été installés sur 65 sites, à Port-au-Prince.

Allez-vous augmenter la capacité de production d’eau potable ?

Non, nous sommes arrivés à notre maximum, compte tenu du budget dont nous disposons. En revanche, nous avons prolongé la durée de cette mission de post-urgence sur six mois. Il y aura des besoins pendant au moins un an dans les camps. Nous allons arrêter progressivement le transport d’eau par camions citernes, qui est très onéreux, pour nous concentrer sur la réhabilitation des réseaux d’eau existants à Port-au-Prince et à Petit-Goâve, où les infrastructures étaient très bonnes avant le séisme.

Comment va se dérouler cette mission et qu’allez-vous faire concrètement ?

La société nationale de gestion de l’eau, la DINEPA, a sollicité la Croix-Rouge française pour réhabiliter le réseau, principalement à Petit-Goâve. Notre objectif est d’en faire un réseau de référence. Nous allons dans un premier temps réparer les infrastructures, très endommagées, améliorer leur efficacité. Pour ce faire, nous allons notamment former le personnel de la DINEPA. La société VEOLIA nous appuie dans cette démarche en mettant à disposition ses experts, dans le cadre d’un partenariat. Nos deux expertises réunies devraient permettre de rendre le réseau d’eau très efficace et pérenne.

La mission risque-t-elle d’être compromise par l’arrivée de la pluie ?

C’est notre grande inquiétude. Durant la saison des pluies, ce sont des trombes d’eau qui s’abattent. Avec les inondations prévisibles, l’hygiène va se dégrader et il y a un fort risque d’épidémies du type gastroentérite et maladies de peau.De plus, beaucoup de personnes déplacées se trouvent dans le bas de la ville de Port-au-prince, d’autres se sont installées sur des zones inondables, voire dans les lits des rivières ! On redoute surtout les glissements de terrain et l’effondrement des maisons qui ont subi le séisme et tiennent à peine debout.

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