Depuis plusieurs années, la région d’Agadez constitue le passage obligé vers le Maghreb et l’Europe. Des dizaines de milliers d’exilés y transitent chaque année, souvent démunis et en situation de détresse absolue. La Croix-Rouge française, aux côtés de la Croix-Rouge nigérienne et soutenue par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) leur apporte une assistance humanitaire et une protection essentielles.
Le Niger est devenu au cours de ces dernières années l’une des principales portes d’accès vers l’Europe. Nul ne sait pour combien de temps. Les flux migratoires bougent au gré des fermetures des frontières, des politiques européennes, des situations économiques ou politiques des pays d’origine... C’est toute la complexité du phénomène migratoire.
Deux catégories de migrants se croisent à Agadez : les candidats à l’exil et les « retournés », ceux dont la route s’est arrêtée en Algérie ou en Libye. Confrontés à des violences physiques, psychologiques ou à diverses formes de maltraitances, ils ont dû rebrousser chemin. L’échec est alors extrêmement douloureux, car ils ont tout perdu : argent, dignité, espoir. Dans le respect de ses principes fondamentaux, le Mouvement Croix-Rouge intervient sans aucune discrimination et apporte assistance et protection à tous les migrants. « Pour nombre d’entre eux, la Croix-Rouge est la seule structure à qui ils peuvent se confier sans risquer d’être trahis, où ils sont assurés d’une écoute et de conseils », explique la cheffe de la délégation Croix-Rouge française au Niger, Kossia Nicole N’da Attro. Certains parlent même d’« une seconde famille » en évoquant la Croix-Rouge.
Une prise en charge médicale et psychosociale
La Croix-Rouge française en appui de la Croix-Rouge nigérienne, intervient à Agadez depuis 2013 dans l’assistance médicale aux migrants en transit. Depuis mi-2016, les cliniques mobiles ont été intégrées à la mission pour répondre à des besoins non couverts, sur les sites de regroupement des migrants à Agadez et depuis 2018, sur deux autres départements, Arlit et Dirkou, à la lisière du désert. Les équipes Croix-Rouge se rendent sur différents sites pour prodiguer des soins aux migrants : dans des structures sanitaires ou des centres de soins, dans des foyers (concessions de la ville louées par des passeurs, aussi appelés ghettos) où des maisons closes, qui font office d’hébergement. Les migrants sont en majorité de jeunes hommes de 20 à 35 ans. Massés entre quatre murs, ils sont condamnés à l’attente, dans la clandestinité, l’insécurité et la précarité. Les femmes, quant à elles, sont poussées à la prostitution, un autre marché parallèle très lucratif.
Le soutien psychosocial est un autre pan essentiel des activités de la Croix-Rouge. Le travail s’effectue sous forme de groupes de paroles ou d’entretiens individuels avec un responsable psychosocial, en salle d’écoute ou dans les cliniques mobiles. Des activités complémentaires sont menées comme la distribution de kits hygiène et kits d’accouchement, la sensibilisation à l’hygiène et à la santé, ou encore l’organisation d’initiations aux gestes de premiers secours. A cela s’ajoutent depuis 2013 des activités de rétablissement des liens familiaux (RLF), permettant aux migrants de renouer le contact avec leurs proches souvent sans nouvelles d’eux depuis leur départ sur les routes de l’exil.
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Nos missions en 2018
Assistance humanitaire et de protection des populations migrantes en transit dans la région d’Agadez
645 cliniques mobiles (soit 53,45 cliniques mobiles par mois) réalisées au sein des ghettos et maisons closes
5 835 migrants vus en consultation
8 402 participants aux séances de sensibilisation sur l’hygiène de base, le VIH/sida et autres maladies sexuellement transmissibles, les violences sexuelles, le paludisme, la tuberculose, etc.) ;
Prise en charge médicale
8 402 migrants (soit 700,16 migrants par mois) vus en consultation à la salle de soins de la Croix-Rouge ;
248 migrants pris en charge au CHR /CSME d’Agadez pour complications médicales ;
913 ravitaillements des foyers en produits d’hygiène (grésil, eau de javel, savons).
Accompagnement psychosocial
410 migrants ont bénéficié d’un suivi individuel (dont 231 hommes et 179 femmes)
8 020 participants à des groupes de paroles (5060 hommes et 2960 femmes)
844 séances de groupes de paroles