Arrivé en France en mars dernier après avoir fui la Côte d’Ivoire, Stéphane s’est fait très vite une place dans l’équipe du Repair Lab* de Montpellier. Avide d’aider les autres et habile de ses mains, Stéphane donne bien plus que des coups de pouce.

Il est arrivé souriant, comme à chaque fois qu’il vient. Stéphane vit à Carcassonne, à 200 km et 1h40 de train de Montpellier (Hérault). Mais une fois par mois, deux parfois, il fait le déplacement et revêt la chasuble de la Croix-Rouge. « Si vous saviez, c’est tellement important pour moi d’être là !, prévient-il d’emblée. Pour moi, c’est ici que tout a commencé. »

A peine arrivé, il se met au travail. Véritable armoire à glace, Stéphane salue les autres bénévoles et salariés, ainsi qu’un certain nombre de personnes qu’il connaît déjà. Et d’autres, arrivés entre-temps, qu’il découvre. Au sein du Repair Lab, l’électronique est son domaine de prédilection. Mais pas seulement, comme nous allons le constater en partageant cette après-midi d’octobre avec toute l’équipe.

« J'adore donner des coups de pouce, explique cet Ivoirien de 32 ans. C'est très gratifiant, ce sont de petits gestes mais qui comptent beaucoup. J'aide des gens qui n'ont rien, et je donne ce que je peux ». Stéphane a quitté la Côte d'Ivoire en mars, « ma vie était en danger là-bas », dit-il simplement. Il y travaillait dans la vente de matériel informatique. Arrivé en France, il confie avoir obtenu son titre de séjour assez rapidement. Hébergé dans un premier temps dans ce centre d’accueil de Montpellier où le Repair Lab vient de s’installer, il croise Louise Brosset. « Je lui ai dit : « Je suis en manque d'activité ici, je voudrais aider, faire quelque chose. » Elle a dit OK et j'ai été bien accueilli. »

Il le reconnaît facilement, « je suis très débrouillard. » Un jeune homme arrive. Le disque dur de son ordinateur portable PC est en panne. Stéphane le répare avec une facilité déconcertante. Un téléphone ne fonctionne plus très bien, impossible d’entendre correctement les interlocuteurs ? Il le nettoie et le rend comme neuf. Un écran cassé, une tablette trop lente ? Il a la réponse à tout, ou presque. Mais Stéphane ne répare pas que les appareils électroniques. Le voici qui s’empare d’un vélo ou encore du bracelet d’une montre qu’il rafistole en un coup d’œil, pour le plus grand bonheur de leurs propriétaires.

Il dit aimer bricoler, certes. Mais d’abord le contact avec d'autres personnes. « On discute, on rigole, on échange. Mais aussi je leur apprends comment faire. Pour que ces gens ne restent pas bénéficiaires toute leur vie mais puissent aussi agir à leur tour. » Quand il le pourra, en fonction de l’emploi qu’il trouvera, Christian envisage de s’installer dans une plus grande ville que Carcassonne, peut-être à Toulouse, à Lyon ou ici, à Montpellier. En attendant, il donne de son temps. « La Croix-Rouge m'a beaucoup aidé, reprend-il en train de manier un tournevis pour réparer une valise. La joie qu'ils m'ont donnée, je veux pouvoir la rendre aux autres. J'ai trouvé une famille ici, vraiment, je n’exagère pas. Cette équipe, ces personnes, c’est vraiment une seconde famille pour moi. »

* Le Repair Lab est un dispositif mobile de réparation humanitaire : il s'agit d'un véhicule aménagé qui intervient dans les lieux de vie informels (camps, centre d'hébergement d'urgence, squat...). Pour retrouver le reportage complet, cliquez ici.

Texte : Alexandre Duyck / Photo : Christophe Hargoues

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