Hulo : Ensemble, nous sommes plus forts !
Publié le 17 octobre 2024
Dans quel but a été créée la coopérative hulo ?
Elle a été conçue par des responsables logistiques pour servir les organisations humanitaires. Chacune travaille habituellement en silo. Chacune a besoin de fonds* pour pouvoir répondre à une crise et va pour cela faire un appel à dons, lancer une campagne ou des opérations de fundraising. En parallèle, elle va solliciter le marché pour effectuer des achats de matériels. De facto, il y a des redondances d’une organisation à l’autre. Avec hulo, nous leur avons ouvert la possibilité de mutualiser leurs besoins, leurs ressources, de mettre en commun leurs moyens pour réduire leurs frais de fonctionnement et combler ainsi un déficit de financements extérieurs. Non seulement cette mutualisation des moyens réduit les coûts des opérations, mais elle permet d’apporter une réponse de qualité, rapide et efficace. Chaque euro investi doit être le plus performant possible. En outre, en alliant leurs forces, les organisations gagnent en visibilité et en pouvoir d’influence. Ensemble, nous devenons un acteur incontournable pour les autorités françaises, des grandes fondations, des bailleurs, etc.
Pouvez-vous nous donner des exemples de coopération ?
Nous avons plein d’exemples concrets ! Je peux citer une collaboration au Burkina Faso autour de l’achat de kits humanitaires de première nécessité dans un contexte de déplacement de population, notamment. Dix associations se sont regroupées autour d’un seul appel d’offres, ce qui a eu pour effet de réduire les charges administratives, le coût des achats et d’augmenter la qualité de services.
Les organisations peuvent également mutualiser leurs ressources humaines. Ainsi, en République de Centrafrique, 7 organisations humanitaires avaient un besoin de réhabilitation électrique de bâtiments, suite à l’incendie d’un entrepôt de stockage de médicaments à Bangui. Par le biais de la coopérative hulo, un expert en électricité a été identifié pour faire un état des lieux, effectuer les achats nécessaires sur place et qui plus est, former des électriciens locaux pour mettre les équipements aux normes standard. Il a ensuite assuré le pilotage des différents chantiers réalisés. Ce dispositif s’est avéré ultra-performant.
Autre exemple, pour mettre en place un pont aérien, nous avons créé une plateforme digitale qui collecte les besoins de transport international pour la communauté humanitaire. Plus d’une centaine d’organisations sont inscrites sur cette plateforme, ce qui permet de mettre à disposition et remplir des appareils pour transporter du matériel.
Sur 2023, nous avons ainsi obtenu une réduction des coûts de 15 % en moyenne et, mécaniquement, une hausse de la qualité de service. L’effet volume fait que le prix baisse. C’est gagnant-gagnant. Le Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge en bénéficie très largement car il est impliqué sur pratiquement tous les vols et toutes les crises.
En quoi notre engagement est-il intéressant pour vous ?
Le Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge est un acteur incontournable de la solidarité au national et à l’international. En plus de ce rayonnement, il constitue une porte d’entrée sur tous les terrains du monde. Votre présence au sein de hulo est aussi un gage de qualité de confiance qui rassure les Sociétés nationales et les autres acteurs humanitaires. Nous nous sommes notamment inspirés de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui procède elle aussi à la mutualisation des moyens.
Qui fait partie de hulo et comment vous rejoindre ?
En France, presque toutes les organisations humanitaires sont membres de la coopérative. La Croix-Rouge française est l’un de ses membres fondateurs avec 8 autres organisations. Comment s’investir dans la coopérative ? Tout est basé sur le volontariat. Mais il y a plusieurs degrés d’engagement. Être membre est le niveau le plus important, comme c’est votre cas. Les membres sont en quelque sorte les ambassadeurs de la mutualisation. Tous partagent la même vision, les valeurs, les pratiques, les procédures… Ensuite, toute organisation humanitaire peut participer aux activités conjointes proposées par hulo. Nous leur demandons de signer la « charte projet » qui souscrit aux règles du jeu de la mutualisation. En effet, il est indispensable que tout le monde obéisse aux mêmes règles pour bien fonctionner. La mutualisation crée une forme d’interdépendance, coopérer avec les mêmes engagements permet à tous les participants d’obtenir des résultats.
Qui sont les financeurs de hulo ?
Nos trois partenaires sont la DG ECHO, les gouvernements français et américain. Nous bénéficions également de certains mécénats et dons en nature, à travers les membres de la coopérative qui mettent à disposition leurs propres ressources. Autre source essentielle, le temps que les membres consacrent à hulo. Le temps, c’est de l’argent. Nous nous appuyons sur des personnes qui s’investissent au niveau global (responsables logistiques), local et régional. Ce système permet à la coopérative de vivre. Enfin, nous avons un accord de partenariat avec la Fondation Airbus pour des prestations très onéreuses. Au Burkina Faso, par exemple, où le transport routier est trop dangereux, nous avons pu obtenir des transports par hélicoptère pour apporter de l’aide humanitaire.
Quelles sont vos perspectives de développement ?
La coopérative a trois ans, nous sommes dans une phase de transition. C’est le temps qu’il a fallu pour s’assurer et démontrer concrètement, scientifiquement, que notre vision était atteignable, pertinente et efficace. En 2023, 63 organisations humanitaires ont participé à au moins une activité proposée par hulo. A présent, il est temps de se mettre à l’échelle, transformer le système pour qu’il devienne la nouvelle règle. Nous nous sommes fixé plusieurs objectifs : accélérer notre déploiement à l’international, financer notre organisation - car on ne peut pas compter sur les bailleurs ad vitam aeternam -, développer le digital et enfin augmenter le nombre de membres. On aimerait notamment pouvoir s’appuyer sur davantage d’acteurs locaux, comme les Croix-Rouge et Croissant-Rouge.
*Sur les plus de 55,5 milliards de dollars demandés pour 2023 (OCHA), les départements logistiques sont responsables de l'achat des biens et services répondant aux besoins de plus de 363 millions de personnes vulnérables en difficulté dans le monde.
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