Jusqu’au 25 août, la Caravane d’été de la Croix-Rouge française va s’arrêter dans 16 villes de France et dispenser, à qui le souhaite, une série d’initiations aux gestes qui sauvent et à la réduction des risques.

Parmi les nouveautés de cette 9e édition, la Maison Géante qui suivra la Caravane étape par étape pour éveiller l’attention des adultes sur les risques domestiques encourus par les enfants en bas âge.

Le constat est simple : les personnes ne sont pas préparées pour faire face aux risques naturels, technologiques ou domestiques. Pour Nelly Perez, coordinatrice nationale du projet, la Caravane d’été « permet de rencontrer les gens quand ils sont en vacances et donc disponibles ». Ainsi, ils peuvent prendre le temps de participer aux formations et de découvrir les actions de la Croix-Rouge française, dans ses délégations locales. A ses côtés, une dizaine de bénévoles va sillonner la France durant tout l’été. Le samedi 10 juillet, la Caravane a fait sa première halte à Saint-Quentin.La formation aux gestes qui sauvent et au défibrillateur

« Vous m’entendez, vous m’entendez ? Si oui, ouvrez les yeux !». Bernard Blondel, formateur aux premiers secours à Saint-Quentin, vient de commencer sa séance d’initiation aux gestes qui sauvent. Penché sur son mannequin, il explique aux participants qu’il faut d’abord vérifier l’état de conscience de la personne en difficulté. Savoir ensuite si elle respire et, évidemment, appeler les secours et chercher un défibrillateur. On pourrait se dire : à chacun son métier, j’attends les secours en tenant simplement la main de la victime qui est peut-être mon père, ma grand-mère, mon voisin. Mais, depuis 2007 et la mise à disposition de défibrillateurs au public, dans les gares, les pharmacies, les aires d’autoroute ou encore les supermarchés, tout le monde peut agir et ce, dès les premières minutes suivant l’accident.« Si 20% de la population était formée aux gestes de premiers secours on éviterait 10 000 morts par an », précise Joffrey Milleville, instructeur du secourisme. De groupe en groupe, les mines sont toujours perplexes au moment d’ouvrir la pochette renfermant le fameux défibrillateur.

Le soulagement est unanime quand les personnes découvrent la simplicité d’utilisation de l’appareil. « Finalement, il suffit de suivre les instructions que donne la machine ! », s’exclame Julien, agréablement surpris. Evidemment, chacun espère ne jamais avoir à s’en servir. Mais «dans 80% des cas, la situation se présentera dans un environnement proche. Il vaut donc mieux que tous les membres de la famille apprennent à manipuler le défibrillateur», estime Joffrey. Jusqu’à 45 personnes sont formées toutes les 45 minutes par nos équipes. Le public repart serein, formé, avec un diplôme de la Croix-Rouge française et des cadeaux siglés (porte-clé, ballon de plage, bracelet, crayons de couleur et trousse de secours).

L’initiation à la réduction des risques (IRR)

Les initiations proposées se diversifient pour s’adapter au mieux aux situations que l’on risque de vivre, comme une inondation, un tremblement de terre, un nuage toxique, etc.En une heure, photos à l’appui, l’initiateur de la caravane parvient à balayer toute une série de mises en situations, à interpeller le public sur son degré de préparation, sur ses responsabilités face à une catastrophe, quelle qu’elle soit.

Quelle est la définition même d’une catastrophe ? Comment organiser un point de ralliement avec les membres de sa famille ? « Les secours publics ne pourront pas toujours faire face, il faut donc que chacun se prenne un peu en charge en attendant l’arrivée des secours », explique Patrice Dallem, directeur national de l’urgence et du secourisme. Il faudrait, idéalement, savoir satisfaire cinq besoins vitaux : assurer les soins en cas de blessure, la protection, le signalement aux secours, avoir de quoi boire et manger, en attendant les secours.

Le catakit, élaboré par la Croix-Rouge française, est un grand sac de secours, qui permet de tenir plusieurs jours de façon autonome, de s’auto-protéger. Il contient, par exemple, des couvertures de survie, du désinfectant, des bâches, des gants, une lampe-radio à dynamo, des bougies étanches, etc. Le catakit n’est pas commercialisé mais il doit inspirer les personnes ayant suivi la formation à constituer une trousse de secours similaire, correspondant à leurs besoins, à garder à disposition en cas d’urgence. C’est cela, « se préparer à être prêts ».

La maison géante

La Maison Géante ne passe pas inaperçue sur le site de la Caravane d’été. Et pour cause, les dimensions des chaises, WC, mobilier, accessoires, etc. sont multipliées par deux. Les adultes, puisque c’est à eux que la Maison Géante s’adresse, réalisent ainsi à quel point l’environnement domestique peut être hostile à un enfant de deux ans et avec quelle facilité il peut se blesser.

Si les parents se préoccupent naturellement des risques auxquels sont exposés leurs enfants, ils ne connaissent pas forcément le comportement ni les équipements à avoir à la maison. Peut-être parce que les risques d’accidents domestiques ne sont pas toujours bien identifiés.

« A la maison on ne fait pas grand-chose comparé aux risques sur la route alors qu’elle tue quatre fois moins que les accidents domestiques », déplore Patrice Pabot, animateur du réseau IPAD (Institut de Prévention des accidents domestiques). «Nous avons dix ans de retard par rapport à un pays comme l’Allemagne qui compte quatre fois moins d’accidents domestiques qu’en France, avec ses 12 000 morts par an ! ».

Le public se sent évidemment concerné et écoute avec attention les trucs et astuces que leur donne Patrice : « poser des rampes adaptées sur les escaliers, une grille devant le four, un cache sur les toilettes, des tapis antidérapants, etc. »

Christine Guisnet-Meyer a suivi la présentation de la Maison Géante avec beaucoup d’attention « on ne se rend pas compte que pour un enfant, un escalier c’est si grand ! Quand il descend, c’est comme s’il se jetait dans le vide ! J’ai toujours fait attention aux bouteilles de produits électroménagers et à ne pas les transvaser dans des bouteilles de limonade. Mais il faut prendre tellement de précautions que je me dis, par fois, qu’il faudrait passer un permis pour avoir des enfants ! ». Un permis, peut-être pas, mais pourquoi pas une formation ?

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