Premier poste de réhydratation orale au camp Maurice Bonnefil
Publié le 26 novembre 2010
« Je suis fier de faire cela pour ma communauté et on est encadrés par la Croix-Rouge, alors ça va…. » sourit Claude, habitant du camp Maurice Bonnefil, qui fait désormais partie du petit pôle communautaire chargé de prendre en charge les éventuels patients atteints du choléra. Cette apparente décontraction n’enlève en rien le poids de la responsabilité qui pèse sur les épaules de Claude, Chrisla, Alvina, Medor Geannot et Honorat. 5 personnes choisies par les équipes de la Croix-Rouge française/Croix-Rouge haïtienne (CRF/CRH) au sein du comité central du camp et du comité hygiène et assainissement, avec lesquels la CRF travaille depuis le 12 janvier. Mercredi, installé sous la tente du poste de réhydratation orale (PRO), Pierre, médecin de la CRF, a formé cette équipe communautaire sur la pathologie et les bons comportements à adopter face à un malade. Il s’agissait d’abord de dédramatiser la situation : « Ce n’est pas parce que vous touchez quelqu’un qui est atteint du cholera que vous allez être contaminé. La contamination s’effectue ra seulement si vous portez vos mains ou des aliments souillés à la bouche…», rassure le médecin. Puis d’expliquer comment se prépare une solution à base de sels de réhydratation orale, et de répondre aux questions de ces « anges gardiens » communautaires. « On a déjà eu plusieurs cas ici à Bonnefil. Le problème est que les gens ont honte… L’autre jour, une dame malade s’est cachée dans sa tente puis est partie seule en bus pour aller se faire soigner… », raconte Claude. « Justement c’est à vous d’aller voir ce qui se passe, d’aller détecter les gens malades, il faut vous faire connaître et que les gens sachent que vous êtes là pour eux… », répond Najwa , déléguée Promotion de l’hygiène.
« L’idée est d’autonomiser les communautés, car nos équipes ne peuvent pas intervenir partout à tout moment. Nous aménageons en priorité les sites où des cas de choléra se sont déclarés. Et nous ferons notre maximum pour installer des PRO dans le maximum de camps, lorsque l’espace le permet», explique la déléguée. La veille, Nirva et Sylienne, membres de l’équipe Promotion de l’hygiène de la CRF, ont formé les 5 volontaires sur les bonnes pratiques d’hygiène, la diffusion des messages auprès de la population et la désinfection. Ces deux infirmières, de longue date volontaires de la Croix-Rouge Haïtienne, rentrent tout juste de l’Artibonite où, durant un mois, elles ont formé les volontaires de la CRH et mener des campagnes de sensibilisation/pulvérisation dans les endroits les plus reculés de la région où s’est déclarée l’épidémie. Et la leçon est plutôt bien apprise : « Notre rôle est d’informer les gens du camp, de détecter les cas, de réhydrater oralement les personnes présentant des symptômes et de les référer vers un centre de santé ou le Centre de traitement du choléra le plus proche », explique la jeune Chrysla. « Nous allons nous relayer tous les jours par équipe de 4. Nous trois (désignant Médor et Claude), on s’occupe de la désinfection. On a été formés par la Croix-Rouge à préparer des solutions chlorées pour pulvériser chez les gens, s’ils ont un malade », ajoutent Honorat. «Vous prenez là une grande responsabilité et la tâche n’est pas facile, mais vous pouvez compter sur nous pour vous aider », rassurent les délégués CRF. Jeudi, les derniers équipements ont été amenés sur le site, équipements de protection pour les pulvérisateurs, chaises, dépliants, chlore, seaux, cuillères doseurs… Sur la suggestion de Chrysla, une réunion communautaire a également été planifiée pour présenter la nouvelle équipe aux habitants du camp qui connaissent déjà bien ces intervenants, membres actifs de la communauté. De nombreux observateurs s’accordent à dire que les semaines à venir seront tendues, période électorale oblige… Il est donc primordial que les communautés, comme ici à Bonnefil, soient en mesure de réagir de façon adaptée et autonome face à un cas de choléra.