Pour les personnes les plus fragiles, victimes de la baisse du pouvoir d’achat et de la montée du chômage, la récession vers laquelle nous nous dirigeons va aggraver les difficultés. En France, de nombreux observateurs constatent depuis quelques mois l’émergence d’une nouvelle pauvreté due aux retombées de la crise financière. Les causes de ce phénomène ? Trois principalement : l’augmentation des prix des loyers, de l’énergie et des produits alimentaires de base, tels que le lait, les pâtes, le riz.

Depuis la fin 2007, des "nouveaux pauvres" viennent donc de façon régulière dans les centres de distribution alimentaire mais aussi dans les établissements sanitaires et sociaux : des retraités, des salariés – dont certains travaillent pourtant à temps plein et en CDI mais avec de faibles rémunérations – et des étudiants, notamment dans les grandes villes, qui viennent demander à manger. De fait, la récession a précipité dans la précarisation des catégories inédites de la population.

À côté des familles monoparentales, arrivent des jeunes qui débutent leur vie professionnelle, en intérim ou en CDD de trois mois et dont leurs contrats n’ont pas été renouvelés. Viennent également demander une aide alimentaire des chefs d’entreprise en faillite, des petits commerçants qui doivent fermer leurs boutiques ou bien encore des fonctionnaires municipaux.

L’impact humanitaire et financier sur les associations.

Devant une telle crise, les associations caritatives doivent faire face à deux grands défis. Un défi humanitaire tout d’abord avec l’augmentation du nombre de bénéficiaires. Toutes les associations constatent en effet une hausse de la fréquentation de leurs centres. Didier Piard, directeur de l’action sociale à la Croix-Rouge française, constate une augmentation moyenne de 10 à 15 % mais avec des disparités d’une ville à l’autre. À Toulouse, "nos points de distribution alimentaire ont vu leur fréquentation doubler sur les trois derniers mois. Même tendance à Redon dans l’Ouest, où nous accueillons actuellement 1450 personnes contre 1150 en moyenne. À Aix-en-Provence enfin, nous constatons une hausse de 20 à 25 %. Il est clair que l’intensité de la pauvreté s’est aggravée".

Le deuxième défi à relever est d’ordre budgétaire. Non seulement les associations anticipent une baisse de la collecte de fonds, mais les gouvernements occidentaux ont déjà commencé à revoir leur budget pour les aides humanitaires. En témoigne l’exemple de l’Islande, dont le don d’un euro par habitant à la Croix-Rouge a pratiquement disparu. Plus globalement, certains analystes prévoient même une réduction d’un tiers, voire plus, de l’aide publique au développement.

Et dans ce contexte qui s’annonce difficile, les associations manquent de bénévoles. Il n’est pas toujours aisé en effet de trouver des bonnes volontés pour récupérer des produits sur les marchés à 6 heures du matin avant d’aller travailler. "Les gens nous font toujours confiance, estime Armand Perego – administrateur et président de la commission de l’action sociale de la Croix-Rouge française – mais ils ne pourront plus donner autant et par ailleurs nous nous attendons également à une baisse des subventions de la part des collectivités. Il faut donc développer des partenariats avec les entreprises. Dans le département du Bas-Rhin, nous sommes en pointe dans ce domaine puisque nous sommes partenaires d’une grande enseigne de distribution pour les denrées alimentaires et les vêtements."

Matthieu Douérin

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