De nombreux économistes tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années sur les risques qu’engendre la libéralisation effrénée des marchés financiers. La crise financière que nous connaissons est pire que celle de 1929 et les politiques néolibérales mises en place depuis la fin des années 1970 ont accru les situations de précarité et de pauvreté.

Si les associations caritatives peuvent faire beaucoup pour pallier les situations d’urgence et permettre à chacun de subvenir à ses besoins alimentaires quotidiens, elles ne peuvent pas tout à elles seules. Les États, en rendant effectif un véritable droit à l’alimentation (voir encadré), ainsi que les entreprises doivent prendre leurs parts de responsabilités. Ces dernières commencent d’ailleurs de plus en plus à intégrer les préoccupations sociales et environnementales dans leurs activités. C’est tout l’enjeu du concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), mis en lumière et débattu en octobre 2007 lors du grenelle de l’environnement.

Maximisation du profit

Plus globalement, il apparaît urgent de repenser notre modèle de développement et de modifier un système entièrement tourné vers la maximisation du profit. Beaucoup d’experts plaident pour l’instauration d’un nouveau contrat social planétaire fondé sur la solidarité entre le Nord et le Sud. Pour Muhammad Yunus – Prix Nobel de la paix en 2006, père du micro-crédit et auteur récemment de Vers un nouveau capitalisme –, il faut prioritairement s’occuper des trois milliards de pauvres que compte notre planète. Pour celui que l’on dénomme le banquier des pauvres, la pauvreté n’est pas une fatalité : "La pauvreté ne fait pas partie des sociétés humaines civilisées. Si nous le voulons nous pouvons l’éradiquer. Le jour où elle disparaîtra, nous pourrons alors créer un musée de la pauvreté pour que nos enfants et petits-enfants puissent se faire une idée de ce qu’était la pauvreté".

Volonté politique

Encore faut-il s’en donner les moyens budgétaires et avoir la volonté politique de le faire. Pour éliminer en 2015 les huit tragédies prioritaires identifiées par l’ONU, il suffirait de débloquer 82 milliards de dollars annuels sur cinq ans. Une somme que l’Occident prétend ne pas détenir. Et pourtant les 27 pays de l’Union européenne ont libéré en octobre dernier 1700 milliards d’euros pour venir au secours des banques, ce qui représente 13,6 % du PIB européen. À quand un plan de cette envergure destiné aux plus démunis ?

Manifestement il y a urgence.

Matthieu Douérin

À lire dans le même dossier