Les rues de Port-au-Prince étaient bien vides en cette matinée ensoleillée du 12 février… Les Haïtiens ont envahi les églises et les places publiques pour se recueillir collectivement en ce jour anniversaire, un mois après la catastrophe.

Circuler dans la capitale ce 12 février en matinée était d’une facilité déconcertante... Un contraste radical avec le trafic bondé quotidien… Comme si la ville s’était brusquement arrêtée de vivre et de fourmiller… Partout dans la ville, les Haïtiens, vêtus de blanc, se sont rassemblés dans les églises ou dans des espaces publics, à grand renfort de sono, pour se recueillir ensemble un mois après le séisme… Au camp Enfraza, sur Delmas 33, les allées du camp de fortune où vivent plusieurs milliers de personnes semblaient désertes… Et pour cause, tous les « habitants » s’étaient rassemblés sur une place jouxtant le camp, pour une cérémonie religieuse rythmée de chants gospel. Certains assis, d’autres debout, chantant ou dansant, chacun à sa façon, a pleuré ses morts, famille, amis…

Un moment de recueillement très important pour le peuple haïtien meurtri qui doit maintenant faire le deuil de ses disparus et aller de l’avant… Aller de l’avant, plus facile à dire qu’à faire… Jean-Robert, 21 ans, s’est réfugié à Enfraza depuis le 12 janvier avec deux amis : « Ma mère, ma sœur et mon frère sont morts… », lâche-t-il entre les sanglots qui l’assaillent… Un mois après, la douleur est comme au premier jour… Il montre les photos de ses proches disparus et dit qu’il ne veut pas aller à l’Eglise… Au deuxième dispensaire de la Croix-Rouge française sur Delmas 19, qui a quand même ouvert ses portes, le personnel et les médecins haïtiens qui y travaillent quotidiennement sont fidèles au poste, mais les patients ne se bousculent pas… Il est 11h, moment pour l’équipe de prier ensemble sous la tente médicale au cours d’une messe improvisée. Au dispensaire de la place Saint-Pierre, si les médecins sont également ici, l’accueil des enfants (pur les activités ludiques) a été suspendu pour le week-end. « Cette commémoration est extrêmement importante pour les Haïtiens, pour nos volontaires de la Croix-Rouge haïtienne ou pour nos staffs… », commente Colette, déléguée en soutien psychosocial pour la CRF. Ainsi, le choix a été laissé à tout le monde de travailler ou non, les équipes tournent donc au ralenti. Le moindre des respects…

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