Robyn Gason, Officier de recherches au Service de Rétablissement des liens familiaux (RLF) à la Croix-Rouge française, a été appelée et mandatée par le Comité International de la Croix-Rouge. Elle a fait partie de l’équipe d’experts déployée en Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier dernier.

Robyn Gason, Quatre jours après le séisme était déjà aux côtés des autres membres de l’équipe à Port au Prince. Pendant trois semaines, elle a été au plus près des Haïtiens pour les aider à reprendre contact avec leur famille sur place et à l’étranger. Une mission très importante, une première pour Robyn…

Après le tremblement de terre, des milliers de personnes en Haïti et à l'étranger étaient sans nouvelles de leurs proches. Une problématique qui avait déjà interpellé le Comité International de la Croix-Rouge lors du tsunami en Indonésie en 2004. Le CICR, était donc prêt à intervenir plus efficacement dès les premières heures. Pendant trois semaines, comme la plupart des humanitaires sur place, Robyn a mis toute son énergie au service de sa mission : rétablir les contacts entre les membres des familles séparées.

Elle s’est déplacée de camp en camp pour être au plus près de la population touchée par ce séisme. Le matériel nécessaire à cette opération était simple : quatre chaises, deux tables, un ordinateur et surtout deux téléphones satellites, objets de toutes les convoitises. « Je me souviens, les personnes patientaient quelques fois pendant une heure en plein soleil. La file d’attente était longue, il y avait des jeunes, des personnes âgées, des femmes, des hommes et des enfants aussi. Je n’oublierai jamais leur visage plein d’espoir à l’idée de joindre enfin leur famille.»

Depuis le début de cette opération, ce sont 3300 appels téléphoniques qui ont été émis et autant de familles rassurées ou du moins informées. Robyn a été témoin de ces retrouvailles téléphoniques. C’est avec émotion qu’elle nous raconte : « leurs premiers mots étaient souvent : « c’est moi, je suis vivant », ensuite ils donnaient des nouvelles du reste de la famille mais malheureusement elles étaient régulièrement mauvaises. Souvent l’émotion prenait le dessus, les larmes se substituaient aux mots, explique Robyn très émue. Après cet appel trop court - deux minutes au maximum - le soulagement d’avoir pu entendre ses proches était visible. Mais pour ceux qui n’avaient pas cette chance, la déception était grande. » Dans ces cas là, le site web du CICR "Family Links" prenait tout son sens. Il permettait à tous les survivants du séisme d’enregistrer leur nom, leur adresse et numéro de contact. Il permettait également à toute personne de publier le nom des membres de leur famille qu'ils cherchaient à contacter. Ce site est toujours opérationnel : http://www.familylinks.icrc.org/familylinks

Aujourd’hui, Robyn a repris ses fonctions au Service du RLF au siège de la Croix-Rouge française mais elle œuvre toujours pour les Haïtiens. Elle aide les parents qui sont en France à obtenir les autorisations de rapatriement pour leurs enfants restés au pays.

Si Robyn est revenue le 7 février de Port au Prince, Haïti est toujours présent dans son esprit : « Je suis encore très émue aujourd’hui de la dignité et du courage des haïtiens. La situation était catastrophique, ils manquaient de tout : d’eau, de nourriture, d’abris. Ils étaient pour beaucoup en deuil et cela ne les empêchait pas d’aller de l’avant. C’était incroyable de les voir réagir et d’essayer de s’en sortir. Loin des scènes d’émeutes qui ont pu être diffusées, ils faisaient preuve d’une grande solidarité.

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