Samedi 3 juin, notre président, Philippe Da Costa, notre directrice générale, Nathalie Smirnov, et Adriana Karembeu, notre ambassadrice, lançaient depuis Paris et Lille les Journées nationales de l’association. Une journée marathon, dans la liesse et l’allégresse parmi les quêteurs. Un temps fort, prélude à neuf jours d’une quête cruciale pour que vivent les actions locales.

Pour Hekmat, c’est une première ; la première quête en tant que bénévole Croix-Rouge. Alors forcément, au moment d’enfiler sa tenue, l’appréhension envahit même les plus gouailleurs comme lui : « cette collecte, c’est ce qui va nous permettre de financer, ou pas, toutes nos actions locales. Trop peu de gens le savent », souffle le bénévole engagé il y a près d’un an à l’unité locale des 1er et 2e arrondissements parisiens, pour y faire des maraudes et sur le point de devenir équipier secouriste. Pour d’autres, comme Gérard, « 70 ans dont cinquante de Croix-Rouge », les Journées nationales, « c’est presque un rituel, mais toujours un temps fort ! Je n’en ai d’ailleurs jamais loupé une ! » Lui qui a toujours vécu dans le quartier des Halles en connaît « toutes les rues, tous les bons coins où faire tinter sa tirelire : les feux rouges sur les quais de la Seine, les rues commerçantes, comme la rue Montorgueil, les bonnes boulangeries aux portes desquelles se poster... »

Les deux hommes ont le même sourire, le même allant - « le plaisir d’être ensemble ! », sourit Gérard, « sans compter qu’aujourd’hui, on a des renforts de choc », lance-t-il fièrement. Le président Philippe Da Costa, la directrice générale Nathalie Smirnov et Adriana Karembeu, son ambassadrice emblématique depuis 24 ans, sont au rendez-vous pour donner, à 10 heures tout juste, le coup d’envoi des Journées nationales de l’association au jardin Nelson Mandela. Neuf jours d’une collecte cruciale pour que vivent, au quotidien, les actions de solidarité menées en métropole comme en Outre-mer. Le point de ralliement a été fixé au pied d’un totem digital - une immense croix rouge.

« On a besoin de vous »

« Ces derniers temps, crise Covid, inflation, guerre en Ukraine synonyme de hausse des coûts de l’énergie et des denrées, entre autres, ont plongé dans la précarité une grande partie de la population », déclare Philippe Da Costa devant les nombreux médias présents. Et de préciser que « le nombre de personnes accueillies dans nos centres de distribution alimentaire et nos épiceries sociales de l’association a augmenté de 22 % en un an. Cette quête est donc un rendez-vous incontournable avec la population. Une occasion unique de faire découvrir les actions locales menées en faveur des plus fragiles. À ses côtés, Adriana Karembeu, lance aux bénévoles réunis : « N’hésitez pas ! On a besoin de vous ! »

Au « village Croix-Rouge », dressé pour l’occasion sur le parvis du jardin parisien, ces actions locales, justement, interpellent les passants. Au stand dédié aux plus jeunes, il y a ce papa, « content de pouvoir parler, via le dessin, de la Croix-Rouge » avec ses deux tout-petits. Sur le stand listant les actions sociales menées dans le quartier, la présentation sous forme de jeu des ingrédients-clés d’une maraude fait d’ailleurs un carton. Casquette de titi parisien sur le crâne, un discret nonagénaire pose mille questions avant de glisser pudiquement quelques pièces dans la tirelire posée sur une table. Trois adolescentes, qui comptaient traîner dans le forum des Halles, s’arrêtent, intriguées, puis séduites. Avant de laisser elles-aussi quelques euros.

Edouard, jeune président d’unité locale de 24 ans à peine, a le sourire. « Il faut dire que cette année, la quête est un enjeu fort pour nous. On vient de déménager et il faut que notre local puisse vivre : on voudrait transformer notre laverie solidaire en accueil de jour multi-services, développer notre pôle informatique, pouvoir faire de la domiciliation… bref, créer un véritable parcours pour les personnes que l’on accompagne. Alors, pour nous, chaque euro compte ! »

Il n’y a pas de « petit don »

Il n’y a pas de petites pièces, chacun donne ce qu’il veut, ce qu’il peut. Des allées bordant le forum des Halles à la gare du Nord, en passant par la rue Saint-Denis, l’équipe de quêteurs lancée dans le sillage d’Adriana le martèle. Des trottoirs aux terrasses de café, de brocante en friperie, le passage de ce cortège et de l’égérie de l’association fait se retourner toutes les têtes et provoque parfois de joyeux attroupements ébahis. Adriana sait qu’elle quête pour la bonne cause - alors elle prend le temps, avec chacun, de poser pour une photo souvenir… tendant sans hésitation sa tirelire, avant de distribuer aux donateurs du jour un petit sticker blanc floqué d’une croix rouge.

Solidarité à tous les étages

À ses côtés, Hekmat et Loïc s’enhardissent. Dans les troncs des deux bénévoles, les pièces tintent, et le TPE permettant de recevoir les dons en carte bancaire chauffe. « J’adore ! », lance Hekmat. Nathalie Smirnov, directrice générale de l’association, n’est pas en reste. Pour elle aussi, cette quête est une première ! « Les gens sont bienveillants et généreux », commente-t-elle. Et les rencontres parfois touchantes. Un ouvrier indien qui passait par là rattrape Nathalie Smirnov et glisse 10 euros dans sa tirelire. « It’s nothing, sorry… But it’s for Red Cross. Red Cross helps people. Everywhere » (trad. « Ce n’est pas grand chose, désolé… Mais c’est pour la Croix-Rouge. La Croix-Rouge aide les gens. Partout »), glisse-t-il. L’homme part avec son histoire. Comme ce monsieur âgé encore, son caddie de courses à la main. « Je ne serais pas là sans la Croix-Rouge » lui dit-il. « C’est la Croix-Rouge qui m’a caché en Normandie, trois ans durant, de 1942 à 1945. »

Direction Lille

Posté sur la place du Théâtre de la capitale des Flandres, Ismaël Berkoun, président de l’unité locale de Lille, a en tête les mêmes histoires. « Comme celle de cet homme sans-abri venu nous apporter, un soir de quête, la moitié de ce qu’il avait mendié ce jour-là », se souvient-il. « D’habitude, c’est vous qui m’aidez. Aujourd’hui, c’est à mon tour de faire ça pour vous », leur avait-il déclaré. Ou de ce quadragénaire rencontré le matin même. « Vous avez sauvé la vie de mon père », avoue-t-il, reconnaissant, aux quêteurs.

Même soleil de plomb qu’à Paris, même atmosphère festive et fébrile - la quête a, dans le Nord, des enjeux tout aussi cruciaux et des besoins essentiels, « notamment pour assurer la pérennité des deux dernières actions dans lesquelles on vient de se lancer », tranche Karima, qui s’est engagée il y a deux ans, dans le sillage d’une copine. Elle qui travaille aujourd’hui à temps plein à l’hôpital, a couru place du Théâtre, pour venir, comme Adriana et le président, « faire sa part », avec son binôme du jour, son fils, Samy… 11 ans. « Je suis le plus jeune bénévole de l’unité ! », clame le garçon, haut comme trois pommes et fier de participer à cette journée.

Place du Théâtre, le « village Croix-Rouge » lillois ne désemplit pas. Au stand « actions sociales », les portants de vêtements solidaires ont été dévalisés et ont dû être réapprovisionnés. « En plus, ces vêtements racontent une histoire. On peut laisser, sur l’étiquette, un mot racontant ce qu’ils ont vécu à celui ou celle qui les portera », s’exclame une jeune fille, demandant aussitôt où déposer ce qu’elle ne met plus. Le jeu de quilles permettant aux enfants d’appréhender ce qui se vit lors d’un parcours d’exil fait le plein. Le stand d’initiation aux gestes de premiers secours fait également un carton. Et pendant ce temps… les tirelires se remplissent.

Les bénévoles ont emboîté le pas du cortège officiel, emmené par Philippe Da Costa et Adriana Karembeu, partis quêter en direction de la Grand Place.

Ce samedi, c’est Virginia qui a remporté le trophée de la meilleure quête à Lille. Le montant ? On ne vous le donnera pas aujourd’hui ! Car il reste encore plusieurs jours pour tenter de battre son record !

Texte : Elma Haro / Photos : Christophe Hargoues

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