« La reconstruction de Saint-Martin doit se penser de façon globale, en prenant en compte la situation des personnes les plus fragiles, dans une optique commune de réduction des risques sanitaires et sociaux », Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française.

Reconstruire prend du temps. Six mois après l’ouragan Irma de catégorie 5 (le plus puissant jamais enregistré dans la zone) qui s’est abattu sur les Antilles, les actions d’accompagnement des populations se poursuivent et restent une nécessité. La Croix-Rouge française, fortement mobilisée durant la phase d’urgence, rappelle aujourd’hui l’importance d’un soutien sur le long terme, dans ce contexte de forte exposition aux catastrophes climatiques. Ces crises démontrent, une fois de plus la nécessité de renforcer la préparation des acteurs locaux et de la population, de développer des dispositifs de réponse à l’urgence et des programmes de réduction des risques de catastrophe.  Autre enjeu majeur : accompagner, dans la durée, les personnes en situation de grande précarité ainsi que les personnes âgées isolées et dépendantes nécessitant une attention toute particulière

Pour répondre aux objectifs de préparation aux catastrophes et de reconstruction de Saint-Martin, ravagé par l’ouragan Irma début septembre, la Croix-Rouge française déploie depuis plusieurs mois maintenant des projets de post-urgence :

Le projet Castor consiste à apporter une aide aux habitants pour reconstruire leurs maisons endommagées. La Croix-Rouge française distribue aux familles concernées des coupons d’achat qui permettent d’acquérir les matériaux de base dans 7 magasins partenaires de l’île de Saint-Martin. A ce jour, 310 familles en ont déjà bénéficié. Ce sont des jeunes en Service Civique qui assurent les distributions de coupons. Ils vont à la rencontre des populations pour évaluer l’état des habitations. Une hotline a également été mise en place afin de permettre aux personnes de signaler des besoins matériels urgents.

« On ne se contente pas de distribuer des coupons. Toutes ces actions créent une grande proximité avec la population qui reste extrêmement bienveillante et reconnaissante à l’égard de la Croix-Rouge française. » Benjamin Paget, coordinateur des actions de post-urgence à la Croix-Rouge française.

Le projet écureuil répond quant à lui aux besoins financiers des plus vulnérables, identifiés au préalable par les équipes de la Croix-Rouge. Cette action repose elle aussi sur le principe de distributions de coupons permettant d’acheter des biens de première nécessité. 

Des projets de prévention et de sensibilisation auprès des jeunes générations sur les risques majeurs de catastrophes se concrétisent. Mis en œuvre dans un premier temps sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ce programme créé par la Croix-Rouge française doit par la suite être étendu à l’ensemble de la zone Antilles.

L’une des priorités de la Croix-Rouge française est de renforcer le pré-positionnement de stocks sur Saint-Martin, afin de limiter les contraintes d’acheminement de matériel sur l’île en cas de nouvelle catastrophe et, de ce fait, de répondre plus rapidement et efficacement aux besoins des populations. 

Accompagner les personnes les plus vulnérables

Aux actions de post-urgence s’ajoutent les activités des équipes locales de la Croix-Rouge française. Fortement impactées par l’ouragan Irma, elles ont repris progressivement leurs actions sanitaires et sociales traditionnelles : maraudes - diurnes et nocturnes -, bus santé pour tous, équipes mobiles d’intervention sociale (EMIS), etc. qui interviennent au quotidien auprès des populations précaires.Lors de son déplacement à Saint-Martin, en novembre dernier, le Président de la Croix-Rouge française, Jean-Jacques Eledjam, a signé un protocole d’accord avec l’association Les Liaisons Dangereuses pour renforcer les activités médicales, médico-sociales et sanitaires déjà insuffisantes avant le passage d’Irma. Un manque auquel les programmes de reconstruction doivent répondre. Un avenant visant à reconduire le dispositif sera d’ailleurs signé par le directeur général de la Croix-Rouge française, Jean-Christophe Combe, lors de son déplacement aux Antilles du 18 au 22 mars prochain. Aujourd’hui, l’équipe mobile d’intervention sociale et le « Bus Santé pour Tous » sillonnent l’île pour aller à la rencontre des publics isolés afin de recréer du lien social, d’orienter, de dépister la population locale. « Nous devons nous adapter aux situations nouvelles. Le soutien médico-psychologique est essentiel. Les patients ont toujours besoin de parler d’Irma ;  ils redoutent la prochaine saison cyclonique. Nous avons donc un rôle à jouer au niveau sanitaire et social. Il faut continuer à faire du dépistage, c’est important,  à orienter les personnes vers une prise de rendez-vous. » Zalissa Niset, responsable du dispositif « Bus santé pour tous » et Samu social à la Croix-Rouge française de Saint-Martin. Par ailleurs, un Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) mobile est en cours d’étude, afin de prendre en charge les personnes souffrant d’addictions, avec le soutien de l’ARS.

Un Dispositif mobile d’Ecoute et de Soutien à la Parentalité est actuellement à l’étude, en complémentarité de l’Espace Santé Jeunes et d’un Espace Bébé Parents mobile. Il est destiné à informer, accueillir, écouter les parents en difficulté dans les quartiers sensibles afin de les accompagner et les orienter vers les structures relais.

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