Rapport résilience 2025, notre santé menacée : comment la proximité peut tout changer
Publié le 8 avril 2025

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La santé, première préoccupation des Français
Au fil des années et des crises, la santé est devenue le sujet de préoccupation principal des citoyens, devant la situation économique et le pouvoir d’achat (1). Pourtant certains indicateurs sont plutôt encourageants avec une espérance de vie qui s’allonge, une meilleure couverture vaccinale chez les plus jeunes, une baisse de certaines conduites addictives, une meilleure connaissance des gestes et comportements qui sauvent (2)…
Mais cinq ans après la crise sanitaire, notre système de santé est clairement aussi menacé par de nombreux défis : vieillissement de la population, désertification médicale, impacts du changement climatique, apparition d’épidémies mettant le système de santé sous tension, multiplication des crises affectant la santé mentale, saturation des urgences, augmentation des maladies chroniques, augmentation du nombre de postes de soignants vacants…
Autant de paramètres qui fragilisent notre capacité à garantir un accès aux soins pour tous. Particulièrement aux plus vulnérables. Nous savons que dans les années à venir, les crises vont se multiplier, qu’elles soient sanitaire, sociale, climatique ou économique.
Les Français d’ailleurs s‘inquiètent : une large majorité d’entre eux estime que nous ne sommes pas prêts à affronter une nouvelle crise sanitaire d’ampleur.
L’État joue un rôle clé en définissant les grandes orientations, en assurant les financements, en posant les premières pierres des réformes nécessaires et en assurant le fonctionnement de l'hôpital public. Mais il ne peut pas tout faire.
Les associations : premier et dernier maillon de la chaîne de l'accès à la santé
A la Croix-Rouge française, nous en sommes convaincus : la clé, c'est la proximité.
Sur le terrain, les associations sont souvent le premier et le dernier maillon de la chaîne, celles qui prennent le temps du dialogue avec les populations vulnérables, qui œuvrent pour rendre effectif le droit d’accès aux soins et qui développent des actions de prévention adaptées. Elles forment également les citoyens pour qu’ils deviennent acteurs de leur propre santé, notamment en matière de santé mentale et de premiers secours. Enfin, elles veillent à ce que personne ne soit laissé de côté, même dans les situations d’isolement extrême.
Notre rapport met en lumière notre engagement et celui de nos partenaires pour répondre à ces enjeux. En misant sur la proximité, à travers des unités mobiles dans les déserts médicaux, la formation des citoyens aux gestes qui sauvent, la proposition d'un soutien psychologique systématique pendant et après les crises, une offre de soins et des actions de prévention ciblées, ou encore une médiation en santé renforcée, le secteur associatif joue un rôle déterminant pour compléter l’action publique et renforcer notre résilience collective. Car en temps de crise, qu’elle soit sanitaire, économique ou sociale, la proximité peut véritablement tout changer.

Nos 5 propositions
Depuis plus de 160 ans, la Croix-Rouge porte un engagement indéfectible en faveur du soin. “Partout son emblème incarne la santé et la protection des plus vulnérables. Inventer le métier d’infirmière, déployer le secourisme, former aux gestes et comportements qui sauvent : notre action a toujours été guidée par la nécessité d’apaiser les souffrances. Aujourd’hui encore nos secouristes, nos dispositifs d’aller-vers et nos professionnels du sanitaire, social et médico-social sont en première ligne.” Philippe Da Costa
En nous appuyant sur l’expérience de terrain de nos volontaires et les témoignages des personnes que nous accompagnons au quotidien, nous proposons cinq solutions concrètes pour améliorer et mieux préparer notre système de santé. Nous pensons que dans les années à venir, chacun devra jouer un rôle dans la Nous devons donc concentrer nos efforts sur la prise en charge de proximité et donner à chacun les moyens d’agir.
1/ Rendons le droit d'accès à la santé effectif et inconditionnel
En 2024, 1 personne sur 3 a renoncé à se faire soigner. Alors que le droit d'accès à la santé est régulièrement questionné dans le débat public, nous appelons à en faire un droit inconditionnel, sans discrimination fondée sur l'origine, le statut social ou les ressources. Il est essentiel de garantir cet accès à tous, en particulier aux populations les plus vulnérables, grâce par exemple à la multiplication des dispositifs d’« aller-vers » comme les unités mobiles de santé dans les déserts médicaux, la fusion de la protection universelle maladie (PUMA) et l'aide médicale d'État (AME) pour éviter les ruptures de droit, le recours à l’expertise des patients pour améliorer la qualité des soins et adapter au mieux la prise en charge aux besoins… La santé de chacun est un enjeu majeur pour garantir la résilience de l’ensemble de notre système de santé.
2/ Faisons de la santé mentale l'affaire de tous
Chaque année, près de 9 millions de personnes ont recours au système de santé pour un problème de santé mentale. La santé mentale est un enjeu majeur qui concerne chacun d’entre nous et détermine la résilience de notre société. Nous appelons à un véritable choc culturel fondé sur la lutte contre la stigmatisation, porté par des initiatives comme la grande cause nationale pour l'année 2025. Au quotidien, personne n'est à l'abri de connaître un épisode de vulnérabilité psychique plus ou moins intense. Dans ce cadre, savoir reconnaître les symptômes, chez soi et chez les autres, est essentiel pour favoriser une prise en charge rapide, adaptée et efficace.
3/ Renforçons notre système de santé en nous préparant aux crises
62% des Français considèrent que les hôpitaux publics français ne sont pas préparés à faire face à une nouvelle crise sanitaire aussi importante que celle du Covid-19. Cinq ans après cette pandémie, de nombreuses leçons ont été tirées pour renforcer la résilience de notre système de santé. La Croix-Rouge française a notamment mobilisé 8 000 bénévoles pour vacciner 20% de la population pendant le Covid-19. Forte de cette expérience, la Croix-Rouge française a conclu en 2025 une convention-cadre avec la Direction générale de la santé pour mieux sensibiliser les citoyens aux risques sanitaires et intégrer l'association à la préparation des plans sanitaires de l'État.
4/ Encourageons la contribution du secteur privé à but non lucratif au système de santé
Chaque année, en France, 10 % des infirmières et infirmiers sont formés par la Croix-Rouge française. Le secteur privé à but non lucratif, dont la Croix-Rouge française est un acteur clé, agit en faveur de la santé de tous les publics. Il se rend notamment au plus proche des personnes vulnérables et joue un rôle central pour assurer l'accès aux soins de tous. Devant les difficultés, notamment financières que notre secteur rencontre, nous demandons le respect des engagements financiers pris par les pouvoirs publics en faveur des salariés des établissements et services privés à but non lucratif, notamment en matière de revalorisation des salaires. Ainsi que le renforcement de l’attractivité des métiers du prendre soin par une convention collective unique dans le secteur sanitaire, médico-social et social.
5/ Permettons à chacun de devenir citoyen sauveteur
Avant la crise du Covid, seulement 40% de la population était formée aux gestes de premiers secours. Dans le même temps, le temps d'intervention des secours augmente. Pour garantir une réponse efficace face aux urgences, du quotidien ou en période de crise, il est indispensable que chacun puisse devenir un citoyen sauveteur afin d'être en mesure d'agir au plus vite et au plus proche des besoins de la population. Nous souhaitons que 80 % de la population soit formée aux gestes et aux comportements qui sauvent dès le plus jeune âge, à l'image de ce qui est proposé dans nos Options Croix-Rouge en milieu scolaire. Il faut également permettre l’utilisation du compte personnel de formation pour se former aux premiers secours. Nous portons cette proposition conjointement avec l'Ordre de Malte France, la Fédération des secouristes français Croix Blanche, l'UNASS et la FFSS.
“Car in fine une société qui prend soin des plus fragiles ne se contente pas de réparer ; elle se protège face aux crises à venir. “ Philippe Da Costa, Président de la Croix-Rouge française
Pour aller plus loin :
Télécharger notre fiche "7 réflexes qui peuvent tout changer" pour prendre soin de soi et des autres.

(1) IPSOS pour le CESE, octobre 2024
(2)Vous pouvez retrouver toutes ses données dans le rapport