Le Docteur Bernard Simon est responsable du bureau Santé à la Direction des relations et opérations internationales de la Croix-Rouge française. De retour d’Ukraine, il dresse un état des lieux de la situation sur le terrain et des besoins de la Croix-Rouge ukrainienne

Vous revenez d’Ukraine… dans quel cadre y êtes-vous allé ?

La délégation Croix-Rouge dont je faisais partie s’est rendue en Ukraine du 11 au 14 mars dernier, pour suivre l’évolution d’un programme de lutte contre la toxicomanie et d’aide aux personnes atteintes du VIH/SIDA que nous menons dans la région de Zaporizhzhya depuis 2006 avec les Croix-Rouge italienne et ukrainienne. L’Ukraine est le pays européen le plus touché par l’épidémie du VIH/SIDA (230 000 personnes vivent avec le virus) et l’utilisation de drogues injectables est longtemps resté le premier vecteur de transmission. Or les actions mises en œuvre pour aider les personnes atteintes sont très limitées, car le VIH reste un sujet tabou, facteur d’exclusion. Notre programme comprend des activités de prévention des risques mais aussi une prise en charge à domicile pour les patients les plus fragiles, avec des soins infirmiers et un soutien psychosocial assurés par des infirmières de la Croix-Rouge ukrainienne. Notre objectif pour les années à venir, serait de favoriser une prise en charge plus globale qui intègre aussi les hépatites et la tuberculose, devenue un problème de santé publique majeur en Ukraine depuis l’indépendance du pays en 1991.

Pouvez-vous décrire la situation sur place ?

Sur place, j’ai surtout été interpelé par la profonde inquiétude dont nous ont fait part la Croix-Rouge ukrainienne et les personnes rencontrées en lien avec nos programmes. La majorité a peur et redoute l’imminence d’un conflit armé. Ils sont très peu optimistes sur l’évolution de la situation.

Au vu de cette situation, quels sont les besoins de la Croix-Rouge ukrainienne ?

A l’heure actuelle, la Croix-Rouge ukrainienne doit être en mesure d’anticiper, c’est-à-dire malheureusement de se préparer au pire… Elle a besoin de former ses volontaires aux premiers secours, de leur fournir des équipements adaptés et notamment du matériel médical en quantité importante afin de pouvoir secourir, si nécessaire, un grand nombre de personnes.

Comment pouvons-nous l’aider ?

Les volontaires sur le terrain font preuve d’une grande motivation et nous pouvons les aider en leur apportant notre soutien financier pour les former et les équiper. La Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) coordonne déjà l’appui d’autres sociétés nationales sœurs en faveur de la Croix-Rouge ukrainienne et nous souhaitons apporter notre pierre à l’édifice. Il faut ici rappeler à quel point cette notion de solidarité est importante au sein de notre mouvement : la Croix-Rouge ukrainienne traverse une période très difficile et il est de notre devoir d’être à ses côtés. Tout ce que j’espère, c’est que le grand public saura saisir l’urgence de la situation et la détresse de toute une population pour nous permettre de lui venir en aide.

Propos recueillis par Marine Bouniol

À lire dans le même dossier