A l’entrée de Biliboy, petit village situé au Nord d’Ormoc, juste en face de l’église détruite et du centre de santé, gît la maison des époux Enopia. On a du mal à imaginer que cet amas de bois et de tôles était avant ce 8 novembre une maison de deux étages où Diosdada et Angelo ont vu grandir leurs 9 enfants.

« Je n’ai jamais vu de typhon d’une telle ampleur. Le dernier de ce type a eu lieu en 1937 mais j’étais une enfant, se souvient Diosdada. Lorsque Yolanda (Haiyan) est arrivée, le toit de notre maison a été emporté, nous nous sommes réfugiés au centre de santé pendant plusieurs heures. Quand nous sommes sortis, nous avons découvert notre maison ou du moins ce qu’il en reste. »

Au poids des années, s’ajoute celui de la catastrophe sur les épaules de ce frêle petit bout de femme, qui doit aujourd’hui repartir de zéro. C’est la première fois qu’ils perdent tout ce qu’ils ont. Et pourtant à 77 et 84 ans, Diosdada et Angelo ont connu leur lot de catastrophes, notamment les inondations de 1991 à Ormoc, qui a couté la vie à un de leurs fils comme à 8 000 autres personnes.

Les épaules voutées, Diosdada fraie difficilement son chemin jusqu’à sa « nouvelle maison ». Une petite cabane, qui servait avant le désastre aux époux à surveiller leurs champs de cocotiers et bananiers. Aujourd’hui, c’est ici que le couple a trouvé refuge et ramené les quelques souvenirs et mobilier qu’ils ont pu sauver. Boites et récipients en plastique, quelques vêtements, ustensiles de cuisine… Et puis la photo de leur mariage, il avait 21 ans, elle en avait 18.

Plus de cultures, plus de revenu...

« Nous sommes trop vieux pour endurer cela », sourit tristement Angelo. Le couple a aussi la charge de quatre de ses petits-enfants. Pour nourrir cette petite famille, Diosdada cuisine essentiellement des bananes et compte sur l’aide alimentaire que des associations et donateurs privés ont amené, seulement trois fois en deux semaines. Pour l’eau, c’est aussi compliqué. Les tuyaux d’approvisionnement qui alimentaient le village depuis la rivière ont été endommagés. Les gens doivent aller chercher l’eau à sa source à quelques kilomètres en contrebas. « Nous faisons  bouillir l’eau avant de la boire car elle n’est pas de bonne qualité. »

Les époux Enopia possédaient un champ de cocotiers et bananiers et quelques autres cultures (cacahuètes, patates douces…) mais tout a été décimé par Haiyan. Plus de revenus pour le couple, plus d’argent pour acheter quoi que ce soit. « Nous avons besoin de nourriture, d’argent, et d’une maison » répète Diosdada qui vit aujourd’hui dans un dénuement extrême.

Comme les Enopia, 200 familles à Biliboy, vont bénéficier de l’aide de la Croix-Rouge avec la distribution de nourriture et de produits de première nécessité.

Laetitia Martin

À lire dans le même dossier