Préalablement à la mise en place du CTE à Macenta, la Croix-Rouge française a soutenu la Croix-Rouge guinéenne dès le début de l’épidémie en avril dernier, Objectif : assurer des enterrements sécurisés, réduire les risques de propagation de la maladie, à travers des actions de sensibilisation des communautés, d’une part, des investigations et un suivi des cas contacts, d’autre part.

Hélène Malpot, infirmière, de retour de Macenta où elle a coordonné la mise en place du centre de traitement Ebola. Elle nous explique en quoi ces actions sont essentielles pour combattre l’épidémie. 

Pour enrayer l’épidémie, il faut changer les habitudes, les comportements, expliquer et convaincre. Des équipes se déplaceront dans les villages pour dépister les malades, les prendre en charge et les transférer au centre de traitement Ebola (CTE) de Macenta. Elles devront aussi prendre en charge les corps et promouvoir des pratiques adaptées dans les domaines de la vie courante. La sécurité des équipes dépend pour beaucoup de la compréhension de notre travail et de leur coopération. Un accent particulier est mis sur ce volet dans cette action.

Informer

Le CTE fait partie d’un dispositif global destiné à enrayer la propagation de la maladie, ou du moins à la contrôler. Ainsi, l’information, les actions de sensibilisation de la population, font partie intégrante de ce dispositif. Lorsqu’un malade est identifié et pris en charge dans le CTE, des visites sont organisées pour sa famille – ainsi qu’un suivi psychologique si nécessaire -, afin de leur faire comprendre comment se protéger de la maladie et protéger les autres. Nous leur expliquons que c’est une maladie grave, mais dont on peut guérir si les patients sont pris en charge au début des signes. Il est très important de le dire, avec des mots simples et avec sincérité, pour que les personnes prennent conscience des mesures de précaution à prendre et comprennent le sens de notre action. La population dans son ensemble nous témoigne bienveillance et reconnaissance. 

Accompagner le retour dans la société

L’information est également essentielle au moment de la sortie du CTE, lorsque le malade, guéri, doit rejoindre sa communauté. Nous le raccompagnons jusque chez lui, pour faciliter sa réinsertion au sein de la communauté, notamment pour couper court aux peurs qui subsisteraient sur d’éventuels risques de contamination. Nous remettons à l’ex-patient un certificat de guérison en guise de preuve médicale. Ces moments sont pour nous, soignants, des moments d’émotion intense. Nous qui avons accompagné le patient durant des jours - le temps moyen d’hospitalisation étant de deux semaines - dans la plus grande incertitude, en communiquant uniquement à travers une combinaison et des gants, ce qui génère beaucoup de frustration… 

Investigations et suivi des cas contact 

La Croix-Rouge française, participe au renforcement du système d’investigation et de suivi des cas contact en appui de l’OMS et du gouvernement guinéen. Une personne contaminée a été en relation avec des gens qu’il faut identifier, rechercher et informer. Une liste de contacts est alors éditée et durant 21 jours (période d’incubation), un agent de santé communautaire, encadré par un agent superviseur, vérifie chaque jour l’état de santé des personnes « contact ». Si les symptômes apparaissent, elles seront conduites au CTE. Tracer la chaîne épidémiologique est la clé de la réussite en quelque sorte. C’est ce contrôle de l’épidémie qui permettra à terme de l’éradiquer. 

Quels messages d’espoir ?

Le CTE emploie à ce jour -14 novembre 2014 – sept personnes qui ont guéri. La crèche attenante au CTE, compte également quatre employés qui sont d’anciens malades, en effet  ces personnes ne peuvent plus contracter la maladie ; elles témoignent par leur présence qu’une guérison est possible et redonne espoir aux malades. C’est pour nous une grande victoire sur la maladie. Il y a une volonté commune, entre humanitaires, institutions gouvernementales, population, malades, de sortir ensemble de cette situation de crise. Je trouve personnellement qu’il y a une belle intelligence collective dans ce combat contre le virus d’Ebola, beaucoup de bonnes énergies…

Géraldine Drot

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