Le dispositif est inédit. Près d’un mois après le début du conflit en Ukraine, 22 enfants atteints de cancer ont atterri en France, pour poursuivre leur traitement loin de la guerre et de ses hôpitaux dévastés. Une centaine de nos bénévoles ont répondu présent pour aider au rapatriement de ces familles. Retour sur l’opération “cigogne” avec Hervé Maget.

Sur le tarmac d’Orly, le 21 mars dernier, une centaine de bénévoles se sont rassemblés pour venir en aide à des enfants ayant fui l’Ukraine avec leur famille. 22 enfants au total, tous atteints de cancers.

Une opération ficelée en un week-end : “L'information est tombée le vendredi et l’action s'est déroulée le lundi, raconte Hervé Maget, responsable de l'opération cigogne, à la direction de l’urgence et des opérations de secours (DUOS). On a mobilisé les volontaires dès le samedi, et à 22h, le dimanche, on avait toutes nos équipes”.Le but ? Rapatrier ces enfants et leur famille depuis la Pologne - où ils étaient en transit - jusqu’aux hôpitaux français, pour assurer la continuité de leurs soins.

>Dispositif inédit“Nous avons été sollicités par l’Agence régionale de santé (ARS) et le ministère des Affaires étrangères pour organiser le rapatriement de 25 enfants via la Pologne. Sur les 25, 3 n’ont pas pu partir à cause de leur état, jugé trop faible par les médecins sur place”, détaille le directeur de l’opération, avant de rembobiner les faits.“3 personnes de la Croix-Rouge française ont fait le voyage en avion depuis la Pologne - elles sont parties le matin pour un aller-retour dans la journée. En parallèle, il nous a été demandé de fournir une cinquantaine de véhicules (dont des ambulances) à Orly pour emmener ensuite les familles vers des hôpitaux de la région parisienne et de la province”.C’est ainsi que 4 colonnes d'une douzaine de véhicules ont démarré depuis notre campus jusqu’à l’aéroport parisien. Un convoi d’ampleur qui témoigne de toute la singularité du dispositif : “Cela nous est déjà arrivé de faire du rapatriement, notamment de personnes malades, mais c’est la première fois que nous avons des hospitalisations en province et surtout autant de personnes à rapatrier, rappelle Hervé Maget. Ce sont des familles dont on ne connaissait même pas la composition”.Organiser les soinsParmi les enfants, une dizaine est restée en région parisienne quand une quinzaine a rejoint la province. “Pour ces derniers, on a pris la décision de les faire dormir à proximité de l’aéroport le lundi soir pour qu’ils se reposent, et de les conduire le lendemain vers leur hôpital”. Si les admissions dans des hôpitaux dispatchés interrogent, c’est parce que certains critères se devaient d’être cochés. En effet, concernant les soins longs, et notamment les maladies infantiles, les familles logent dans des maisons dédiées ou dans des hôtels, à proximité du lieu de prise en charge de leur enfant. “Cela a joué dans le choix des hôpitaux : il fallait de la place dans la spécialité et la place dans la maison des familles”, confirme le directeur de l’opération. Une gestion des places disponibles orchestrée par l’ARS et communiquée ensuite à la Croix-Rouge.L'emblème qui protègeOutre son ampleur, ce qui ressort de l’opération, c’est l’importance de l’emblème dans des situations d’urgence, de surcroît à l’international. “La Croix-Rouge est connue aussi bien en Ukraine qu'en France. L'emblème protecteur est le même pour elles, car nous sommes identifiés pour ces personnes, souligne Hervé Maget. Ces familles sont déplacées avec leur enfant malade, il y a la guerre chez elles… Voir des gens portant un emblème qui est reconnu les rassure”. Si la Croix-Rouge procure un sentiment de protection, elle rend aussi fiers ses volontaires. Hervé Maget l’atteste : “Ce qui a été marquant, c'est la fierté des bénévoles d'avoir pu faire cette mission”.

Julia Kadri

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