C’est dans un contexte géopolitique très incertain que notre président, Philippe Da Costa, s’est rendu en Ukraine du 25 au 28 février dernier. Aux côtés du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, nous venons en aide aux populations affectées par le conflit. Interview.

Pourquoi teniez-vous à vous rendre en Ukraine ?

Je souhaitais rencontrer nos homologues et partenaires sur le terrain pour faire un point d’étape de notre coopération. Ce conflit a généré des besoins humanitaires immenses et nous a fait basculer dans une autre réalité. Nous assistons à une accélération de l’Histoire et les derniers rebondissements ne seront pas sans conséquences sur l’Europe et sur nous, Croix-Rouge. Ce conflit nous concerne tous.

Quelle Croix-Rouge ukrainienne avez-vous rencontrée ?

J’ai rencontré des équipes très dynamiques et résilientes. La Croix-Rouge ukrainienne a changé de dimension, elle s’est beaucoup développée et modernisée en 3 ans. Elle a déployé de nombreux projets, diversifié ses activités, recruté de nombreux volontaires. Des tonnes de produits d’hygiène, de couvertures, de produits de première nécessité ont été distribuées, grâce à notre soutien notamment. 

Je tiens d’ailleurs à souligner que l’appui de la Croix-Rouge française est très apprécié et la collaboration avec notre délégation française sur place, excellente.

Quels projets menons-nous justement ?

Une dizaine de projets sont en cours. Nous sommes particulièrement engagés dans les domaines des premiers secours et de la santé qui sont nos grands domaines d’expertise. La poursuite des formations aux gestes qui sauvent reste prioritaire, notamment à destination des personnes impactées par la guerre – blessés, personnes amputées, malvoyants et non-voyants. C’est tout simplement vital dans ce contexte. Des formations au droit international humanitaire focalisées sur les violences sexuelles en temps de guerre sont également menées à destination de professionnels. 

Deuxième projet phare, l’ouverture au printemps prochain d’une école d’infirmières pour renforcer les soins d’urgence et le suivi des blessés. Cette école est amenée à devenir un centre de référence en matière de formation paramédicale.

Nous avons par ailleurs cofinancé un projet « santé mentale et soutien psychosocial » avec la Croix-Rouge danoise. C’est un programme auquel je suis attaché tant les impacts psychologiques de la guerre se font et se feront sentir longtemps.

Les besoins vont continuer d’augmenter, et donc il sera important pour nous d’inscrire notre soutien aux populations dans la durée.

Quelles sont les perspectives pour la Croix-Rouge ukrainienne et au sein de notre Mouvement, dans un contexte international plus qu’incertain ?

L’enjeu premier pour notre Mouvement est d’assurer la continuité de nos missions et d’accéder aux populations qui en ont besoin.

Sur le terrain, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’emploient à former, soigner et veiller à la santé globale des populations.

En vertu du mandat que lui confèrent les Conventions de Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) œuvre quant à lui à protéger les victimes du conflit et leur fournir une assistance humanitaire essentielle. La question de l’accès aux espaces humanitaires est donc vitale pour nous. 

Par-dessus tout, il s’agit de rappeler aux belligérants leurs obligations en matière de droit international humanitaire, de veiller au rétablissement des liens familiaux, et de défendre et promouvoir nos principes: l’impartialité, la neutralité, et l’humanité. 

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