Natalia œuvre depuis 25 ans pour la Croix-Rouge ukrainienne.

Nous sommes dans un local au pied d’un immeuble sans charme, à la périphérie de Lviv. Au rez-de-chaussée, un local abrite l’un des centres de la Croix-Rouge ukrainienne. Natalia, la petite soixantaine, devrait couler une retraite paisible mais il n’en est rien. Natalia travaille depuis 1998 pour la Croix-Rouge.

Son mari est un ancien pompier à la retraite. Quand on lui demande si, du haut de ses vingt-cinq ans d’expérience, elle était prête à affronter une crise pareille, les larmes lui montent immédiatement aux yeux : « Non. Absolument pas, personne n’était prêt à ça. On n’aurait jamais pu imaginer cette guerre, cette catastrophe et au-delà, qu’elle puisse frapper jusqu’à cette ville située si loin de la frontière russe. »

Elle dit que le plus dur, les premiers jours, durant l’hiver dernier, fut d’aller à la rencontre des réfugiés qui arrivaient à la gare. « Les gens nous prenaient dans leurs bras, certains faisaient des crises d’épilepsie, c’était terrible. » Heureusement, elle a été réconfortée par l’afflux de volontaires venus l’aider. Aujourd’hui, une petite armée d’une vingtaine de personnes travaille avec elle. Elle raconte cette femme qui pleure, son fils est resté au front. Les veuves, les enfants « qui ne vont pas bien du tout, les adolescents qui s’automutilent, les petits qui se remettent à faire pipi au lit. » Elle est épuisée, son mari aussi. Elle essuie encore ses larmes.

Certaines journées, elle reçoit près de 300 nouvelles personnes. Dans une pièce, une jeune femme est justement interrogée pour qu’on prenne en compte son identité, d’où elle vient, sa situation familiale, connaître ses besoins. Dans la pièce d’à-côté, Natalia ira récupérer un des sacs de la Croix-Rouge française, qu’elle va remettre à la jeune femme. Ils sont entreposés dans les cartons, prêts à être distribués.

« Ils sont très bien faits, avec tout ce qu’il faut dans un premier temps. C’est une très bonne idée d’avoir pensé à des sacs à dos, les parents nous disent que c’est facile pour aller dans les abris. Les enfants les emmènent à l’école et peuvent facilement courir avec si besoin. Votre aide nous est vraiment très précieuse. » Dans la même pièce, Natalia entrepose des paquets de couches pour bébés, des protections menstruelles, de la nourriture… « Mais maintenant que l’hiver est là, il nous faut des habits chauds, des chaussures, des manteaux, des couvertures, lance-t-elle. Les gens arrivent de tout le pays et les besoins sont immenses. »

Alexandre Duyck

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