En flux continu, et plus encore depuis le début de l’hiver, des dizaines de milliers d’Ukrainiens rejoignent la Roumanie. Ils sont aujourd’hui 107 000 à avoir obtenu un statut temporaire de protection. Ils arrivent démunis et souffrant de diverses pathologies ou traumatismes. C’est pour faire face à ces besoins importants en matière de santé que la Croix-Rouge roumaine a sollicité notre soutien. Notre équipe participe au développement de centres de santé et de dispositifs mobiles dans le pays. Trois questions à Arnaud de Coupigny, chef de la délégation de la Croix-Rouge française en Roumanie.

Pourquoi la Croix-Rouge française prête-t-elle main forte à la Croix-Rouge roumaine ?

Nos homologues roumains sont peu habitués aux missions humanitaires avec des réfugiés et les besoins sont spécifiques. Ils nous ont donc sollicités pour bénéficier de notre expertise, notamment en matière de santé et de logistique. Toutefois, avant d’intervenir, nous avons réalisé plusieurs missions d’évaluation en avril et mai 2022 afin de bien cerner les besoins humanitaires des ressortissants ukrainiens dans le pays. Parallèlement, nous avons eu de nombreux échanges avec la Croix-Rouge roumaine pour ajuster ensemble nos réponses à ces besoins. C’est ainsi que depuis août 2022, nous sommes venus renforcer le projet de Caravane santé.

Ce projet de Caravane santé n’est pas nouveau ?

Non, en effet, la Caravane santé est à l’origine un projet de la Croix-Rouge roumaine. Ce sont des unités médicales qui se déplacent dans les zones rurales pour dispenser des soins de santé primaire. Ce projet a été mis en place durant la pandémie de Covid-19 pour améliorer l’accès à la vaccination des communautés vulnérables ou isolées.

D’autres besoins, plus larges, sont alors apparus : des besoins de pédiatres, de dentistes, de cardiologues, d’ophtalmologistes, etc. Autrement dit, l’offre de spécialistes manquait cruellement. Le financement de la Caravane santé s’arrêtant en août 2022, nos homologues roumains nous ont alors contactés pour reprendre le dispositif et l’adapter aux besoins des ressortissants ukrainiens. En effet, ces derniers font face à des besoins importants en matière de santé, notamment de santé mentale et de maladies chroniques, comme le diabète. Les maladies infantiles (respiratoires, ORL, etc.) sont fréquentes également, il y a aussi du stress et, plus rarement, des cancers et problèmes orthopédiques. Cette population rencontre par ailleurs des difficultés pour accéder aux soins en raison de contraintes financières et de la barrière de la langue.

Que proposez-vous concrètement ?

En attendant l’arrivée au printemps de cinq camions financés par la Croix-Rouge française qui feront office de cliniques mobiles, nous avons ouvert un centre de santé fixe à Bucarest pour accueillir les patients ukrainiens. Des médecins et infirmiers roumains, appuyés par des traductrices et facilitatrices ukrainiennes de la Croix-Rouge, proposent des consultations en médecine générale, pédiatrie, stomatologie, optométrie, cardiologie, échographie, gynécologie… et fournissent des ordonnances pour pouvoir acheter des médicaments et accéder à des examens complémentaires si besoin. Nous avons, pour cela, établi des partenariats avec des fournisseurs de soins de santé locaux.

Ce dispositif rencontre un tel succès que nous allons l’étendre à cinq autres villes au cours des prochaines semaines. Nous allons également le compléter avec d’autres services : des activités psychosociales, des programmes de bien-être et de santé axés sur la gestion de la santé mentale et des maladies chroniques.

Le dispositif Caravane de santé en Roumanie #1

*Un accord général de partenariat a été signé à Bucarest en juillet 2022 par le président de la Croix-Rouge française, Philippe Da Costa, avec son homologue de la Croix-Rouge roumaine.

Géraldine Drot

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