Cyclone Garance : « On est prêts à affronter ce type de situation et à répondre aux urgences »
Publié le 7 mars 2025

Quel est le bilan du passage du cyclone Garance à l’heure où nous parlons (5 mars) ?
Georges Faubourg : Le bilan humain est important. Il y a eu cinq décès - nous ne connaissons pas précisément les circonstances de toutes ces disparitions – et six blessés. La totalité des habitants de l’île ont subi des coupures d'électricité durant quelques heures, parfois plusieurs jours. Il y a eu également des coupures d’eau qui ont affecté près de 60 000 foyers. Mais grâce aux actions menées par les services de secours, coordonnés par la Préfecture, aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre pour 90 % de la population.
Comment se prépare-t-on à ce type d’événement ?
Georges Faubourg : On a été mis au courant du passage du cyclone sur l’île de La Réunion quinze jours avant. C’est la PIROI, notre Plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien, experte de la gestion des risques de catastrophes, qui nous en a informés. Ce type de tempête étant courante dans la région, nous avons mis en place depuis longtemps un plan de contingence en lien avec la PIROI, qui coordonne les opérations, les salariés de la direction territoriale et nous-mêmes, les bénévoles. Ce plan nous permet d’établir en amont les rôles de chacun et, ainsi, de nous répartir les tâches le moment venu. Par ailleurs, nous avons accès facilement au matériel nécessaire pour les hébergements d’urgence ou les actions d’assainissement grâce aux stocks de la PIROI et à nos propres ressources, entreposées au siège social de notre association.
Malgré ces préparations, n’y-a-t-il pas toujours un effet de surprise face à la violence de ce type de tempête ?
G.F. : On peut être surpris par l’intensité du phénomène – le 28 février, le vent a soufflé jusqu’à 234 km/heure en rafale - ou par les lieux touchés, mais globalement, on est prêts à affronter ce type de situation et à répondre aux urgences. Nous savons par exemple que des mairies vont nous solliciter pour mettre en place des centres d’hébergement d’urgence ou des centres de vie. Nous savons également à quels endroits nous aurons à nous déployer. Concernant Garance, nous avons concentré nos actions à Saint-Denis, Saint-Paul et Saint-Benoît.
Quelles actions les bénévoles et les salariés de la Croix-Rouge ont-ils menées ces derniers jours ?
G.F. : Aujourd’hui, nos 50 bénévoles sont principalement mobilisés sur les centres d’hébergement d’urgence – un millier de personnes a dû être hébergé durant plusieurs jours – , les centres de vie et les opérations « coup de main, coup de cœur ». Ces actions sont menées exclusivement par les bénévoles qui aident les habitants à nettoyer leur maison. Les salariés (environ 400) sont intervenus notamment dans notre EHPAD inondé et un hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile qui a été impacté par une coulée de boue. Ils œuvrent aux côtés des CCAS, en appui des salariés de la direction territoriale pour distribuer plus 1500 colis alimentaires auprès des habitants. Quant à la PIROI, elle a, entre autres, mis à disposition 2 000 bâches – beaucoup de toitures ont été arrachées – et des lits picot pour le CHU. Cette aide logistique et matérielle à proximité, c’est très sécurisant pour les habitants.
Y-a-t-il une culture du risque plus forte à La Réunion ?
G.F. : Tous les ans, nous subissons des cyclones. Nous sommes en effet mieux préparés qu’ailleurs à les affronter. Les habitations sont relativement solides et les citoyens sont bien informés de ce qu’ils doivent faire en amont des tempêtes : stocker de la nourriture, de l’eau et des bougies, fermer leur maison, mettre à l’abri des inondations des papiers importants, etc. Toute l’année, avec la PIROI, nous sensibilisons la population à cette culture du risque. Et avec le programme « Paré pas paré », nous dispensons aux plus jeunes un enseignement ludique sur les risques naturels majeurs présents à La Réunion. Mais malgré cela, il y a toujours des personnes insuffisamment préparées ou imprudentes. Nos salariés sont aussi préparés, bien sûr. Ils sensibilisent les personnes accueillies dans nos structures à l’annonce de cyclones, ils sont en contact avec les familles. Ils font aussi le nécessaire pour que les personnes à la rue rejoignent les abris mis en place par les communes.
Est-ce qu’à chaque catastrophe naturelle, on tire des leçons pour les suivantes ?
G.F. : Il y a toujours un enseignement à tirer de chaque expérience. On s’est par exemple rendu compte à l’occasion du passage de Garance qu’il nous manquait des groupes électrogènes. À chaque cyclone, on s’améliore !