Depuis près de deux semaines, les habitants du Pas-de-Calais subissent des intempéries exceptionnelles et ne voient pas le bout du tunnel. Le niveau de l’eau ne baisse pas. Un nouveau risque de crues est même redouté. Malgré ces prévisions, la mobilisation est intacte. En témoigne Fabienne Berquier, la présidente territoriale de la Croix-Rouge du Pas-de-Calais.

Fabienne Berquier, vous êtes tous les jours sur le terrain. Comment les habitants font-ils face à une situation qui perdure ?

C’est assez désespérant, en effet, car les prévisions ne sont pas optimistes pour les jours qui viennent. Beaucoup d’habitants sont épuisés, à bout de nerfs et inquiets. Tous voudraient pouvoir rejoindre leur domicile mais c’est absolument impossible pour le moment. A Montreuil-sur-Mer, par exemple, il y a toujours 1,60 mètre d’eau dans les caves et les habitations. Il n’y a pas d’électricité ni de chauffage. Une partie de la population se trouve donc toujours dans nos trois centres d’hébergement d’urgence, tandis qu’une autre partie a pu être relogée sur d’autres sites ou accueillie chez des particuliers. La solidarité entre les communes est grande. Cependant, c’est très dur psychologiquement. Les gens n’ont pas seulement perdu des biens matériels, c’est tout une vie qui s’en va, des souvenirs… On s’attend à ce que des maisons s’écroulent car les fondations ne tiennent plus, les sols sont trop imprégnés d’eau. Il va falloir trouver des solutions de relogement très vite pour les sinistrés.

Une cinquantaine de volontaires sont sur le terrain chaque jour. Que font-ils et comment tiennent-ils eux aussi ?

Ils ont une énergie extraordinaire ! Certains sont venus de loin - de Savoie, de Nantes, de Colmar, du Doubs… - pour apporter leur soutien à nos équipes. Les secouristes se mêlent aux bénévoles de l’action sociale, tout le monde s’y met avec beaucoup d’entrain. Nous avons une force incroyable à la Croix-Rouge ! Nos volontaires nettoient les rues et les maisons, ils sortent les meubles des habitations, ils réconfortent les personnes, occupent les enfants dans les CHU… Ils font du mieux qu’ils peuvent et ils se soutiennent moralement aussi. Nous avons fait appel à des référents en soutien psychologique pour les habitants et aussi pour nos volontaires. Car il y a parfois de quoi se décourager, quand vous nettoyez une rue et que le lendemain tout est à refaire. J’ai très vite su que nous n’arriverions pas à faire face seuls à une catastrophe de cette ampleur. Grâce au centre opérationnel national, nous avons bénéficié de renforts importants et d’un soutien essentiel en termes de logistique et d’organisation. C’est ce qui nous a permis d’être efficaces très vite et d’être mobilisés 24 heures sur 24.

Comment envisagez-vous la suite ?

C’est difficile de se projeter pour le moment. Ce sera long, c’est certain. Et le plus dur reste à faire. Dès que l’eau sera partie, nous allons devoir intensifier les opérations de nettoyage des maisons. Il nous faudra alors de nouveaux renforts. Le principal enjeu va être de reloger les habitants de façon durable. Près de 200 communes du Pas-de-Calais ont été reconnues en état de catastrophe naturelle. C’est énorme. J’envisage de mettre en place des maraudes, des actions dans nos unités locales pour les fêtes de fin d’année, des « cafés réconfort »… Nous allons rester auprès des sinistrés le temps qu’il faudra, pour leur apporter tout le soutien dont ils ont besoin. 

Crédit photo Marie Magnin

Vous pourriez être intéressé par