Petits-déjeuners solidaires
Publié le 26 avril 2010
Centres d’accueil de l’Armée du Salut, association Aurore, Maison des parents de la Croix-Rouge à l’hôpital Saint-Vincent de Paul, Samu social, marchés, quartiers populaires, etc. Objectif pour les jeunes : aller au-devant de publics très différents, partager un moment convivial, échanger, interpeller, mais aussi donner de la visibilité à nos actions de solidarité. Reportage de Maximilien Meurs dans le 1er arrondissement de Paris.
Des tables et des chaises ont été dressées au petit matin devant l’église Saint-Eustache. L’odeur du café chaud envahit le secteur. Un groupe de vingt-cinq jeunes de la Croix-Rouge française guette les premiers passants, les habitants du quartier et, surtout, les personnes sans domicile fixe qui gravitent dans le secteur. L’opération a été soigneusement préparée par les référents régionaux de la jeunesse et les chefs d’équipe. « Le but de cette opération est de vivre un temps de solidarité basé sur la gratuité, la rencontre et la convivialité », explique Rémy, de la délégation de Villeurbanne (Rhône-Alpes).
Le plus difficile a été de convaincre les cafetiers d’accepter de nous raccorder à leur réseau d’eau et d’électricité ! Ça nous apprend à créer du contact et à gérer des situations avec ce qu’on a sur le terrain ». Dès les 9 coups de cloche de l’église, les tables commencent à s’animer.
Gégé vit dans la rue depuis 32 ans. Il arrive timidement, tournant autour de la tente Croix-Rouge. Amélie, jeune bénévole, l’a aperçu. Une croix rouge dessinée sur la joue, elle va à sa rencontre. Il accepte volontiers une collation et prend petit à petit ses aises. « Qui a gagné hier soir, Bordeaux ou Lorient ? », demande-t-il. Heureusement, les garçons viennent à la rescousse d’Amélie. Le contact est établi d’emblée. Gégé passera la matinée avec l’équipe. Il alpague lui-même certains passants pour qu’ils se joignent au joyeux rassemblement. Assis sur un banc à coté de lui, un retraité fait une démonstration de cocottes, chemises et autres origami qu’il créée à partir de tickets de métro.
Autour des tables, les jeunes bénévoles assurent une animation continue. Un stand a été installé où les enfants sont invités à venir se faire maquiller aux couleurs de la Croix-Rouge. Un peu plus loin, d’autres jeunes proposent des câlins gratuits aux passants. Sur fond de chants et de musique, des murs d’expression sont improvisés rassemblant par écrit quelques coups de cœur des invités. « Merci aux bénévoles qui m’ont laissé m’exprimer librement avec beaucoup de tolérance et de compréhension, ce qui est rare et précieux de nos jours", a inscrit un certain Laurent. À côté, sur une grande fresque, bénévoles et convives disposent l’empreinte de leur pied ou de leur main, suivant une composition qui s’impose d’elle-même. Ils marquent ensemble leur passage.
A n’en pas douter, ce dimanche matin n’était pas comme les autres. Pour certains, cela aura permis de faire tomber certains préjugés, pour d’autres, de sortir de la grisaille de la rue et de rencontrer des personnes différentes. Pour les jeunes bénévoles, ceux en particulier qui n’avaient jamais effectué de maraude ni côtoyé des personnes à la rue, ce petit-déjeuner solidaire sera peut-être le démarrage d’un engagement plus fort encore dans l’association.