Jusqu'où les personnes "concernées" peuvent-elles vraiment s'impliquer ? A l'occasion de la cinquième édition du Campus des solutions, le 14 novembre 2023, experts institutionnels et de terrain se sont réunis au Campus de la Croix-Rouge française pour apporter leur éclairage à cette question.

En présence du président de la Croix-Rouge française, Philippe Da Costa, les présidents Jérémie Boroy (Conseil national consultatif des personnes handicapées), Marie-Aleth Grard (ATD Quart Monde), Arthur Moraglia (Démocratie ouverte), Marc Papinutti (Commission nationale du débat public) et Pascale Ribes (APF France handicap) nous ont partagé leur diagnostic sur la participation des populations dans notre société. Mustapha Sallali, coordinateur national de projets EPoP de la Croix-Rouge française et Carole Le Floch, conseillère technique à l'IRTS Île-de-France, nous ont également partagé l'importance de prendre en considération l'expérience du vécu.

Impliquer les personnes concernées pour permettre à chacun d'avoir droit de cité

"Le savoir expérientiel, c’est s’appuyer sur son expérience, ses réussites, mais aussi ses difficultés". C'est par ce témoignage que Mustapha Sallali a ouvert cette soirée dédiée à la participation des personnes concernées. Car tout individu, par son vécu, est porteur d'une expertise qu'il faut savoir écouter et prendre en compte. Marie-Aleth Grard l'a réaffirmé en début de conférence : "Tout homme porte en lui une valeur fondamentale inaliénable qui fait sa dignité d’homme".

Ainsi selon Marc Papinutti, il nous faut collectivement favoriser la participation en allant au plus près des publics les plus éloignés grâce à "l'information pour permettre de se forger un avis éclairé ; la capacité à comprendre l'information, à pouvoir proposer des idées et être entendu ; la prise en compte de cette expression par les maîtres d'ouvrages". Arthur Moraglia l'a observé chez Démocratie Ouverte : "l'absence de lien entre l'implication des citoyens et la prise de décision politique [...] entraîne le rejet d'alternatives démocratiques intéressantes". Prendre en compte cette parole, c'est une question de "droits humains" pour Pascale Ribes qui appelle à "développer des espaces de participation et des environnements capacitants".

Carole Le Floch a complété dans le même sens, notamment en proposant une "reconnaissance législative de la participation [...] pour pouvoir entrer dans le compte personnel de formation et le compte d’engagement citoyen".

5 bonnes pratiques pour mieux impliquer les personnes concernées

De ces riches échanges sont ressorties 5 bonnes pratiques pour réussir la participation des citoyens :

  1. Reconnaître le savoir des personnes concernées

  2. Associer les personnes concernées en leur laissant le temps de s’exprimer

  3. Développer “l’aller vers” les personnes pour permettre la participation des personnes les plus éloignées

  4. Multiplier et diversifier les formes de participation

  5. Donner des outils aux personnes concernées et aux professionnels pour travailler ensemble

La participation à la Croix-Rouge française

Auxiliaire des pouvoirs publics dans le domaine humanitaire et reconnue d'utilité publique, notre association porte un projet de mobilisation citoyenne au service des plus vulnérables et du retour à l'autonomie des personnes qu'elle accompagne. Chacun doit pouvoir contribuer au projet associatif de l'institution en tant que membre à part entière de cette communauté d'entraide. Comme le précise le président Philippe Da Costa : "Permettre à quelqu’un de participer, c’est lui permettre d’exercer pleinement sa citoyenneté. Nous devons faire de cette vision une boussole partagée pour favoriser la participation des publics dans notre société."

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