Événements climatiques extrêmes : sommes-nous prêts à l’inévitable ? 10 propositions pour renforcer notre anticipation collective et notre préparation individuelle aux effets du changement climatique
25 avril 2024
L’exposition des Français aux risques climatiques augmente plus vite que leur niveau de préparation qui reste bien trop faible
La majorité des Français n’est pas préparée aux événements climatiques extrêmes : 41% estiment l’être face aux canicules, et moins d’un quart le sont face aux inondations, aux tempêtes et aux cyclones, des phénomènes en nette augmentation en métropole comme en Outre-mer. Dans le même temps, le sentiment d’exposition croît rapidement : 44% estiment déjà subir les conséquences du changement climatique (vs. 27% en 2015), et le nombre de Français citant la dégradation de l’environnement comme source de préoccupation majeure a plus que doublé entre 1991 et 2023 (25% vs. 12%, selon les études du Crédoc sur les préoccupations des Français).
Au-delà de ces éléments de perception, le rapport 2024 de la Croix-Rouge française « Evénements climatiques extrêmes : sommes-nous prêts à l’inévitable ? » confirme que les Français sont de plus en plus exposés, dans un contexte où l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement.
> 50 millions de Français exposés aux canicules en 2023 (42 jours de canicules vs. 2 jours/an en moyenne avant 1989). Les épisodes de canicule constituent la menace la plus importante pour la population et touchent de façon disproportionnée les publics vulnérables (personnes âgées, isolées ou vivant dans la précarité, notamment les 3 millions de mal logés, les 330.000 sans-abris dont 30.000 enfants)
> Seulement 40% des Français sont formés gestes et comportements qui sauvent, un taux en augmentation mais qui reste l’un des plus faibles d’Europe
> Seuls 10% des Français ont le réflexe de préparer un sac d’urgence.
> Dans le cas d’un événement climatique extrême imminent, seuls 37% des Français ont le bon réflexe en se mettant en sécurité et en écoutant les informations.
Pour autant :
> 2 Français sur 3 (44 millions de personnes) exposés au risque d’inondation et de mouvement de terrain
> 93 départements concernés par des restrictions d’eau et 75 classés en situation de « crise sécheresse » en 2023
> 35% des Français exposés aux risques de tempêtes et cyclones (+13 points depuis 2021)
> 17% des seniors ne disposent pas de téléphone portable, leur empêchant l’accès aux alertes en temps réel
> 1,4 million de personnes n’ont pas un accès décent à l’eau potable, alors que les canicules représentent le risque le plus important sur la santé
> Entre 20% et 50% des personnes exposées à une catastrophe naturelle ont un risque de développer des troubles psychologiques
« Ces chiffres doivent nous alerter car ils montrent que le sentiment de préparation augmente moins vite que l’exposition aux risques climatiques. Former et éduquer les citoyens doit donc être notre priorité, afin de mieux anticiper les crises et d’être prêts lorsqu’elles surviennent », analyse Philippe Da Costa, Président de la Croix-Rouge française.
10 recommandations à notre portée pour mieux faire face aux crises climatiques et améliorer notre résilience collective
Fort de ce travail inédit de compilation de données et d’analyse de l’état actuel d’exposition aux risques des Français, la Croix-Rouge française porte 10 propositions concrètes et rapidement déployables.
1. Former 80% de la population aux gestes et comportements qui sauvent, contre seulement 40% aujourd’hui
2. Améliorer le soutien psychologique pendant et après les crises (impact du changement climatique sur la santé mentale, stress post-traumatiques causé par les sinistres, bien-être psychologique des bénévoles…), qui suppose une montée en compétences des acteurs du soin en matière de santé mentale
3. Inciter TOUS les citoyens à adopter le réflexe du sac d’urgence (seulement 10% aujourd’hui)
4. Mieux connaître et repérer les personnes vulnérables pour mieux les protéger, en renforçant notamment les registres communaux permettant de les identifier rapidement et en réactivant les comités départementaux de veille sociale
5. Garantir la mise à l’abri, l’accès à l’eau et à l’hygiène de façon systématique, ce qui suppose une politique ambitieuse de lutte contre le sans-abrisme et de renforcer la capacité des collectivités à assurer l’accès à l’eau potable pour tous les citoyens. Il faut établir un plan «Grand chaud» avec des dispositifs protégeant les plus vulnérables pendant les canicules à l’instar du plan «Grand froid» mis en place en hiver.
6. Impliquer les Français à l’occasion de la journée de mobilisation nationale “Tous résilients face aux risques” du 13 octobre, qui fédérera tous les acteurs, permettra de tester différents scénarios de crises et d’expliquer les bons comportements à adopter
7. Renforcer la coopération entre acteurs de la chaîne du secours en désignant un chef de file national, dans l’objectif d’améliorer l’efficacité et la célérité des interventions d’urgence
8. Constituer un corps de volontaires formés aux urgences et mobilisables en cas de crise, ce qui appelle un cadre juridique incitatif à l’engagement et à la mise à disposition des bénévoles du secours par leur employeur (à l’image des sapeurs-pompiers volontaires)
9. Prévoir des stocks de matériels et plateformes logistiques prêts à être déployés dans toutes les régions, à l’image du travail de la Croix-Rouge et des autorités dans les Outre-Mer .
10. Favoriser l’engagement des Français à chaque étape de leur vie, avec une réelle reconnaissance de l’engagement associatif et citoyen par le système éducatif (ex: octroi de crédits universitaires) et le monde de l’entreprise (dons de RTT, mécénat, congés spécifiques pour les responsables d’association bénévoles…)
“La force de nos propositions réside dans leur caractère opérationnel et concret. Nombreuses d’entre elles sont simples, peu coûteuses, et peuvent avoir un impact considérable. . Nous lançons un appel aux citoyens pour qu'ils se préparent, s'engagent et deviennent acteur de la réponse aux crises. C’est le meilleur moyen pour y faire face. Rien n’est perdu et nous pouvons tous faire quelque chose ”, conclut Philippe Da Costa.
Les Français au rendez-vous des solidarités !
92% prennent des nouvelles de leurs proches en cas d’évènements climatiques extrêmes
7 Français sur 10 prêts à se mobiliser aux côtés des associations d’aide aux victimes
81% disposés à soutenir par un don matériel les associations d’aide aux sinistrés, et 58% par un don financier
73% sont volontaires pour aider au transport ou à l’hébergement des personnes sinistrées
Un quart des bénévoles de la Croix Rouge sont des jeunes (19.000 bénévoles de moins de 30 ans), catégorie de la population la plus sensible au changement climatique.
En savoir plus sur le rapport : Événements climatiques extrêmes
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Grâce à nos 75 000 bénévoles et nos 17 200 salariés partout en France, nous agissons à chaque étape des crises, qu’elles soient économiques, sanitaires, sociales, climatiques ou personnelles.
Nous aidons à les prévenir en formant et en préparant nos publics. Nous portons secours aux populations les plus impactées, avec un soutien psychologique, physique ou matériel. Et nous les aidons à s’en relever, avec des solutions d’insertion et de retour à l’emploi. Pour que chacun se sente utile, capable d’agir et de s’adapter.
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